Le temps que j'écrive ce long récit, j'ai vu deux messages s'inscrire et j'y réponds :
- oui Yannorlo, c'est bien Saint Martin et aujourd'hui aussi.
- JulienF, stp, pour 2014, prend de bonnes résolutions, désinscris toi de ce fil et ne viens plus pour mettre tes commentaires négatifs qui nuisent à ton bien-être et à ta santé mentale. Pour éviter que tu polémiques inutilement, j'ai décidé de rajouter - pour toi et autres personnes similaires - des impressions d'écrans faites à 18h qui laissaient présager une journée aussi belle qu'hier. Quant aux erreurs que j'ai commises (hier la fringale), aujourd'hui, de ne pas avoir eu de boule de cristal, je sais les reconnaître et prévoir... et j'en commettrai d'autres certainement contrairement à TOI le parapentiste parfait, qui a toujours tout fait bon, à qui il n'est jamais rien arrivé et qui doit avoir une vie bien monotone pour ne rien raconter de sa vie parapentiste !!
Si je t'avais écouté depuis le début, j'en serais encore à mes petits ploufs tranquilles. Je devrais encore m'excuser d'avoir fait un vol de 4h01 à Ceillac avec moins de 40 vols etc etc... Mais vois-tu de août 2013 à décembre 2013, j'en ai vécu des choses et je me sens plus fort et déterminé. c'est en allant de l'avant que l'on arrive à progresser. Bref...
La situation dans laquelle j'ai été aujourd'hui, je crois que sans mon passé parapentiste assez intense, je ne m'en serais pas sorti; je me serais affolé, j'aurais sur-piloté, je n'aurais pas su vacher, bref... et dire que tu disais qu'il ne fallait pas que je fasse de SIV...
stp pour 2014... merci de m'oublier.
Fin de l'aparté qui n'aurait pas lieu d'être mais bon JulienF vient toujours au mauvais moment...
Si j'ai décidé de raconter mon vol d'aujourd'hui, ce n'est pas pour me vanter, il n'y a pas de quoi, je ne suis pas nécessairement fier (comme mon arbrissage) mais dans tout ce que l'on fait, il y a nécessairement des imperfections et des leçons à tirer (c'est comme les vidéos que je trouve intéressantes - pédagogie !). Après la météo n'est pas une science exacte... Faut s'adapter...
Bon il faut absolument que je vous raconte le
vol du Jour de l'An ! il m'en est arrivé des choses...bien malgré moi !
Ce matin, je ne devais pas aller voler (copies obligent). En plus hier, j'avais super volé et j'étais un peu fatigué (abdominaux car sellette trop en arrière). Bref. Je jette un coup d'oeil sur les divers sites météo. Ca souffle en SE puis cela tournera en S vers 13h. Au niveau de la force du vent, les prévisions s'accordent entre 18 et 25 km/h. Quelques rafales à 30.
Et puis ensuite ça se calmera :
Allez hop, c'est le Premier de l'An. Il faut que j'inaugure cette année avec un vol ou deux, histoire d'accrocher le chiffre rond de 80 vols.
Je petit-déjeune rapidement, prend plusieurs barres de céréales et file. 63 kms de route. Phil Collins en fond musical. Le soleil brille, le ciel est bleu.
J'ai beaucoup de chance. Je monte au déco à pied, la
est bien orientée. Ca souffle plus qu'hier mais c'est conforme aux prévisions; Environ 17-20. Un coup de fil d'un copain Guillaume qui me conseille de me mettre à mi-pente si ça arrache. Je me prépare, déchire un peu à l'avance l'enveloppe des barres de céréale que je mets dans la poche supérieure. J'essaie de tout prévoir par rapport à hier où j'avais eu un coup de fringale. Allez hop j'en mange une; je règle ma sellette pour être moins couché et plus vertical et arrive Daniel un parapentiste. Moi je suis harnaché, il va me regarder décoller. Tant pis même si je préfère être seul (la pression
) je décide de faire le vide, souffler un bon coup, coup d'oeil à la
, la voile est bien préparée , juste les oreilles ne sot pas ouvertes pour gonfler le centre d'abord et ne pas me faire surprendre par la force. Je prends uniquement les A centraux pour la même raison. Je lève un peu les A, la voile se lève trnaquillement, je la stoppe un tout petit peu en haut, je me retourne, je sens la tension et la portance. Tout va bien, c'était doux et progressif.
