Salut M@thieu,
Bon c'est repartie pour le descente au enfer (expression fausse mais pratique).
Entre le vécu, la façon de raconter et l'interprétation des lecteurs, il y a un décalage plus ou moins important. C'est le problème de la langue Française qui est très riche mais difficilement maîtrisable (et j'ai le même souci).
Chacun interprète à sa manière le récit avec ses peurs et ses craintes. Il les reporte ici avec la même difficulté et interprétation. Je ne pense pas qu'il fasse s'en offenser plus que nécessaire.
Continue de nous raconter tes expériences, il y a toujours quelques choses à en retirer, c'est le principe d'un forum de discussion. Il est claire qu'aller à contre courant est très mal vu, mais c'est aussi le principe d'un échange d'idée.
Bon vol et à bientôt, Jean-Nono
Tu as complètement raison, et je ne m'en offusque pas sinon il y a bien longtemps que je ne viendrais plus sur le forum. J'écoute, j'analyse et je tiens compte de certaines choses et préfère en ignorer d'autres et continuerai à ne plus me polluer l'esprit avec certaines choses négatives (voir plus loin).
Pour l'instant, j'ai certainement eu de la chance mais comme l'a dit quelqu'un qui ne me connaissait pas et qui m'a vu partir
en cross à moins de 1000 m (868 mètres soit 550m au-dessus du déco seulement), je suis un pilote engagé et il aime ça - il a rajouté et je le rajoute car je suis franc et sincère (je pourrais "oublier" de le dire mais fais attention quand même.
Il y a eu le premier vol, le premier plouf solo, le premier soaring, le premier thermique, la première sortie de bocal et aujourd'hui
le premier cross !!
Comment dire ? magique ? non étonnant ? non. surprenant ? non. Juste génial avec ce que j'avais comme conditions aujourd'hui.
Il est 9h, je passe prendre le fameux copain et o file sur Bar sur AUbe. AU déco, ça commence déjà à souffler.
20--24. Le ciel bleu est déjà parsemé de cum. Je me prépare. je sais ce que j'ai à faire : aller au plaf, et partir vent de cul, ne pas penser à la récup, à où je suis et dès que je peux enrouler (bip bip) pour ne pas perdre d'altitude même dans du zéro. Observer les oiseaux, les feuilles des arbres, les blés etc...
Cela fait un mois que j'y pense après avoir fait un beau plaf au Mont Poupet à presque 1800 m et ne pas être parti en cross. Mais je n'étais pas prêt mentalement. Aujourd'hui, oui. Barres de mars, eau, portable chargé, radio, vario, tout y est. Déco nickel, et je commence à prendre le dynamique puis quelques thermiques. Je peine, ça bouge, c'est malsain, je tiens bien ma voile à 500g au moins !et j'ai de l'appréhension
et là pas mal de choses du forum me reviennent et viennent me perturber. Putaing de merde ! je flippe alors que ça brasse un peu. je souffle profondément, je pense à autre chose de positif, je me concentre sur les sensations dans les commandes, dès que ça durcit ou dès que ça ramollit, j'essaie d'être actif sur la sellette. les putaings de phrases du genre "tu vas te crasher, tu as brûlé tes jokers etc.." me polluent encore la têtte et je me suis dit que je n'allais peut-être plus raconter mes mésaventures , celles qui laissent perplexes mais qui font partie de mon apprentissage tel que JE le veux. parce que je suis comme ça. Sois toi-même et prends les conseils mais ne change pas d'attitude tout en retenant les conseils TECHNIQUES. Voilà ce qu'il s'est passé dans ma petite tête alors que je me battais avec la masse d'air. C'était pas du yoyo, c'était voler sur des oeufs avec des thermiques assez forts, du vent de face, des noyaux que je n'arrive pas à accrocher, bref une vraie bataille. j'en avais marre dans ma tête de tous ces signes négatifs entendus depuis... alors où j'allais poser (l'idée m'a effleuré) ou je redevenais moi-même comme lors de mon premier soaring de 4h à Ceilac
, lors de mon arrachage au Granon.
