Depuis de nombreuses années, j’ai le privilège de partager ma passion du vol avec ma compagne.
Depuis son premier vol “rando” (depuis le Mt Blanc du Tacul, ou elle effectuait son 15° vol !) nous avons pris l’habitude de parcourir les montagnes à pied avec un parapente sur le dos. 158 vols randos différents à ce jour.
Comme d’habitude notre semaine de vacances est consacrée au vol rando.
Mi-septembre 2020, une semaine anticyclonique se présente, c’est surement une des dernière, alors gaz sur le fond de la Maurienne.
Le projet du départ était le Guisalet (3312m avec un posé au fond de la vallée Italienne de Suza pour un “plouf de 2700 m de déniv), mais la Lombarde et la 'neubia' (brume tenace venant de l'Italie) ont contrecarré notre plan, fait ch... On se retourne les cartes et les applis et accessoirement le cerveau pour trouver un plan B et comme souvent, c'est sur le super site “Speed rando” qu'on trouve notre bonheur. Ce sera le col de l'Ouille du Midi (2700), vu que dame météo nous annonce de l'Est.
Nous allons poser notre camp-car à l'Ecot, magnifique hameau du fin fond de la Maurienne.
Le lendemain matin départ au petit jour en direction du refuge des Evettes. Les 3 degrés au départ nous rafraichissent bien. D'après les cartes une sente monte en Est au col, espérons qu’elles soient juste. Vu l'heure nous sommes seuls au monde, un privilège dont on ne se lasse pas. Seules quelques vaches nous regardent passer l'œil méfiant. L'arrivée sur le plateau glaciaire (enfin ce qu'il en reste) se fait en même temps que l'arrivée de l'astre solaire, qu’on rattrape, c'est divin. On avance , on fouine un moment et on finit par trouver la petite sente qui monte intelligemment entre les barres rocheuses, nickel. Parfois il faut mettre les mains, mais c'est toujours bien kairné. Une dernière traversée et nous débouchons au col.
Une petite brise thermique nous attend. Par contre les 10 d'Est annoncés ne sont pas là, tant mieux.
Le déco n'est pas folichon, un plan en herbe plat et une pente très raide pas accueillante en-dessous.
L'endroit ne plait pas trop à Mme, mais on n'a rien d'autre sous la main. Patricia n'est pas au mieux de sa forme, une fin de vilaine crève ou de COVID, allez savoir en ces temps troubles où le moindre nez qui coule vous fait passer pour un terroriste de la santé publique.
Bref après quelques essais infructueux dû à une peur du “trou”, elle finit par s'envoler.
Mon déco n'est pas meilleur, une suspente coincée dans la chaussure me fait passer cul par-dessus tête dans la pente. Ma voile bien sage m'attend, gonflée au-dessus de moi, OUF. Le temps de me dégager la suspente et de me remettre debout, je m'envole comme une fleur, (enfin presque) dré dans le pentu.
En vol c'est magnifique, tous les grands sommets du coin défilent à droite de la portière.
Je survole le refuge où les randonneurs m'interpellent. Quelques coucous de circonstance et je file.
Je cherche un peu quelques appuis sur la face au soleil, mais nada. Je profite du paysage et finis par rejoindre ma douce dans l'immense atterro de l'Ecot.
Le temps de plier au soleil en bavardant avec les randonneurs qui passent et c'est l'heure de l'apéro au camp. Encore une belle sortie au programme.
Bon “c’est pas tout, demain y z’annonce beau, on va pas gacher.”
De nouveau on fouine et on cherche un objectif pour le lendemain, Bingo, ce sera la pointe de la Foglietta .
J'étais déjà venu en solo sur ce sommet. Vu comme c'est beau et calme, je n'ai pas résisté à emmener ma douce dans ce beau coin.
Mais aujourd'hui ce n'est pas un coin calme. Il fait encore nuit que déjà de nombreux 4X4 défilent sur la route. On démarre cool en traversant le beau hameau du Monal.
Au-dessus soudain ça “canarde”, les balles sifflent au-dessus de nos têtes, on ne brille pas. Lorsqu'on rejoint la piste plusieurs 4X4 de chasseurs sont là, jumelles rivées aux yeux à scruter la montagne.
On se renseigne et le verdict tombe, “ y a des chasseurs partout, alors faites attention !” Ah bon c’est à nous de faire gaffe ?? Bon ben on n'espère pas se faire prendre pour des chamois.
On poursuit dans les gaz d'échappement des 4X4 qui nous doublent. Heureusement au-dessus du barrage on retrouve la quiétude des lieux.