ça sert d'avoir des bons conseillers et de comprendre ce qu'il se passe. Je m'élève et je dis "à tout à l'heur" à mon camarade du jour.
Je prend de la hauteur très vite, même pas besoin d'aller-retour comme hier !
, ça bipe, je fais du sur-place, ça bipe... quelques petits demi-tours quasi inutiles devant le déco et ça bipe encore, je longe un peu le relief, cherche les ascendances. Elles me trouvent tout de suite; je ne monterai pas à 150 m comme hier, non mais par contre je monte beaucoup plus vite et je descends tout aussi vite. Je cherche mes points de repères. Le soleil commence à être caché par les nuages. En bas, je vois Daniel se préparer. Je commence à faire du sur-place, je me dis que je vais pouvoir utiliser l'accélérateur. Là je vais batailler un peu avec mes pieds, pour le trouver et ensuite pour le mettre sur un pied. je n'y arriverai pas avec les deux; je l'ai mal fixé à la sellette et au lieu de voir le bout droit, j'ai le bout rond. Tant pis. Il y a un décalage et je compenserai avec les bras.
A une hauteur de 100-110 m je me dis que je vais continuer à monter comme hier voire battre un "record" perso; non je redescends et poussé par le vent de sud qui a tourné.
Je vois Daniel essayer de gonfler mais la voile retombe mal à chaque fois et cela a l'air plus fort que moi il y a quelques minutes., vent de travers au déco. je n'arrive pas à revenir sur le déco. Je me fais descendre jusque 30 m au-dessus des arbres à gauche, là où on m'a dit qu'il ne fallait pas aller hier à cause des rouleaux. J'essaie de gagner la "vallée" (le devant) mais je n'y arrive pas, je recule. J'entends la voile se fermer, je suis ballotté - lacets et tangages. Faut que je descende coûte que coûte. Accélérateur à fond (jambes tendues) et je vois 5-6 km/h parfois rien.... une dégueulante me fait chuter à 30 m au-dessous . ca tombe bien, je me retrouve comme hier comme quand j'essayais de faire des aller-retours pour monter. je longe donc les arbres et remonte vers le déco. Ca monte, ça monte, c'est dingue.
Je saurai plus tard que c'est la force du vent sur le relief et les arbres. Je croyais que c'était un énorme thermique.. En à peine 200 m je suis à hauteur du déco, je le dépasse, la
est dans un axe pas folichon et ça a l'air fort. Daniel est en train de ranger sa voile dans sa voiture. Je ne pourrais pas reposer au déco, je vais poser à l'atterro juste en face, en bas, petit-tour quart gauche et là bip bip, ça monte à 1.2 m/s, Je passe de +10 à +90. En temps normal, j'aurais été ravi mais je sens qu'il va falloir que je me batte. Je me débrouille pour avoir l'accélérateur dans le bon sens mais c'est de travers. Tant pis, j'ai un pied dedans c'est déjà pas mal. Je me fais dériver vers la gauche, vers ces fameux arbres et cette zone qu'il faut éviter. Purée, je suis à fond et je n'avance pas, je recule. je regarde le soleil qui a disparu, les nuages qui forment une couche épaisse. je suis seul dans le ciel et personne ne peut m'aider sauf Dieu !
Aide toi et le ciel t'aidera. Je réfléchis à ce que je pourrais faire; je tente de revenir sur l'avant mais je ne peux pas. Le côté gauche de la voile se ferme dans un énorme bruit. je me rappelle un écrit du forum "le bruit du tissu"; là c'est une grosse claque et tout de suite après, je descends à 2 m/s, ça buzz, purée, je suis mal, je vais me prendre les arbres si ça continue à descendre. J'essaie d'aller vers la droite pour revenir sur l'atterro officiel mais le vent du sud est trop fort. Pour la première fois, je me dis, "purée pas à l'hosto un 1er de l'an pour commencer l'année, il n'y a pas de PGHM dans le coin en plus." Je souffle un bon coup, j'essaie de me rappeler les conseils de Serge, un moniteur "
fais tout pour rester sous et au centre de ta voile". Quitte à dériver autant dériver là où je veux. Donc atterrir sur l'endroit pas conventionnel mais testé hier. JC avait dit de faire attention aux rouleaux (que je n'avais pas sentis hier, pas de gradient). Alors je dérive en crabe dans cette zone où le vent du sud aura beaucoup moins de force et il faudra que je fasse gaffe...au reste. Là je me vois ballotté entre les arbres de droite et ceux de gauche qui approchent à grande vitesse, je contre à la sellette tout ce que je peux, je mets de la commande, et vire pour atterrir dans le champ choisi, je déborde , je reviens, la voile du côté droit ferme et ouvre, quelle est la moins pire de solutions ? Les arbres, les maisons ou le sol ?
