C'était parti pour une journée d'interclub au treuil samedi.... La météo n'est pas de la partie. Du vent mais pas la bonne direction... Du coup déçu de l'annulation annoncée vendredi soir je me demande ce que je fais de mon weekend.... Ma petite famille malade, rhube et autres joyeusetés liées aux changements brusques de température qu'on a dans le chnord en ce moment... Pas envie de passer le week end à la maison et pas possible d'aller avec la petite famille au mobilhome...
et là, surprise.... mon "cadeau" de fête des pères avant l'heure.... ma puce me dit : j'ai fait les courses je t'ai pris tout ce qu'il faut pour casser la croute ce weekend, prend ta voile et vas y, nous on reste pour se reposer..... comme ca tu peux aller aux décos sur la cote et prendre tout ton temps... (le parawaiting est rentré dans les moeurs à la maison, mais c'est rapidement difficile avec un petit bonhomme de 3 ans et demi qui a du mal a supporter çà)
Yeeepppee je vais
.... si le temps le permet....
samedi matin, je me prépare. un coup d'oeil à la météo.... c'est ouest.... direction wimereux et on verra de la bas ce que je fais. j'ai pas de contraintes horaires ni familiales, à moi le parawaiting et les joies du pilotage a la fangio pour aller d'un déco à l'autre.... ca va fumer....
arrivée à 14h à wimereux. un copain du club arrive en même temps que moi. il me dit : trop de monde ici (envahi de belges, d'anglais et pire de lillois en goguette (comme moi quoi...)). on va a equihen, où la crête à soarign est beaucoup plus grande.
arrivée à equhihen vers 14h30/15h00. préparation du matos. c'est "fort"... 25km/h rafaleux à plus de 30.... mais il faut du dynamique sur ces sites de 15 à 30m de dénivellé...
je regarde partir pierre yves et d'autres pilotes. on s'est installé sur l'ancien déco, moins de monde que l'officiel. le vent me déstabilise un peu.... mais j'y vais.... déco face voile. jamais fait ca en plus. mais je suis guidé par 2 personnes qui m'aident à lever ma voile.... un tour dans les freins. pas grave. on me dit "laisse, tu gèreras ça après, finis de décoller". pris en charge immédiatement. je suis en l'air, mais je recule. ils me tirent vers le bas et mes pieds retouchent le sol, je peux me pencher en avant pour faire quelques pas avec plus de prise en charge. ça tire, mais je sens enfin l'aile voler. je ne touche plus par terre. je vole. je défais mon tour de frein. je m'assois dans ma sellette et engage un virage vers la gauche pour partir sur la crête avant d'être trop loin sur la plage. mais en fait avec le fort vent de face, je suis quasi statique juste à la verticale devant le déco et j'ai pu défaire mon tour et m'installer sans souci et sans stress au final. je suis même surpris de mon calme et de la précision (toute relative....
) de mes gestes.
et là, le pied intégral. 2h15 de vol. plein la vue. prêt de 2km de crête du parking au phare. je me suis gavé. j'en ai pris plein les yeux. j'ai joué avec les mouettes. je me suis éloigné du relief pour venir jouer au dessus de l'eau et retour en bas de falaise pour raccrocher l'ascendance. le pied. j'ai alterné gain max et soaring au dessus du relief et vol plus loin sur la plage pour rester avec les yeux à hauteur de la falaise. superbe sensation. avoir son corps juste au niveau de la crête, être à la hauteur des randonneurs qui se promènent.
le vent forcit, j'ai froid, mais je ne sais pas si c'est la température ou la fatigue. je n'ai pas de notion du temps passé en l'air. tous mes instrument sont dans mon cockpit (merci man's
, ton cockpit est top !) mais je n'ai pas voulu les brancher. je veux profiter pleinement des sensations sans être pollué par la lecture de matériel). je fais deux passages au dessus de l'attéro. j'observe des gens se poser. ca y est j'ai décidé comment me poser. une mini PTL en ayant légèrement dérivé vers l'intérieur avant le déco et finale face au vent. vu le relief, il y a peu de chance que je sois dans les rouleaux sii je ne dérive pas trop à l'intérieur et face au vent je n'avance quasiment plus. j'aurai le temps de gérer la descente.