Oui être soi-même et là, je me suis dit que le parapente était quelque chose de philosophique en lui-même : se connaître soi-même, se surpasser (ou pas), aller plus loin (ou pas). Et peu à peu je me suis mieux calé au fond de la sellette, à l'écoute de mes mains, d mes fesses et le plaisir que j'avais perdu depuis quelques temps de voler, de me battre. La peur a peu à peu disparu pour ne me concentrer que sur l'altitude, le vario, le vent, la position. Après un certains temps de bataille, j'en ai eu marre, je ne montais pas plus. Tous les potes avaient déjà disparu. Normal, ils ne gambergeaient pas eux ! Moi pas efficace pour deux sous ai eu du mal et ai certainement raté des ascendances bénéfiques; J'entendais 1200-1500 à la radio et je végétais à 600-700. Allers-retours, recherche de thermiques, c'était haché menu et pénible, pas fluide, pas doux, non assez secouant. Des cisaillements, je suppose. Avoir à temporiser après les entrées en tangage, les bouts d'aile qui veulent se faire la malle mais je la tenais bien pour éviter cet affreux bruit de fermetures. C'est ça le pilotage actif ? Pas de tout repos. A environ 850 m après avoir été dans pas mal de zones à la recherche d'ascendances disparues, je décide de partir. même pas pu accrocher de nuage. Tant pis, je suis prêt et je verrai ce qu'est un cross. Je m'éloigne du déco, vent de cul et je me retrouve dans des univers visuels non familiers, des bois, des champs, des lignées téléphoniques, électriques, es vignes. Tout est nouveau. Conformément aux consignes, dès que j'entends bip bip, je regarde et j'essaie d'enrouler. Souvent ce seront des bip bip de pacotille car il n'y a rien et je fais des quart de tour pour rien, ou alors je suis sorti. Je baisse, j'essaie de me refaire, les couleurs contrastés, les bois couleur foncée, les champs couleur claire, pas d'oiseaux. je survole des routes empruntées 100 fois en moto ou en voiture, les villages, je les perçois. Des fois ça monte, des fois pas, bizarre, je croyais que cela montait toujours dans les villages, pas envie de me poser, j'essaie de trouver des semblants de thermiques et puis soudain +2, houla ça cabre, les bouts d'aile font flap flap, la bataille recommence sauf qu'il y a moins de vent, j'essaie de serrer, je perds, je retrouve la moitié, je suis content ça ne baisse plus trop. Puis inexorablement, je vois l'étang de Bligny, on m'avait dit "c'est le premier cross qu'on fait". J'y suis presque sauf que je suis parti bas. Je pense que je n'irai pas jusqu'au lac sans dommage et assez de hauteur pour poser correctement, je décide donc de chercher un chemin entre deux champs. Et là c'est trop fort le pouvoir de l'esprit, je descends. Comme si la voile avait senti que je voulais me poser. Posé dans un chemin qui menait à des vignes, très proprement. Je regarde les alentours. je n'y suis jamais venu. Je met en bouchon, me dirige vers la route. Une charmante dame me prendra en stop et je lui raconterai ce voyage. Elle sera certainement interloquée..elle n'a pas le temps de boire un verre et je la remercie chaleureusement, elle m'a ramené au déco. je vais pouvoir manger rapidement et repartir. Hélas le vent sera de travers et à part me faire attaquer par une buse trois ou quatre fois, me faire brasser sous le vent de quelques arbres dans une combe que j'avais voulu traverser pour rejoindre le côté exposé au vent, que dire de cette journée fantastique ?
Elle avait très mal commencé.
Alors les amis (ou pas). Je suis différent de beaucoup d'entre vous et vous remercie de me mettre en garde mais arrêtez de polluer mon esprit par vos jugements;car je suis parti de bien bas moralement. Là après m'être battu pendant plus d'une heure et 3 autres vols pas de tout repos, j'ai de nouveau le moral, les sensations de me battre et d'en vouloir. J'accepte tous les conseils techniques, stratégiques (pour le cross) mais voilà j'aime l'engagement et cela ne changera jamais.
Je ne vous saoulerai pas avec toutes mes traces mais celle-là est la plus belle : après la sortie du bocal, un premier petit cross de 9 kms, un premier vachage, des émotions identiques.
Certains vont encore y voir de l'ego mal placé ou de l'inconscience mais même si c'est vrai quelque part, c'est mon moteur pour avancer, n'en déplaise aux autres : quand je me suis fait tabasser sous le vent de la combe (pas assez haut), je voulais rejoindre un gus tout seul sur l'autre versant exposé nord. Au restau ce soir, on m'explique ce que j'aurais du faire. Et j'en rigole encore (d'autres ici vont grincer des dents
) : qui voulais-tu rejoindre ? Mehdi ? Mais Mehdi il a une D et il a beaucoup plus d'expérience que toi. Et alors ?
je m'en fous. Je veux savoir comment faire pour passer cette combe sans descendre. Engagé, rengagez-vous. Je réessaierai avec 30m de hauteur de plus car là j'étais un peu ras des arbres.
Voilà, encore une sacrée journée que je n'aurais voulu rater pour rien au monde, non pas dans les 9 kms (ou 7 car j'ai pas trop compris leur différence) réalisés, mais pour ce qu'elle m'a enseigné. Et j'en redemande. Aucun sport ne m'avait donné cette intensité, cette nouveauté à chaque vol. Du moment qu'on a confiance en soi (et en n'allant pas trop au-delà des limites).
Si je n'avais pas eu le parcours que j'ai depuis août 2013, je ne pense pas que j'en serai là où j'en suis. Un petit cross, c'est rien, je le conçois, mais c'est énorme aussi pour ce que ça représente ! Quelqu'un au tout début m'a dit qu'on reparlerait de mes aptitudes quand je ferai un triangle de 35 kms. Je n'ai pas oublié...c'est quelque part dans un coin de mon esprit.
Ah l'autonomie... on a l'autonomie pour quoi ? pour les ploufs ? mais après ? l'autonomie est sans arrêt repoussée car jamais totale et on a toujours besoin de conseils (techniques, stratégiques et tactiques). Le récent record de France de Luc Armant n'aurait été rien sans tous les copains de la grappe initiale.
Et là certains avaient bien raison de me faire aller dans un club : les parapentistes sont souvent (encore plus quand on est dans le même club) très conviviaux, aidant, et générateur d'énergie positive - l'émulation).