Bon désolé de ne pas avoir répondu plus tôt mais occupé à voler hier au même endroit sauf que seul en l'air et à 2300 m jusqu'à Lambruisse et personne avec qui tracer m'a route sauf un gars en Savage qui a fait toute la route au radada. J'ai manqué d'ambition hier et d'esprit d'aventure car même si le vent forcissait j'aurais pu aller plus loin. Bref, encore une chance de montrer que je suis devenu un trouillard vu qu'ils prévoyaient des rentrées de vent "fort pour moi".
Je reviens sur le contexte de la vidéo et du vol. La vidéo je l'ai publiée car j'ai fait une erreur de cheminement, ne connaissant pas le terrain et n'ayant aucune information visuelle sur le local en Peak 5 et le gars en Delta 4 qui le suivait. Et parce que l'endroit est beau et l'atterro pas dans un beau champ des Alpes du Nord
. Pas pour le buzz, pas pour montrer que je suis encore un couillon ou un nul ou entretenir ma réputation d'éternel chanceux. J'ai mis du plomb dans ma cervelle de pioupiou même que des fois trop prudent.. Surtout seul dans un endroit aussi compliqué avec des vallées partout et dans tous les sens et une aerologie assez forte.
Depuis que je suis sur Saint André ce n'est pas pour un jour sortir une belle trace en disant que j'ai fait le cross classique du coin. Je m'en balance. Sinon je peux vous donner la trace récente du Semnoz-Semnoz en passant par la Forclaz. A quoi bon, je vole pour moi.
Par contre, oui j'ai besoin d'apprendre humblement de nouvelles conditions et de nouvelles topographies dans des coins impressionnants visuellement et sortir de ma zone de confort. Et besoin d'apprendre des autres en les suivant, en discutant (avec vous si vous voulez).
Je pars du postulat qu'après une longue analyse des prévisions en altitude surtout, je pars ou pas. J'écoute mon curseur d'émotions et quand c'est trop fort, c'est trop fort (pour moi) et je rentre. J'essaie d'aller toujours un peu plus loin si les conditions s'y prêtent. Bref un petit travail de fourmi mental, tactique et stratégique qui me fait du bien.
Oui j'ai aussi une Artik 4, j'ai commencé deux vols avec et je volais trop bas à mon goût avec, contre la brise ou le gent, ici ça ne le fait pas. Donc j'assume depuis quelques jours de prendre la Mantra 6 pour voler le plus haut possible et éviter ce que la vidéo a montré. Poser au milieu de nulle part.
Des gars font le cross en B ou C sans souci. Ben eux c'est eux, moi c'est moi. La M6 est une voile vivante mais solide qui le renseigne plus sur l'aérologie. Déjà vécu des fermetures, des cravates (une mémorable à Gourdon ou j'enroule dans le thermique vers Saint Jeannet avec 1/4 de voile en moins mais j'enroule du bon côté, prend 800 m de gaz et je défais la cravate ensuite) elle est bien cette M6. C'est ma deuxième et je l'aime !
J'ai donc avec plus de 400h (pas que du cross alpin c'est vrai), conscience que je connais la voile et les informations qu'elles me donnent sont un signal de ce que je dois, peux faire.
Comme vous le savez le mental varie selon les journées, voire les heures et si je vous que je suis débordé je file case retour.
Les mouvements de "pumping" ne sont pas des actions de stress. J'ai dit que je cadençais avec la main intérieure et si l'aérologie est vivante, bah oui, des mouvements actifs de recherche aussi de rester au contact.
Hier côté sud au Charvet ouest l 'énorme thermique bien franc, bien homogène et je monte sans mouvement de pumping. A quoi bon montrer en vidéo ?
pour dire que je maîtrise dans du +4 à Saint André en juillet ?
. Ça n' à jamais été mon truc même si certains pensent que j'en faisais trop côté voyeurisme videos ou réseaux sociaux...
Je ne serai jamais un des cadors de ce forum qui enroule à merveille dans un mouvement de glisse impeccable, je le sais. Ou avec une A dans un thermique bien large et constant genre le rocher du Roux
Alors la vidéo peut effectivement tromper. Ce qui compte pour moi, c'est le ressenti du moment. J'étais serein. Je voulais prendre le maximum de plaf. J'enroule seul mal placé certainement pour grappiller encore quelques mètres avec deux planeurs qui vous tournent autour, vue incroyable, quasiment seul dans un endroit jamais traversé. Le doute peut vous prendre. Faces suds, assez de finesse pour la transit ? Où vais-je raccrocher ? Je ne vois plus les deux voiles qui me précédaient. Pas de cum dans la transition. Je vois une voile loin à gauche qui zérote, peut être la pompe de service. J'y vais. Et je n'y arriverai pas. J'y crois sans y croire. Quelle combe, quelle crête, ne pas me mettre sous le vent. A un moment donné, quand vous lâchez prise mentalement et que vous vous dites que le vol est fini car vous venez de vous prendre une dégueulante massive, qu'il y a un champ et le beau lit d'une rivière, la Bléone à 4 kms de Javie, même endroit cité effect, ben vous posez. Il n'y aurait rien eu, je me serais mis en mode survie et guerrier mais là je ne me suis plus battu. J'espérais plus ou moins me refaire avec la brise près de la crête de la rivière mais sans conviction et effectivement atterri dans un coup massif d'accélération thermique qui m'a fait tangenter les cimes des arbres mais sans plus puisque je pose en douceur.