Je me dis le sol, alors je me mets à vitesse mini, je perds de l'altitude très rapidement, déjà je ne me prendrai pas le haut des arbres, je suis dans le bon couloir - très large - une cinquantaine de mètres. le danger des arbres étant passé, je vais juste atterrir tranquillement. Je suis à environ 10 m du sol, je sors de la sellette et me prépare à avancer vers une bute montante. Et là, plus rien côté droit, je chute comme si tiré par une main, je ne sais pas ce que je fais, je contre de l'autre côté où je tire la commande gauche, j'en sais rien à vrai dire, ça se rétablit, je suis horizontal à 3 m du sol-vitesse et axe stables, ouf je respire et là, je suis de nouveau ballotté de droite à gauche. Ca fait du roulis, un peu de lacet et le sol est là, réception, j'accompagne et la voile m'entraîne à droite. Je tombe sur mes pieds sans un bobo, sans une entorse, je suis juste posé. Merci Mon Dieu.
Qu'est-ce que j'ai eu peur (rétroactivement), car tout le temps j'étais en train d'essayer de piloter et d'essayer de stabiliser.
Daniel arrive en voiture, je suis en train d'enlever mes affaires, dégrafer la sellette.
Il m'explique que j'ai subi l'effet venturi, l'effet des rouleaux (la butte en face de moi) et puis des trucs, bref...
Je n'en menais pas large en haut. Il m'annonce que quand il a plié la voile la balise annonçait 30 km/h avec des rafales à 54. Je comprends mieux ce que j'ai vécu.
Evidemment, me connaissant, je n'ai pas eu le temps d'avoir peur, juste des doutes.
j'ai fait ce que j'ai pu pour me vacher dans un endroit safe en tenant compte de ce que je savais faire et des conditions météorologiques changeantes. J'étais prêt à toute éventualité - aidé par le destin - car je n'aurais rien pu faire contre des rouleaux encore plus méchants.
Je trouve que j'ai bien piloté, je ne me suis pas affolé. j'aurais du accepter de me faire reculer encore plus loin derrière pour éviter les rouleaux de la butte. Mais je n'aurais plus eu de vent contre enfin je n'en sais rien. Je ne voulais pas tomber comme une merde.
Daniel m'a expliqué que j'aurais du rentrer plus tôt (ce que j'avais l'intention de faire), que j'aurais du avoir une radio (je l'avais mais éteinte..), et que je n'aurais pas du voler seul (mais les prévisions météo n'étaient pas méchantes). J'ai beaucoup appris, j'ai piloté intensément, j'ai subi, je me suis fait peur (en haut pas dans le feu de l'action).
Ca y est des voeux de 2014 se sont réalisés mine de rien. Et plus vite que prévus. Je n'en suis pas nécessairement fier car ce n'est pas ce que je voulais pour un vol de Premier de l'An. mais j'ai combattu et j'ai pris les solutions les moins périlleuses.
79 vols et je n'atteindrai pas les 80 aujourd'hui, j'ai eu assez d'émotions aujourd'hui; d'autant plus que le ciel est devenu mauvais, le vent forcissait même en bas.
Ce n'est pas la peine de me faire la morale. je suis en phase d'apprentissage et d'emagasinnage de sensations et réflexes et si vous regardez météo-parapente, cela devait rester aux alentours de 20-23...(Julien F, regarde c'est Saint Martin dans le vert à 15h !!)
Je rajoute pour certains incrédules qui me traiteraient de mytho pfff, l'historique de la balise de Tonnerre aujourd'hui : j'ai décollé vers 12h15, malheureusement juste avant le pic car à 12h06, c'était du 18.
Ah j'oubliais : merci Ozone pour cette Mojo 4. Daniel m'a dit qu'il l'avait vu gigoter, se fermer et ...RIEN ! je l'aime cette voile...