Bonjour
Je viens de lire (souvent avec plaisir, parfois avec peur et malheureusement, souvent avec consternation) l'integralité de ce fil. Oui, la totalité. Oui, j'ai du temps à perdre, surtout au boulot (ca m'a quand meme pris quelques semaines)...
Je ne suis qu'un gros débutant à peine dégrossi, et tu pourras faire ce que tu voudras de mon avis (déja que ignores l'avis de personnes plus expérimentées...), mais je te trouve hallucinant. Non, pas par ta méthode ou ton parcours que tu aimes qualifier d'atypiques, mais par ton manque de remise en question... Tu dis que tu viens sur le forum pour recueillir les avis des gens plus expérimentés, mais quand ils ne vont pas dans ton sens, tu les balayes d'un simple revers de la main, pour te concentrer sur ceux qui te plaisent. Une phrase comme "Je venais de faire ma deuxième journée SIV et voulais finir en beauté le dimanche en volant me procurait plus de plaisir, d'autant plus que je voulais faire surtout des décros. En en parlant avec les acrobates, certains m'ont conseillé de faire ce que je voulais" me semble significative : tu as ignoré le professionnel (que tu avais pourtant payé) qui n'allait pas dans ton sens pour écouter ce que "certains acrobates" disaient.
Et ça, ce n'est qu'a l'avant dernière page, mais des exemples comme ca il y en a partout dans ton fil.
Apparement dernièrement tu sembles avoir pris conscience des risques liés à la pratique de ce sport. C'est bien. Mais des phrases comme "Mais aussi paradoxal que cela puisse paraître, je préfère devoir affronter une fermeture (par exemple) sans que je le sache par avance, donc sur le coup, plutôt que volontairement." me font penser que tu te mens a toi-même. Là encore, ce n'est que le dernier exemple en date, mais loin d'être le seul....
Tu devrais relire ce fil en entier, depuis le début, et en gardant à l'esprit que tous ceux qui ont écrit sur ce fil te voulaient du bien (s'ils s'en foutaient de toi ou s'ils voulaient te voir mourrir, ils t'auraient laissé faire sans essayer de te prévenir). Tu verras que tu es dans le déni, tout le long, concernant ta prise de risque. Lorsque des gens te disent "attention tu fais ceci ce qui provoque tel danger" tu réponds soit "je ne fais pas ceci c'est faux", soit "oui mais c'est mon style, je suis atypique" (connerie, t'es pas atypique, des atypiques comme toi y'en a partout, c'est juste qu'ils ne durent pas longtemps). Partout, tu écartes les recommandations des autres.
Pas mal de boulot ces dernières semaines et pas le temps de répondre de suite, et à froid, c'est mieux !
Avec ma petite expérience de 4 ans et plus de 760 h de vols, j'ai rencontré tellement de gens différents avec des passés différents, des caractères différents et des parcours atypiques. Depuis le ploufeur jusqu'à l'aventurier, depuis celui qui n'a pris aucune leçon, fait aucun stage à celui qui ne vole qu'encadré, depuis celui qui est passé sous B, C et D en un an à celui qui ne vole que sous A, et je te passe celui qui ne vole qe le matin ou le soir à celui qui ne que vole que dans du "dur" car c'est son kiff.
Bref, en 4 ans révolus, en autant de rencontres, de récits, de vidéos vues, je suis arrivé à la conclusion que l'on doit savoir pourquoi on vole, on doit savoir ce que l'on cherche dans le vol : contemplation, beaux paysages, rencontres, randos, effort, adrénaline, sensations, performance, distance, aventures, train-train... Il y a autant de sortes de parapentistes que de manières de voler, de décoller, d'atterrir, de se faire plaisir ou pas.
J'ai mon caractère, je l'ai assez dévoilé pour ne pas y revenir. J'y ai mis un frein, car la boite en sapin me guettait (par expérience avec contact avec le sol dur). Je me suis "acheté" une conduite, en changeant un peu mon fusil d'épaule et en agrandissant les marges. Je n'ai pas écouté comme tu dis les avis de ceux qui ont de l'expérience, du vintage, du recul ou de la sagesse. Je les ai relus et écoutés après coup, après frayeurs, après sketches et "blessures" et je sais ce que ces conseils voulaient dire sur le coup. Je me suis construit, déconstruit et reconstruit, année après année,avec des doutes, des peurs souvent irrationnelles, des freins mentaux et l'esprit banzai qui titille de temps en temps.