Pour répondre encore à vos questions, oui j'ai progressé, non je n'essaie plus de miser sur les jokers, oui j'essaie de le botter le c..pour découvrir d'autres lieux, d'autres sensations visuelles, de voyager dans des lieux assez...hostiles et j'y arriverai car ce n'est pas le bout de trace de 100 kms aller retour qui m'intéresse, c'est me dépasser un peu plus, en apprendre sur l'environnement, sur moi sans aller au-delà de ce que je peux supporter sur le moment.
Je suis devenu raisonnable mais progresser est un chemin illimité.
On l'a vu avec la X-Alps au niveau mondial où même les meilleurs des meilleurs font des erreurs.
Je suis dans l'optique mentale de Laurie, si la peur me prend j'arrête et vais poser.
Sinon je continue. Des fois on s'en prend une belle. Un boulet de canon. Ça ferme, on contre, on réouvre. On se pose la question de savoir si c'est une erreur de place, de vigilance ou si l'aérologie est devenue soudain trop forte ou si l'endroit n'est pas plus hostile qu'au doux départ.
Tellement de paramètres qui font que je veux voler pour le plaisir, pas pour la performance ou montrer qui a la plus grosse. La mienne est petite (voile) et pouvoir raconter que j'ai passé in bon moment en l'air jusqu'au moment où j'ai décidé de faire demi tour si je n'avais pas assez d'information.
Sur un bassin comme Annecy ou Saint Hilaire faits récemment, il y a tellement de voiles qui balisent le parcours que l'aide est précieuse. On avance et je connais les lieux.
Là c'est un peu l'inconnu et seul encore plus difficile. Mais ça fait partie de mes petits défis.
Pour la petite histoire sur le vol de cette vidéo la Peak 4 à fait le cross en traversant la zone du Tromas avec d'énormes cumulus bourgeonnant se transformant.. . Le gars en Delta 4 s'est posé au retour, il a voulu contourner le congestus. Un cross n'est jamais un long fleuve tranquille.
Grégoirel, je ne t'en veux pas pour les critiques et je les accepte. J'ai fait ce que je pouvais avec ce que j'avais. Des gars ont certainement fait mieux avec une B ou C. Mes choix de départ je ne les ré-explique pas.
Le fameux niveau d'adéquation, je l'ai toujours en tête. C'est à l'instant T.
Une D hors du domaine de vol est plus difficile à récupérer qu'une C. Je ne suis pas un cador du Siv de ce forum, moyen partout.
Mais tu vois le garden delta 4 le jour suivant se prend une belle fermeture devant moi, à l'assaut du Cheval Blanc. Moi ça bouge bien mais je tiens la voile avec les petits mouvements de main.
Quel est le meilleur pilote ? Aucune idée et je m'en fous. On a pris une bière ensemble. Tout le monde de "normal" a fait demi tour. Sauf une voile allongée, un futur moniteur qui pilote à l'accélérateur sans arrêt. Il a bouclé en allant plus loin que Serre Ponçon
.
Il y a des doués et des pas doués.
Un retraité en Enzo 2 que j'avais croisé au retour à posé sans boucler disant que c'était trop fort. Est-il mauvais, meilleur ?
Non.
Pour moi, le parapente est devenu une source de plaisir qui peut exiger de se mettre dans des positions inconfortables à tout point de vue, sachant que ça peut prévenir ou pas. C'est tellement complexe l'adéquation mental/caractère /conditions.
Pour finir car je pourrais en parler des heures. Je ne vous plus le parapente ou le cross en termes de distance, de cfd ou autre joyeusetés. En terme de plaisir du jour.
Deux exemples extrêmes. Les champions de la X-alps qui se mettent dans des conditions extrêmes et un parapentiste rencontré à Ceillac, Pierre, pilote Air France qui ne faisait que des ploufs safe. Il est mort lors d'un plouf avec waggas sur un lieu safe qu'il connaissait par cœur. RIP ami parapentiste. Quand c'est son heure, c'est son heure.
Je ne vais plus jusqu'à tenter des âneries que j'ai faites et tirer le diable par la queue. Mais le vol n'est pas anodin.
Même les plus simples. Quand je décide de m'aventurer, (c'est le mot) tout peut arriver. A moi de faire tout pour apprendre, comprendre et poser le plus safe possible (la brise de Sallanches à 15h en plein mois d'août ce n'est pas triste non plus).