C'est le week-end, un peu de temps pour digérer vos commentaires et affiner mes réponses. Donc un peu aléatoirement j'essaie d'y répondre.
Aurais-je passé sous silence ce sketch qui aurait pu très mal se terminer ? On me l'a conseillé "tu vas te faire descendre sur le forum alors déjà que t'as pas une bonne réputation..."
Pourquoi l'ai-je publié ? Pas par fanfaronnade (le zéro absolu du pilotage sur cette vidéo) ou pour dire que je suis un chanceux bordé de nouilles ou pour placer une allusion à mes croyances.
Non je savais que j'allais devoir affronter une volée de bois vert (méritée). Mais vu que vous me connaissez (d'ailleurs choisissez mieux votre mascotte !! une mascotte c'est quelqu'un de rigolo, avec une bonne bouille qui est là pour amuser...), je suis - vu que je suis encore en vie pour en parler - pour tirer profit de mes expériences (plus ou moins douloureuses),je suis pour l'apprentissage par l'expérience (qui aurait pu être la dernière) mais aussi que certains en profitent (les cagades des autres peuvent servir...) et donc mon but est atteint.
Qu'est-ce que j'ai à faire sous un parapente ? je n'en sais rien... et vous ?
Je ne veux pas me référer à un volume de vols mais à une passion, celle qui nous est commune. J'ai été motard, je n'ai jamais pris une gamelle sérieuse (hors piste). Etais-je bon motard pour autant ? A part éviter un tracteur à 180, ou glisser de l'arrière sur des mottes de terre alors que je suis en train de bastonner avec des potes, genou par terre ou encore me faire surprendre par une bosse cachée à 220 et décoller des deux roues, j'ai peut-être eu de la chance, beaucoup de chance. Etait-ce de la maîtrise ou de la bêtise ? Il y a des potes qui ont eu des accidents graves pour moins que ça, qui sont décédés pour moins que ça. Etaient-ce des mauvais motards ?
Revenons au parapente : combien de parapentistes ne connaissent aucune frayeur de leur vie entière de parapente ? combien tirent le secours ? combien ont eu de la chance ? combien ont pu filmer leur incident ou accident ? combien s'en sortis indemne ou paraplégiques ? combien ont eu des séquelles pour moins que ce que j'ai fait ? peut-on alors dire qu'un tel n'a rien à faire sous un parapente ? ou que c'est un très bon parapentiste ?
J'aimerais maintenant amener une réflexion lue ici et là. Evidemment quand vous passez près de la bouillie d'os, vous réfléchissez à votre condition, à votre avenir, à vos erreurs, à vos motivations, à vos envies.
Ce ne sera pas une surprise si je vous dis qu'étant donné les possibilités d'heures de vol que j'ai, j'en profite, j'en ai profité. Boulimie a été un des mots employés par certains. Passion, je préfère. Quand vous accumulez autant d'heures, vous ne vous arrêtez pas à des ploufs, des longs glides, des vols ou soarings tranquilles. Vous en voulez plus. En tout cas c'est dans ma nature. Donc - sans parler compétition - je suis passé d'une A à B puis C rapidement. Avec les mises en garde de quelques-uns. Je m'ennuyais sous la B (je ne dis pas que j'étais à son niveau quoique la lessiveuse dans la couche de cisaillement d'Organya restera un grand moment de solitude. Je partais dans n'importe quelle condition , faisais le fusible avec 100h de vols. Aucun sketch, le marketing, l'envie, la CFD, le caractère combatif et le nombre d'heures aidant, je suis passé à la Sigma 9 puis l'Artik 4. J'ai été tenté par une Mantra M6. Le sketch est venu au très bon moment.
Je ne regrette pas ce choix. Même sur une chaise roulante, je n'aurais pas regretté ce choix de matos; car c'était logique. Manquaient la réflexion et la maturité. Mais il faut parfois se secouer pour se rendre compte que... En tout cas c'est (malheureusement) comme ça que je marche. J'aurais beau savoir sur le papier ce qu'est une fermeture, une grande ou petite incidence - et même si j'emploie toujours des mauvais mots à la place des bons - tant que l'expérience... J'ai eu des fermetures et gérées (cet été). Là à Ténérife, c'était encore autre chose.