On remonte jusqu’au beau petit lac du Clou et sa virgule d’herbe. On poursuit à vue dans les pentes bien raide. Le ciel se couvre d’une bande de cirrus, bloquant toute convection.
Vu que le haut n'est pas décollable on étale sur une belle butte en contrebas du sommet. Vu l'état du ciel, aucune brise ne remonte, va falloir courir sévère. Patricia décolle bien bas, je la suis de près. Il faut contourner l'arête, mais on dégueule un max. C'est juste au-dessus du barrage qu'on arrive à se jeter dans la vallée, ouf. Un peu plus on posait au milieu des chasseurs et leurs 4X4. La suite est une belle glissade jusqu'au-dessus du Chenal où on pose à contre-pente. Heureusement que le paysage a plu à Mme, car au niveau ambiance humaine c'était bien moyen.
Le temps de se ravitailler, et hop on se lance dans l’objectif du lendemain. Ce sera la pointe nord des Fours (2756) on monte se garer à la ville des glaciers sous la pluie.
Le méga orage d'hier a déposé une grosse quantité de grêlons sous le sommet de la Tête des Fours.
Nous étions venus faire ce sommet en juin, mais un vent dégeulant la montagne nous avait fait redescendre à pied.
Aujourd'hui les prévis semblent nickel léger Est. Départ au jour et nous remontons cette belle vallée seuls au monde.
Sous le col des Fours on trouve des grêlons très compacts soudés. Plus on monte plus la couche est importante. Au col c'est une vraie patinoire, difficile de tenir debout. On poursuit en préférant les rochers.
Le vent d'Est se lève de plus en plus. 50 mètres sous le sommet on trouve un petit col déneigé.
On s'installe ici... le temps de déplier et les voiles commencent à jouer la farandole dans le vent. Va pas falloir traîner.
Patricia a du mal à avancer avec la voile sur la tête au décollage. Elle sort comme un bouchon dés la sortie du déco. Pour ma part le temps de lever la voile et je m'envole avant d'être retourné complètement. Sport le déco.
En l'air c'est magnifique, on vole l'un à côté de l'autre. Le paysage est toujours aussi beau, l'Aiguille des Glaciers est somptueuse dans la lumière du matin, un vrai régal.
On pose chacun dans un pré à la Ville des Glaciers. Trop contents de ce beau vol.
Au retour on sera obligé de se fader les coureurs du Tour de France. Franchement toute cette débauche de fric nous laisse incrédules.
Jour 4, direction la pointe du Riondet
En juin nous avions voulu faire la pointe du Riondet depuis le barrage de St Guérin. On s'était rabattu sur le Grand Mont pour finalement décoller depuis le col de la Forclaz.
Aujourd'hui départ de l 'autre versant. On gare le camp trop bas, au pont de la Scie.
Le chemin est bien long et glissant pour se rapprocher de l'objectif. On se rend compte que la piste carrossable montait bien plus haut et que notre camp aurait pu franchir aisément ce bout de piste, tant pis, mais nous, qui étions partis plus tard car il n'y avait que 700 m, ben on a tout faux.
On remonte la fin de cette longue piste à grandes enjambées.
L'atterro au parking du haut ne nous plait pas guère. Ce n'est pas la contre pente qui nous gêne mais les nombreux blocs et les vaches qui paissent de partout.
On poursuit en remontant la sente qui mène au col de la Louze, il porte bien son nom aujourd'hui.
Pour rejoindre le sommet du Riondet, on se retrouve à remonter des pentes raides puis un ruisseau à sec et des ravines de schistes bien casse-gueule, décidément on n'est pas bons aujourd'hui.
Heureusement la fin sur les dômes herbeux jusqu'au sommet est de toute beauté
Au sommet, pétole de vent et un paysage toujours aussi majestueux. On étale 20 mètres sous le sommet où les grandes herbes sont plus éparses.
Vu la quasi absence de brise, un dos voile s'impose. Une belle impulsion et on s'évade de concert par les airs.
Patricia devant déchiffre les possibilités d'atterrissage, car le pré rempli de blocs et de vaches ne lui plaît pas. Du coup elle file au loin et on se pose ensemble à contre pente dans un champ plus loin.
On plie devant la porte d'une cabane-refuge nommée plan Bérard. Beau petit refuge ouvert, propre avec du bois, des matelas et des couvertures que la miss ne mettrait pas sur le dos quand même.
On referme la porte et on rejoint notre camp par la piste.
On termine notre semaine volante, on aurait bien poursuivi la semaine prochaine, mais dame météo en a décidé autrement. Mais bon ce qui est pris n'est plus à prendre.
les vidéos sont la si vous voulez
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