ca se passe tout seul.
petite erreur au sol (je n'ai jamais posé avec autant de vent)..... je n'affale pas suffisament ma voile et elle se regonfle pendant que je me retourne vers elle.... je me fais tirer par la voile. mais étant déjà retourné vers elle, je freine tout en continuant à avancer vers la voile pour enlever la tension sur les avants. tout va bien. reculée de 2 mètres environ. pas de bobo. je crois que le gonflage avec ma vieille voile et la pratique de plus en plus assidue du cerf volant de traction m'ont appris à ne pas avoir peur de la voile, à ne pas chercher à lutter contre elle (on ne peut pas. elle est trop forte), mais à gérer ce qu'il se passe et à piloter en conséquence pour revenir à la situation voulue.
je bouchonne.
je regarde l'heure. 17h37. j'ai décollé aux alentours de 15h. un peu plus je pense. on va dire 2h15 de vol donc.... woaw...
vitesse du vent : ah... oui... ca a forcit. environ 35.
je suis fier de moi. déco face voile (assisté, mais quand même !), attero par vent fort. 2h15 de soaring. des sensations plein la vue et les oreilles.
la journée de treuil inter-club prévue est finalement programmée pour le dimanche... mais dimanche.... nord ouest... mon rêve depuis que je scrute les sites du chnord pas de calais.... le CAP BLANC NEZ !!!! RDV est pris à 9h00 sur le site. si ça le fait on y volera sinon, on ira à l'interclub treuil.
dimanche matin.... j'arrive un peu en retard. 9h30 à Sangatte. Il y a des voiles en l'air. Mais personne au déco. Je suis un peu tendu..... Que faire ?????
Un gars se pose. Un peu taciturne. Je lui demande s'il peu m'aider à décoller, il n'a pas l'air chaud. Je lui demande s'il peut au moins me dire si tout va bien dans mon aile.
3 ou 4 tentatives de gonflage face voile ratées. je commence à fatiguer. l'anémomètre me dit 14 à 25km/h. c'est pas stable du tout. rafaleux. je tente un dos voile qui me parait plus simple. raté.
un 2ième. je m'applique.orientation de la voile parfaite par rapport au vent. bien centré. je tire les avants tout en mettant en charge à la ventrale. PUTAAAAIIIIINNNNN ca va jamais le faire. c'est dur. elle est comment ma voile ? J'EN AI MARRE ! et d'un coup, ca y est ma voile est au dessus de ma tête, parfaite. contrôle. ok, un pas en avant et ca y est je suis pris en charge. le vent est moiins fort qu'hier, je m'éloigne vite de la falaise au dessus de la plage et je n'ai que 15m de gaz (et encore !). je replonge (prudemment !) vers la falaise, mais je suis très bas..... je colle à la falaise. mon bout d'aile effleure la falaise. je pilote le bout de l'aille vraiment à quelques centimètres de la falaise. sans la pratique du cerf volant de traction cet hiver, je pense que j'aurai un peu stressé là, mais je suis sur de moi et de mes gestes. je ne panique pas... et puis ... MERDE ! BORDEL DE MERDE ! J'en ai chié pour décoller, tout seul, sans aide. ils sont là haut au cap blanc nez tous, je vais pas finir sur la plage à retourner à pied au déco pour recommencer. il faut que je me sorte de là !!!
ca y est, je sens mon aile devenir plus portante. la tension sur les commandes augmente. je suis à finesse max, ca va le faire..... ca y est je monte.... encore, encore.... il faut piloter vraiment finement rester coller à cette &~#{[(@) de falaise, sans toucher mais sans s'éloigner car la zone dynamique n'est pas très large.... et le miracle s'accomplit.... l'aile arrive au haut de la falaise. la portance augmente...... ca y est je suis dans l'ascendance, je m'extraye de là et je me retrouve de suite à 20 mètre au dessus du relief. la tension se relâche, je vais réaliser mon rêve de voler au blanc nez.... le soleil éclaire les côtes anglaises, il y a des ferrys qui traversent la mer du nord dans les 2 sens. je vois des plaisanciers, et tiens, même des gens en kayak des mers. ca y est je suis au blanc nez....