Ce que je sais, c'est que l'on ne se refait pas et et que le naturel revient au galop. D'où ma question "pourquoi est-ce que je vole ? pourquoi est-ce que je veux voler aujourd'hui ? pour suivre les plus aguerris, pour faire ma petite balade seul, pour mettre un vol sur la CFD ? pour montrer que je sais voler haut et loin ? pour me faire plaisir ? pour me faire peur ou ne pas me faire peur, pour vivre et survivre ? pour pousser un ouf de soulagement à la fin du vol ? pour m'ennuyer ? pour tromper la monotonie ? pour prendre des photos ? pour passer un bon moment en l'air plutôt que sur terre ? pour rejoindre les potes ? pour trouver des vautours ? pour m'en mettre plein la vue ? pour prendre un bol d'air ? etc etc..." on a chacune ou une partie de ces questions en soi. Selon les individus, certaines paraîtront inutiles, stupides, vraies, dépassées...
C'est comme plier sa voile : 10 parapentistes, 10 manières de plier, chacun croyant que la sienne est la bonne.
Ce que je retire donc de ces 4 années de vols, c'est la découverte d'une activité, de ses plaisirs et dangers, d'un monde fait d'hommes et de femmes passionnés mais surtout la découverte peu à peu de qui on est, de ce qu'on ressent, de qui on croît être ou devenir, de soi par rapport au monde, de soi par rapport à la vie et à l'accident, de soi par rapport à la mort quand on la frôle.
Chacun trouve son équilibre dans sa famille, son job, ses loisirs, dans les personnes qu'il côtoie, en réel ou en virtuel. A côté des contingences matérielles, il y a le rêve, le plaisir, le désir, les défis..
Je sais ce que je veux au jour le jour, je sais ce que je ne veux pas. Mourir bêtement, pour une activité de loisirs (parapente, moto) parce que la vie est si belle et il y a tellement de choses à faire, à échanger, à donner et à recevoir. La vie est tellement riche; il y a tellement de choses à faire, à découvrir.
Mais je sais aussi que je ne veux pas vivre tranquillement, je ne le peux pas. Plutôt à fond et... advienne que pourra.
Je suis fataliste mais un tout petit peu moins inconscient. Par contre je sais que personne n'est à l'abri, d'une voiture qui déboîte, d'un chauffard, d'une fermeture fatale, d'un arbre, d'un parapet, d'un cancer, d'une maladie grave.
Alors "alea jacta est".
Par expérience, je serais mort à Ténérife, je ne pourrais plus raconter de c...sur ce forum ou ailleurs. Je l'ai frôlée si souvent la faucheuse en moto, sans la chercher car elle vient te chercher même quand tu ne la titilles pas. Alors, je continue à vivre de mille manières et même avec une trajectoire zigzagante, on finit toujours par arriver quelque part. Des fois on l'a voulu, des fois pas. Une rando bien préparée, bien équipé et on peut arriver au sommet, décoller avant que les conditions soient trop fortes, ou ne même pas pouvoir se lever car on a oublié le réveil, ou s'arrêter à mi-parcours parce que le genou a capitulé, ne pas pouvoir s'envoler car le vent est trop travers.
C'est cela pour moi la vie, on côtoie des précipices, des ravins, le pied peut glisser, la chance ou la malchance selon le point de vue.
Il n'y a pas de vérité, il y a des vérités, celles auxquelles on croît, celles que l'on sent; ça peut être des vérités partagées ou pas; raisonnables ou pas, au-dessus de ses limites ou moyens ou bien en-deçà.
On le voit tous les jours sur ce forum ou sur des fils Facebook : en politique, en écologie, en économie, en social. Chacun y va de sa recette, de son ressenti alors que personne n'est vraiment expert (et même les experts se trompent !).
Alors pour résumer, oui il y a des erreurs commises dans mon parcours de parapentiste et il y en aura d'autres, car je ne suis qu'un être humain avec mes qualités et mes défauts, mon caractère, mes envies, mes désirs.
L'essentiel est d'être soi-même et de ne pas tricher avec soi-même. C'est juste là que tu te trompes quand tu dis que je me mens à moi-même. J'ai déjà subi des fermetures, involontaires évidemment mais plus faciles à gérer que volontairement au-dessus d'un lac avec un pro au bout du fil. Pas le temps de stresser ou d'angoisser...avant en tout cas ! Voilà pourquoi je sais ce que j'écris (maladroitement). As-tu déjà fait un stage de glisse sur verglas artificiel ?
et pourtant si ça se trouve tu vas prendre la route de la montagne cet hiver... (une exemple parmi d'autres).