Ce que je dois retenir de ma chance extraordinaire, c'est déjà ne pas sous-estimer mère nature même en conditions tranquilles; ne pas me mettre sous le vent de quoi que ce soit, ne pas croire que c'est pas parce que c'est passé 9 fois, ça passera une dixième. Ne pas jouer trop près du relief. Les thermiques ne sont pas que là. Réfléchir à l'aérologie et à la relation relief - micro-aérologie. En cas de fermeture, contre et direction loin du relief, en cas d'incident, évaluer la situation à sa juste valeur et avoir des gestes plus ordonnés et plus tranchants, pas des gestes approximatifs.
On m'a proposé et je vais le faire bien volontiers (plutôt que partir voler a Maroc en février) de me rapprocher un peu de l'acro pour sa gestuelle précise et efficace. Non pas pour passer des figures, mais pour mieux connaître ma voile, ses réactions et les miennes. Afin que cette tambouille ne se reproduise pas.
Réflexion, précision, action.
J'ai conscience de ne pas pouvoir continuer ainsi, parce que sans le reconnaître, je repousse les limites et un jour ça ne passe pas, ou ça ne passera plus.
Je pourrais me contenter de vols contemplatifs et de soarings doux (mais pour moi il manquerait quelque chose à ce que j'ai envie de faire en parapente). A moi de pérenniser ma pratique avec les bonnes décisions.
L'accident vertébral m'avait déjà donné du plomb dans la la tête; je sais renoncer à un vol. Je lai fait.
Plusieurs questions cependant demeurent : comment font les milliers de parapentistes qui n'ont jamais rien subi ? doués ? intelligents ? clairvoyants ? ils ont laissé du temps mais pour faire quoi ? comment après un SIV (ou même pas de SIV) font-ils les bonnes actions au bon moment ? doués ?
J'ai peut-être pensé que je pouvais être doué à un moment (pour certaines choses) parce que je m'en suis sorti. Vous savez, les trucs du genre "il a une C depuis un an et il a déjà fait plein de cross et il n'a jamais eu de problèmes" (même si tout est relatif). Et puis non, je sais bien que je ne suis pas doué pour le gonflage (faut déjà en faire), pour l'atterrissage (ce n'est pas parfait tout le temps) et là pour le vol...on a vu sur la vidéo.
Et pourtant je persiste à croire que j'aime le vol, j'aime le parapente et à moins de tomber sur LA femme de mes rêves qui m'enlèvera toute envie de voler, je continuerai à voler (différemment).
Quand j'ai recommencé à voler (le soir-même soit deux heures après), je n'ai eu aucune appréhension, je n'ai pas pensé au pire. Je n'ai pas eu le dégoût ou l'appréhension que quelque chose m'arrive. J'ai juste pris les jours suivants une marge plus grande et même refusé de suivre une Artik 3 au-dessus de cette fameuse combe car j'estimais que je n'avais pas assez de hauteur. J'ai déplié l'aile sur un déco thermique, conditions trop fortes pour moi, j'ai replié l'aile. Mais j'ai toujours cet esprit bagarreur quand même, je ne l'ai pas perdu, sauf que ce côté mental que j'ai, je veux le mettre pour la bonne cause et non pas pour repousser des limites..
Reste dans cette réflexion, l'histoire du secours et là c'est un grand mystère. Humblement, je crois que je me serais battu jusqu'au bout, jusqu'à me crasher et là fauddra que je fasse peut-être une psycho-thérapie. Je ne baisse pas les bras, je ne baisse jamais les bras et peut-être qu'au fond de moi, tirer le secours cela aurait été avouer un échec, une limite. Stupide non ? Je le sais. Alors j'aurais tiré le secours si centrifugé de suite, ou si twisté, bref un truc que je ne connaissais pas vraiment. Là j'ai vu la cravate et ai cru que... Si j'avais tiré le secours, je me serais fait mal certainement, vue l'inhospitalité des lieux. mais c'est vrai que quad on est en école, on a une leçon sur le secours. Comment le déployer etc... On nous enseigne pourquoi le faire. Mais honnêtement, ce n'est pas dans ma nature humaine; d'autant plus que vous entendez souvent des choses dans le
parapente du genre "en 10 ans de parapente, jamais tiré le secours" = celui qui tire le secours est un nul. Evidemment c'est nul de dire ça, mais certains le pensent ou le font sentir. Récemment j'ai entendu dire de quelqu'un "iL a deux ans de parapente, il a tiré deux fois le secours". Mentalités à changer ? Trop d'égo ? chacun sait au fond de lui...