je me met face au large et je contemple le paysage. j'observe aussi attentivement les autres pilotes.
après 2 ou 3 aller retours le long de la crête entre le déco et le cap, le vent s'est installé. il a forcit, il est laminaire et non plus rafaleux comme lors de mon déco et la zone dynamique est bien large.
je vais faire quelques allers retours sur cette crête en testant toutes les altitudes de vol.... bien haut au dessus du relief, mais aussi, le plus jouissif.... bas, tout d'abord juste avec la sellette à hauteur de la crête, puis commençant à bien connaitre le site, je ne sais plus combien d'aller retour j'ai déjà fait et je sais où sont toutes les ascendances sur le trajet, je m'éloigne de plus en plus au dessus de l'eau et je vole de plus en plus bas. un aller complet à mi hauteur entre la falaise et l'eau, avec la voile souvent en dessous du niveau de la crête.... MAAAAAGIIIQUE !!!! On a une vision complètement différente. Je suis au milieu des mouettes qui ne me paraissent pas effrayées de me voir. Le pied....
Bon, maintenant, il est temps de changer de jeu.... Je me mets en statique face à la mer, bien au dessus de l'eau et 'j'envoie' (ok, doucement, mais vu mon niveau, pour moi c'était digne des meilleures figures de rodriguez
) des 180° "engagés" et enchainés. J'observe mon aile, moi. c'est super. être aligné selette bout d'aile, crête, l'aile à 90° avec l'horizontale (bon ok, c'était peut être que 70° mais pour moi à ce moment c'était pareil). super...
allez, que faire d'autre ?
je vois quelques pilotes continuer la balade au delà du cap blanc nez, alors que beaucoup ne dépassent pas le cap. je les observe longuement. je repère les ascendances sur leur parcours.... allez, go ! je plonge.... au pire si je n'arrive pas à faire le retour... l'ascencion du blanc nez sur le trajet retour est assez abrupte..... au pire je poserai sur la plage qui commence à se dégager. la mer commence à baisser... ca veut dire aussi que je vole depuis un moment. la mer était haute vers 11h et j'ai décollé à environ 10h... ok, j'ai ma porte de secours. j'y vais.
et là maaagique à nouveau.... plus de 2km de cretes à nouveau. des passages "bas" avec les prés qui viennent lécher la plage.... pour mon premier passage, je ne tente pas d'ailleurs de passer ce fameux pré qui lèche la plage, sans aucun dénivellé pour faire du "dynamique". je fais demi tour juste avant et j'attaque l'ascension du blanc nez..... woaw. c'est haut vu d'en bas. je me met bien juste au dessus de la crête. ça bouge un peu. mais je monte. je pilote à la selette essentiellement. ça suffit à ajuster la trajectoire et j'évite de faire de trop amples mouvements avec l'aile. j'ajuste juste un peu à la commande quand c'est nécessaire. je stresse un peu. ca chahute. mais je monte. je me rappelle les lectures des récits des alpins sur le
et je m'imagine l'espace d'un instant dans les alpes. les touristes sont des marmottes, les mouettes des rapaces, je voie la neige au sommet. je dois l'atteindre. l'appareil photo d'un promeneur me ramène à la réalité : les marmottes n'ont pas d'appareil photo... je suis au bord de la mer. l'angleterre brille de mille feux.... ca y est je suis en haut !!!!
