et garde ta mojo encore cette saison pour continuer de progresser sereinnement quand les conditions sont plus intéressantes.
Je rejoins Over pour te dire de garder ta voile. J'ai hésité à passer à plus performant, mais l'exigence de pilotage étant accrue, je me suis abstenu d'y penser avant d'avoir au moins 2-3 saisons avec mon aile.
Voilà un moment que je te lis et que j'ai très envie d'intervenir à nouveau pour te dire, à l'instar de nombreux autres, de faire attention à toi, et de redoubler de vigilance.
Je pense que nous en sommes à peu près au même niveau d'apprentissage, à savoir que nous commençons à sortir du bocal.
Nous avons aussi la même envie de progresser toujours plus, toujours plus loin.
Comme tu le dis, nous sommes des drogués, et rien ne freinera notre envie de continuer, à part la peur ou un incident, voire un accident ou la mort.
Bien que je ne le souhaite à personne (heureusement!), personne n'est à l'abri, et la chance n'est qu'un facteur infime.
Il vaut peut-être mieux partir du postulat "je n'ai pas de chance" et chercher les facteurs qui vont augmenter notre sécurité.
D'autres sont passés par là, et je salue tous les intervenants de ce fil qui viennent te mettre en garde, car tes récits nous ramènent à notre peur de l'accident fatal (ou accident tout court), et bien que le ton soit provocateur pour certains, il ne s'agit que de signaux d'alarmes venant de chacun, et donc à prendre en compte à chaque instant.
J'aime bien la signature d'un des gars du forum qui est du genre : "le meilleur c'est celui qui est dans le haut de la grappe, mais qui a pris plus de marges que les autres".
Je repense constamment à augmenter mes marges, constamment à la possible dégueulante qui m'amènera à me vacher, donc toujours une vache, un échappatoire à portée de vue.
Je pense aussi que je ne suis, comme aucun autre, à l'abri d'un vrac qui peut me ramener au relief, ou me faire perdre tellement de gaz que la vache sera peut-être le haut d'un sapin.
Donc
prendre de la marge, encore de la marge.
Prendre de la marge aussi et surtout par rapport au vent : même si le vent météo est annoncé à xx km/h, même si la balise indique xx km/h, se dire que cela peut se renforcer, d'autant plus avec des reliefs : venturi en haut d'une butte, entre deux buttes, dans la cassure d'une falaise, dans une vallée...j'en passe!
Se dire que son aile a beau avancer à xx km/h et xx+10 accéléré, savoir que ses performances en finesse sont dégradées avec l'accélérateur (d'autant plus avec des voiles de début), et qu'elle sera plus sujette aux fermetures car plus piqueuse (= incidence plus faible), donc qu'il faut toujours garder une réserve d'au moins 10 km/h non accéléré, car au delà, je réduis ma marge, m'expose plus (et risque de m'exploser plus!).
Donc de l'analyse : avant en consultant la météo, avant une fois sur le déco, en l'air pour confirmer/infirmer les prévisions, avant le vol et en l'air en analysant la forme du/des relief(s) et l'écoulement de l'air, en l'air en restant alerte quant à l'évolution des conditions.
De l'analyse et de la marge... encore et encore.
Voler en montagne (et près d'un relief en général) amène (à mon sens) un facteur de dangerosité supplémentaire, outre l'aspect engagé implicite de certains reliefs (je m'imagine mal poser dans la combe de Ménival par exemple!), car l'aérologie est très difficile à décrypter, d'autant plus à mon niveau d'inexpérience, car soumise aux vents météo, mais aussi aux régimes de brises, à la forme et l'orientation de chaque bout de relief.
Il y a des tendances que je commence à comprendre, mais le ciel n'est jamais le même, ce qui fait qu'un coin qui me semblait sain la veille avec le même vent météo peut se retrouver très malsain le lendemain sans raison apparente.
Encore une fois, tout s'explique, mais bien malin celui qui saura lire la masse d'air dans son ensemble, et ce chaque jour de l'année!
J'ai souvenir d'une remarque du DT d'Aiguebelette Parapente, qui vole depuis des années sur ce site d'apparence assez simple (grande barre rocheuse en ouest), qui me disait qu'il arrivait toujours à être surpris par l'aérologie.
Cela impose donc de
toujours rester vigilant, et de garder à l'esprit que
rien n'est systématique (d'ailleurs cela vaut pour tous les domaines dans la vie!)
