Première difficulté, comment se définir un parcours de progression cohérent avec les objectifs que l’on se fixe ? Mon rêve, c‘est de décoller de Samoëns (@Patrick
) pour atterrir à Doussard en survolant les Aravis enneigés. Que dois-je savoir, comprendre et maitriser par rapport à niveau actuel pour y parvenir en sécurité ?
Je ne sais pas si on peut se donner une méthode de progression type pour faire ce parcours dont tu rêves. Une fois que tu l'auras fait, tu te diras, ah bon, ce n'était que ça ?
Pour décoller de Samoëns et aller sur les Aravis (enneigées ou pas), il faut regarder la météo pour qu'elle soit favorable (voir très favorable), y croire, s'y reprendre à plusieurs fois, ne pas se décourager, reconnaître les endroits clés par photos (merci internet), demander aux pilotes qui l'ont déjà fait (avec les conditions météo), payer des canons à Laurent (Choucas) et à Patrick (Samoëns) pour leur soutirer des infos, avoir un téléphone chargé, un GPS, des vêtements chauds, une boussole, un peu de chance (pour que les plafonds soient assez hauts pour crosser sans trop gratter), avoir des sous pour la récup (ou un bon pote), avoir envie de tout défoncer s'il le faut (mental à 100%), être prêt à passer du temps si tout ne se passe pas comme prévu (surtout au départ de Samoëns
bonjour la couche d'inversion), croire en soi, en sa voile, en un brin de chance, avoir un objectif scindé en plusieurs parties (décoller, faire le premier plaf, regarder l'altitude au plaf réel (pas le plaf des sites météo) et décider de partir ou pas, à quelle heure tu pars, jusqu'à quelle heure les faces est seront encore ensoleillées, avoir une idée précise des transitions à faire selon les plafs, selon le mental du moment, voir ce que les autres voiles (s'il y en a) font, prendre la bonne décision, avoir des plans B et C, ne pas s'entêter si ça ne marche pas, profiter de la journée quel que soit le résultat et le plan de marche, ne passe faire trop d'illusions mais toujours y croire, avoir des vaches possibles, ne pas poser dans la brise de Sallanches
ou savoir que ce sera à reculons, savoir quel parcours (il y a des options différentes une fois sur les Aravis et s'en tenir au plan A ou B, être patient si on a vaché avant Doussard, prévoir l'évolution de la météo, surveiller les humeurs du vent, ne pas s'affoler, penser "étape par étape", faire des laisses de chien aux endroits nécessaires, prendre du gaz dès que possible, ne pas courtcircuiter et garder des marges par rapport au relief, être patient, revenir en arrière si ça va coincer, là où il y avait le bon thermique qu'on avait pu laisser par excès de précipitation, profiter de la beauté de la région, surveiller les nuages
, préférer le soleil à l'ombre, les zones au vent plutôt que sous le vent, imaginer ce que fait l'air, ressentir sa voile, être concentré, ne pas céder à l'euphorie, manger et boire pendant les transitions et puis poster sur le forum ses aventures
Je ne sais pas combien de temps cela prend tout ça, quelle progression il faut. je suis parti sur les Aravis seul dans ma deuxième année de vols, avec ma bonne volonté, des rêves plein la tête, seul. J'ai fait 65 kms la première fois et ai du mettre plus de 3h pour rentrer en stop, et fait un bel aller-retour sur les Aravis de 94 kms le lendemain. Des plafs immenses, un rêve. Cette année rien de tout ça. Alors je ne pense pas qu'il y ait une solution unique, un e progression type, un modèle. Savoir décoller, savoir vacher, savoir anticiper, se connaître, étudier la CFD et le parcours, et s'adapter constamment. Mais tout cela c'est l'expérience qui te le donne, pas les conseils, pas les forums, pas les bouquins qui te donneront des pistes à essayer, à tester et à conserver dans un coin de ta tête. Tu auras beau avoir plein de connaissances, sans expérience tu n'es rien et tu as beau avoir une volonté de fer sans un minimum de connaissances, ça ne marchera pas. Je marche par l'expérience (et parfois par l'échec). Tu sais comment tu marches, quelles sont tes forces et faiblesses. A toit de savoir comment faire fructifier ce potentiel qui est en toi, à rassembler ce dont tu as besoin et ne pas se focaliser sur tel parcours. Il se fera quand il se fera.
Bons rêves et bons vols.
très beau post!
on peut résumer le questionnement initial de Flying Koala assez simplement: s'investir dans l'activité
@Flying Koala, à te lire, tu sembles bien entouré. trop? peut-être que pour te lancer complètement, il faudrait un jour décider d'aller voler dans une région dont les conditions semblent grossièrement bonnes, faire une analyse fine, choisir un déco en fonction, y monter à pied (pour n'être influencé par personne sur place), bien-sûr c'est plus facile en montagne.
Une fois en l'air, fie toi à tes analyses, tes observations. trouve un thermique, redescends recommence. cherche plus loin, plus efficace. Observe encore.
voler est une décision que l'on prend, c'est clair du décollage à l'atterrissage, et en vol on est encore tout seul, c'est pour ça que c'est je pense primordial de ne pas trop voler en groupe. c'est nécessaire pour des vols performants, mais il faut absolument voler seul.
Les erreurs ça arrive, il faut s'en souvenir. Ma plus grosse à ce jour, avoir un jour un rendez-vous en vallée bien ventilée, en fin de journée de vol. Je décolle pour rejoindre la vallée et je prends une ligne directe, qui passait sous le vent d'une crête. C'était ventilé, je le savais, je sais lire les balises, et j'y suis allé quand même. Posé à reculons sous le vent à mi parcours au milieu d'un village, en pilotant avec la ferme intention de ne pas me prendre l'aile sur la tronche. ça à marché, aucun dégat, aucune blessure, mais ça sert de leçon ce genre de gag. Rester optimiste aussi c'est important, tu fais une connerie mais il faut rire et garder le contrôle, sinon dans mon cas c'était le carton...
bien-sûr, aller chercher l'erreur pour comprendre n'est pas nécessaire. des conditions atroces, quand on est dedans on comprend assez vite que c'est de la merde et il faut en sortir au plus vite ou minimiser la casse.
Un truc qui m'a personnellement beaucoup aidé à progresser c'est vraiment de voler seul. L'école dans laquelle je me formais est une grosse structure ce qui implique que dès que les conditions sont douteuses dans la région d'origine, la journée est annulée. à partir de 30 vols (mais aussi énormément de travail au sol) j'ai commencé à marcher/voler avec l'aide de Earth, mapcoordinates.net pour les altitudes et pouvoir calculer un peu la finesse, windyty, meteo-parapente, soaringmeteo (GFS), un peu xcontest mais pas au début. Tu te définis un déco venté dans le bon sens et exposé au soleil, tu y montes, en haut tu observes (large, regarde la tronche des nuages) et tu décides d'y aller.
Pour ce qui est de la traversée des aravis, je pense qu'il faut d'abord te familiariser avec les systèmes de vent de vallée et y aller molo en montagne. vacher sous le vent sur des cailloux ça fait moins rêver que dans un champ de mais même si ça peut faire mal aussi.
Je voulais pas écrire un pavé au début, promis
Bons vols