Donc toi, et Sheebe et d'autres, oui j'entends mais je n'écoute pas nécessairement car cela n'est pas ma tasse de thé ou mon attente du moment ou simplement mon caractère. j'apprends à mes étudiants à réfléchir par eux-mêmes au lieu d'être des moutons stéréotypés, façonnés par ce qui les entoure. je fais de même pour moi depuis longtemps. A mes risques et périls.
Ayant vu les hélicoptères Dragon jaunes à l'oeuvre et les moyens développés pour aller sauver une personne sur une falaise, un arbre, ayant vu les médecins se déchaîner pour sauver une personne d'un AVC ou d'un accident de la route, oui je sais que la vie est précieuse et qu'on n'a pas le droit de la risquer inconsciemment ou consciemment, car tant de choses restent à vivre. Mais deux débuts d'été précédents, j'ai eu tellement de mal à voler, avec la peur au ventre, l'angoisse de l'altitude, de frôler les arbres et les falaises, que j'en avais perdu la confiance, le plaisir et il m'a fallu m'arracher pour prendre sur moi, pour soigner ce mal, cette paralysie. Les mots, conseils, mises en garde du forum, les vidéos d'accidents, les récits d'accidents. Deux ou trois semaines pour retrouver ce plaisir, ne plus éprouver cette peur que ce soit à10 m de la falaise ou avec 1000 m de gaz. Ca je ne le veux plus. Je laisse subsister dans un coin de la tête que je dois analyser, garder des marges. Mais j'en reviens à ce que tu disais à propos de me mentir : non je préfère 100 fois mourir qu'avoir peur de mourir, avant. Après ce sera trop tard. Mais je ne peux concevoir le vol ou la moto (je vais certainement m'en racheter une) en ayant peur de me faire quelque chose. A moi de trouver cette limite qui me tiendra éveillé, en vie et sain et sauf. Mais la peur paralyse, la peur pollue, la peur m'étouffe et détruit.
C'est aussi pour ça que j'ai pris la M6 et ai volé (dans les conditions que je m'étais fixées) une petite cinquantaine d'heures cet été avec. Pour ré-apprendre, à être plus vigilant, plus consciencieux et soigneux, plus analytique et prudent. mais voilà ça ne m'a pas empêche de vivre quelques grands moments de solitude...(ça aurait été pareil avec une C ou une B d'ailleurs). Oui on ne se refait pas et je sais pourquoi je ne vole pas (ou plus)
[DECONNE ON]
M@thieu a un incroyable talent, c'est le plus gros troll que ce forum n'est jamais Vu.
Pour preuve 115 pages sur ses "premiers vols en autonomie"...
A la tienne, M@thieu
[DECONNE OFF]
Encore en recherche d'autonomie et à la quête de soi-même
M@tthieu, la suite logique après ta M6 pour pratiquer les gonflages, c'est la Zéno en 2 lignes.
Est-ce que tu l'envisage pour l'année 2018 ?
Non, une de mes amies parapentistes - Marina - que tu dois connaître vient de passer d'une Cure à une Zeno. Cane me dit rien. J'avais dit que j'arrêtais l'escalade avec la M6. Je n'irai pas plus haut de toute ma vie de parapentiste. Pour tellement de raisons ! je n'ai pas fait le quart de la moitié du tour de son potentiel, je n'ai volé avec elle que dans des conditions soft. Elle me donne assez de plaisir. Je sais qu'elle part très vite en autorotation, qu'elle est solide mais que quand ça ferme, ça ferme. J'ai un plaisir immense à la prendre et l'Artik 4 derrière me paraît être du chewing gum. La M6 me suffit et me suffira amplement. je ne fais aucune course à la CFD, ni à mes propres records. J'ai besoin de voler, voler avec. Je n'ai pas peur d'elle, je me sens bien avec. Mais le la respecte. Et puis une Zeno pour n'avoir que deux lignes ? pour être le champion de quartier de la CFD ? Je sais tellement que l'Artik suffit pour faire de grands et beaux vols de plus de 100 km. La M6, c'est pour autre chose, la glisse, la vitesse, le plané et ce feeling incomparable de ne rien perdre dans un virage, de ressentir le moindre pet de mouche, de rester haut quand les autres se battent pour ne pas poser. Ces 3 cm de garde et être immédiatement en contact avec l'aile. Et comme tu dis, même le gonflage est infiniment plus séduisant (notamment aux arrières).
Pour l'année 2018, je compte me racheter une Artik 4 plus jeune pour les cross (plaine ou alpins si conditions il y a) emmener la mienne qui vieilli à Ténérife, prendre la M6 pour le bord de mer et les conditions faibles, m'amuser et me faire plaisir, prendre du plaisir sans toucher durement le sol
Bons vols safe plaisir à tous
Oui, ça ne vole pas ces temps-ci