Pour ma part, je déclare à présent mes premiers cross.
Alors ok, vrai grand plaisir et plein de sensations...
Je vole principalement dans les Alpes, et j'ai pratiqué les conditions "atomiques" du printemps (St Hil' encore et toujours!)
Je suis très heureux d'avoir une voile "sage", qui bien qu'elle n'ai pas d'excellentes performances, pardonne mes erreurs, notamment les (grosses) erreurs de placement qui m'ont parfois amené sous le vent d'un relief, en pleine essoreuse. (pour info, quand c'est sud dans la vallée, c'est souvent ouest en altitude... ce que j'ai vérifié seulement après avoir essayé d'enrouler... un rouleau!)
Une fois, alors que rien ne semblait le présager (placement loin d'un éventuel rouleau, absence de thermique) la voile ferme violemment en assymétrique. Je n'ai toujours pas compris d'où cela a pu venir, mais je suis content d'avoir toujours le contact de ma voile et le réflexe de contrer à la sellette pour maintenir en priorité mon cap.
Elle rouvre très vite et me prévient bien avant de fermer. La plupart du temps j'avorte la fermeture en gardant le contact (baisser la main autant qu'il le faut jusqu'à revenir aux fameux 400gr), mais parfois malgré cela je m'en prends des belles.
Le dernier cross en date, je suis tombé sur un monstrueux thermique (+9.7ms instantané) après une monstrueuse dégueulante (-6ms au moins). J'ai voulu l'enrouler, mais pas lui, résultat : j'ai fait de l'huile comme jamais en me faisant éjecter comme une m... Fermeture d'un côté, fermeture de l'autre... presque des wing-over sans le vouloir!
J'avais beau me concentrer, rien à faire à part garder le cap du mieux que je pouvais. Bien content d'avoir du gaz aussi, car la même plus proche de la pente et je ne serai peut-être pas là pour le raconter! Grosse montée d'adrénaline et le cœur qui monte à 200bpm!
D'ailleurs tes récits m'ont fait prendre conscience qu'il fallait que je double ces marges, car on a beau avoir une aile qui vole bien, une fois en dehors du domaine de vol elle n'est qu'un bout de chiffon, le sol est toujours plus dur que ma tête.
Et c'est une marge supplémentaire d'avoir une voile qui revient vite dans le domaine de vol.
Certes les performances ne m'autorisent pas d'être contré par le vent plus que de raisonnable, ce qui par exemple hier m'a fait avorter un petit départ à la poursuite des deltas du club, qui eux avançaient sans problème alors que moi j'avançais tout doucement, et risquait de me vacher au milieu de nulle part avant d'atteindre le relief suivant et la pompe salvatrice.
Comme toi je veux apprendre par moi-même, mais je n'attends pas que quelqu'un en radio me dise "là c'est bon" ou "là ça craint".
Pour moi l'autonomie c'est justement savoir soi-même estimer les conditions en fonction de ses capacités et renoncer le cas échéant.
Décoller à 12h à St Hilaire un jour ensoleillé de printemps, c'est couillu, mais faisable. J'ai eu de la chance peut-être, mais surtout je gardais à l'esprit les marges, d'autant plus évidentes quand on se rapproche des falaises très engagées... J'en ai vu d'autres bien plus expérimentés que moi se faire tarter la gu.. , donc j'étais potentiellement dans le même cas.
La Nature reste plus forte, et il faut savoir rester humble.
Comme toi j'aime me "battre", et j'ai beaucoup de mal à renoncer. Mais quand il y a un doute : pas de doute, il faut aller poser.
A mesure que je progresse, je prends aussi plus de risques. Il faut donc que j'augmente d'autant plus mes marges si je veux continuer sans me faire mal ou peur.
Garder à l'esprit que nous sommes et serons d'éternels débutant, que nous sommes petits et vulnérables quel que soit notre niveau.
Garder à l'esprit que nous volons pour le plaisir, et que le plaisir est plus difficile à apprécier quand on est dans un lit d'hôpital, à fortiori dans la tombe... sic.
La technique est une chose, l'analyse en est une autre, et les deux sont indispensables pour garder une marge de sécurité qui nous garantira le plaisir de voler sans incident.
J'espère avoir été constructif et compris.
On se retrouve dans les airs!
Bon vol à tous!