Le vent tourne à l’ouest en altitude et se maintient à des vitesses fréquentables. Je me creuse la tête pour trouver le sommet d’où nous irons décoller. J’en ai bien un en tête mais on va attendre un peu que ça regèle en altitude, peut-être le jour suivant ? Et puis, restons un peu dans le coin, histoire de faire la « grasse mat’ » et pas trop de voiture. Je réfléchis un bon moment mais tous les sommets qui me viennent à l’esprit sont orientés nord ou sud ou je les ai déjà faits. Et tout d’un coup, j’ai le déclic. Mais c’est bien sûr !!! La Belle Plinier ! J’ai tanné Jacques tout cet hiver et tout ce printemps : « on y va, on y va, on y va ! » mais ça l’a jamais fait. Valérie qui se laisse guider, valide le choix sans sourciller.
Je préviens Sylvain, le voisin bavard, qui est partant pour se joindre à nous. Départ à 6h de la maison, nous posons une voiture à « l’atterro » de Modane, ce fameux champ au bout de la ville. Je présente le coin à Valérie. Comme moi lors de notre sortie au Truc cet hiver, elle a voulu mettre une flamme à l’atterrissage. Sourire...
Nous montons jusqu’à Valfréjus puis vers le Mélezet en voiture et nous la parquons un peu plus loin. La cheminée d’aération du tunnel du Fréjus est bien visible et fait un peu tache dans ce beau paysage sauvage. Mais c’est quasiment le seul bout de béton visible dans le coin, il faut s’en accommoder.
J’ai bien regardé le topo la veille. Même si j’ai déjà fait cette randonnée en 2017, sans parapente mais avec la pluie, il va nous falloir un GPS. C’est une balade plus ou moins hors sentier dans un vallon sauvage. Comme Valou et Sylvain ont des supers téléphones avec les applications qui vont bien, je leur indique l’itinéraire et c’est parti, dré dans l’pentu !
Nous nous perdons un peu avant de trouver un semblant de sente qui mène aux chalets de la Combaz. Lors de mon passage en 2017, la zone était remplie de biquettes et par conséquent de patous, bergers d’Anatolie et un autre chien dont je ne connais pas la race mais dont la bouille n’était guère engageante. Heureusement la bergère était dans les parages et les chiens étaient plutôt curieux de nous voir que menaçants. Ce coup-ci, nous sommes seuls sur l’intégralité de la randonnée, pas âme qui vive à l’horizon et ce n’est pas plus mal ! Enfin, nous n’aurions pas dit non à une marmotte ou deux, un chamois ou encore un gypaète !
La suite du sentier nous fait traverser deux cours d’eau puis monter sur un versant schisteux avant d’atteindre un joli lac en forme de demi-lune. De là, c’est purement hors sentier que nous montons au mieux, par les crêtes jusqu’au passage du Grand Vallon où la vue s’ouvre sur le versant italien. Après contemplation, nous y déposons les sacs.
Il ne nous reste même pas 100m de dénivelé pour atteindre le sommet de la Belle Plinier à 3086m d’altitude que nous parcourons presque au pas de course, nous amusant sur la crête. Arrivés au sommet, nous ne sommes pas déçus par la vue offerte : plus à l’ouest le roc rouge est bien identifiable de par sa couleur, les pentes du Mont Thabor sont encore enneigées, et le Cheval Blanc est toujours aussi jaune. A l’est et au nord, rien de nouveau, l’aiguille de Scolette, la Pointe de Longecôte, la Parrachée. Enfin bof quoi
!
Nous sommes montés vraiment à la cool et il est déjà 10h30 passé quand nous sommes prêts au déco. Et nous sommes chanceux, le vent d’ouest annoncé est bien là, tout doux, et la face est derrière nous qui est pourtant bien ensoleillée ne semble pas vouloir nous causer de soucis.
Pour Valou et moi ça sera du plouf contemplatif direction Modane. Pour Sylvain, il tente le cross avec sa Sector. Décollage quatre étoiles avec tout plein de cailloux qui font dire à Gilles qui regarde nos photos « mais y a jamais d’herbe sur les décos en Maurienne ? » ce à quoi je réponds toujours « pour quoi faire ? La fumer ? ». Je décolle en première, même que j’y suis peut-être allée un peu trop franchement avec la Skin. Entre le vent de face et la légèreté de la voile, ça n’était vraiment pas nécessaire d’y mettre autant d’énergie ! Bon, mais au moins la voile n’a pas eu le temps de trainer au sol
Nous longeons les crêtes nord-est de la Belle Plinier que nous aurions certainement préféré survoler. Mais c’est quand même beau vu d’ici. Le vol est d’un calme absolu, peut-être une bullette ou deux par-ci par-là… Nous débouchons sur le Rocher de la Dame. Contournement, admiration. Nous suivons à peu près le même cheminement, Valérie m’ayant dépassé après sa sortie de déco. C’est le top de voler à deux en se suivant.
C’est malheureusement trop tôt que le retour aux paysages anthropisés arrive. Cela commence insidieusement par la vue sur les nombreux seuils du cours d’eau à sec de Saint-Antoine, puis les télésièges de la Norma, son lac artificiel et enfin le béton modanais. Celui-là, Valérie ne l’a pas aimé, mais alors pas aimé du tout du tout ! Sûr qu’après cette randonnée où nous n’avons croisé personne, l’arrivée 15minutes plus tard dans ce pré entouré d’HLM, lignes HT et carrière, le contraste est fulgurant… Mais il était aussi temps d’arriver. Nous commençons à plier juste après 11h, obligées de nous cacher derrière le bâtiment désaffecté pour échapper au vent de vallée dont les rafales font danser les voiles. Voyons l’avantage : le T-shirt qui n’avait pas eu le temps de sécher là-haut est vite sec
. De loin, nous observons Sylvain qui tourne, et tourne, sans prendre beaucoup d’altitude. Puis il survole Modane, tente une extraction, et finalement part poser au Bourget.
En résumé, une supère balade sauvage et un vol qui, s’il ne rentre pas dans le TOP10 des vols, reste agréable et permet de s’éviter une descente à pinces, et surtout de nous économiser en vue du jour 3 !
Allez, une petite vidéo pour se mettre en joie !
https://www.youtube.com/watch?v=18j2Y3SRaRkhttp://www.youtube.com/watch?v=18j2Y3SRaRk