j'ai réussi mon "ascension" à moi... je zone au dessus du cap blanc nez, je me remets de mes émotions. je fais un aller/retour vers l'attero.... c'est fort... pas envie de poser, je vais galérer pour redécoller... je bouge un peu dans ma selette, ca va, pas mal aux reins, pourtant ca fait un bout de temps que je vole. allez, j'y retourne et cette fois ci, je vais me faire toute la crête au delà du blanc nez jusqu'à la zone où il n'y a plus que les champs qui arrivent au bord de l'eau et quelques simples dunes.
ca le fait ! je fais plusieurs allers retours. je fais le "zouave" (quelques 180 "engagés") pour des touristes qui me prennent en photo, je fais coucou à des enfants. le pied. l'ascencion du blanc nez sur le retour est avalée. aucune appréhension maintenant. je vais la faire plusieurs fois sans souci. je fais même un passage sans faire l'ascension, mais en restant au dessus de l'eau à mi hauteur entre le sommet et l'eau. la zone dynamique est vraiment large et bien installée.
je continue comme cà plusieurs fois à aller du déco jusqu'au bout des crêtes après le blanc nez.
la fatigue s'installe. j'ai entre temps mis mes gants (bel exercice : aller les chercher dans le cockpit et les enfiler en vol. tenir les freins d'une main n'est pas une bonne idée, on fait vite des bêtises, il est préférable de les lâcher et de ne piloter qu'à la selette le temps de farfouiller dans le cockpit. ma bêtise : tirer plus sur un frein que l'autre et être parti bien dans les terres. j'avais du gaz donc pas de souci, mais avec le vent qui avait bien forci, j'ai eu du mal à revenir. j'ai pas eu à utliser l'accélérateur, ça l'a fait, je suis revenu, ça m'a servi de leçon. toujours concentré sur le vol)
pasage au déco pour préparer mon attéro.... dur, dur, du vent, mais il faut y aller. je fais comme hier, ma petite PTL. je pose sans souci. je me prends juste la voile sur la tete et je vais emmeler un peu en m'extirpant des suspentes. du démellage en perspective à faire lors du pliage. je regarde l'heure :12h30. 2h30 de vol et des sensations géantes.... le soleil sur les cotes anglaises, la mer du nord, mon décollage et attéro en toute autonomie, toutes ses phases de vol intéressantes. le bord de mer est vraiment un super endroit pour apprendre à voler (hors thermiques, même si quand on a du gaz, il est possible de taquiner du thermique dans les champs autour du blanc nez). je suis relativement "fier" de ma balade après le blanc nez. j'ai vu un pilote au sol dans les champs qui a priori n'a pas réussi à faire le retour (ou a eu un autre souci, je ne sais pas)
démellage, pliage. ca vole toujours mais dans des conditions plus petites. on voit un groupe de 3 parapentes approcher de l'attero, et
trop bas. ils ne peuvent se poser au déco. et avec 15m de dénivellé, ils sont bas, bas. ils virent pour essayer de raccrocher et vont au tas sur la plage pou les 2 premiers. la 3ieme plus audacieuse ou téméraire tente de raccrocher pour remonter poser au déco et s'accroche la voile sur la falaise. elle reste pendue à la falaise.
on court bloquer la voile. après analyse de la situation, il est décidé qu'il est trop difficile de la remonter et qu'il vaut leixu q'uelle descende. 5 mètres environ à faire. elle jette alors son secours. les pilotes posés sur la plage tendent les suspentes du secours et se prépare à la réceptionner. elle descend le long des suspentes du secours. ouf. plus de peur que de mal. rétrospectivement, je repense à mon déco ce matin.... j'étais en radada au ras de la falaise, et en plus c'était rafaleux, pas stable comme en ce moment....
ou
? plutôt
fatigué, rassasié. je décide de ne pas revoler et je rentre HEUREUX à la maison. le soir je regrette un peu de ne pas avoir enregistré mes vols pour les revivre. mais je ne voulais pas me polluer avec les instruments. et de toute façon dès que c'est NO à nouveau, je recommence et cette fois ci je brancherai le GPS et le vario pour voir.
sacré weekend. environ 2h15 hier, environ 2h30 aujourd'hui. crevé mais