Ouaip... quand on débute et qu'on franchit la barre des 100 vols, on se la pète et on n'en peut plus, on est le roi du ciel... mais en réalité on est encore très novice et on a encore tout à apprendre.
Lors de mon 100ème vol, avec une Arriba d'essai, j'avais pris un gros vrac sur une rentrée de vent aussi puissante que soudaine qui avait mis à la rue tous ceux qui étaient en l'air, dont PP Ménégoz en biplace. 100 vols ! Je m'étais bien tirée du vrac (énorme frontale / shoot / tempo), PP m'avait félicitée et le jour-même j'étais allée réserver une place dans le 1er SIV qui en offrait encore.
Avec 100 vols dans la musette, il faut être encore plus humble qu'avant.
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Une monosurface, cela s'apprend et c'est facile quand on sait déjà à peu près voler. Quand on est encore dans la pataugeoire, cela s'apprend encore plus fort parce qu'il est plus difficile de changer de mental en passant à une voile très différente.
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Cela me rappelle l'époque où, dans ma jeunesse, je faisais les courses pour une grande succursale SIMCA. Je conduisais tous les véhicules et je m'amusais en allant récupérer chez des équipementiers des voitures neuves aménagées pour divers handicaps. C'était marrant à conduire mais il fallait oublier les habitudes de conduite ordinaire.
Même problème à l'époque avec les motos anglaises ou italiennes, avec sélecteur à droite et frein à gauche.
Même problème avec une voiture anglaise avec conduite à droite et levier de vitesses à gauche, en plus des repères de gabarit complètement perturbés.
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Décoller une monosurface est évident, la piloter est simple si on pense en permanence qu'elle est auto-amortie en tangage et très sensible en roulis, qu'il ne faut pas bourriner les commandes hyper-sensibles, et au moment de poser il faut être très précis. Cela se passe bien en général mais moins bien quand il y a du gradient.
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La UFO (et les autres) sont accessibles aux débutants et utilisées en école, en conditions douces. Quand cela chahute un peu, il ne faut pas oublier l'homologation en C et rester très concentré, si on a le niveau pour les voiles de ce type, et rester au sol si on ne l'a pas encore.
Quant à aller décoller en haute montagne sur un sommet exigu, ce n'est pas à la portée des novices, il faut avoir déjà une bonne expérience de la voile et des conditions dans lesquelles on va voler.
Il y a 50ans, on rêvait de pouvoir décoller près du sommet et rentrer en vol à Chamonix (par exemple) plutôt que bivouaquer dans la descente, se farcir des heures de marche pénible sur des terrains difficiles voire dangereux, et rentrer à la base complètement vannés avec les pieds en patatoïdes. L'invention du delta ne permit pas de résoudre le problème, ni plus tard celle du parapente sauf pour quelques sommets débonnaires comme le Mont Blanc, l'Allalinhorn ou la Cima Tosa. Les alpinistes d'aujourd'hui ont un outil merveilleux pour descendre des montagnes... quand les conditions le permettent mais la météo est plus fiable qu'il y a 50ans.
Cela implique d'être d'abord un bon alpiniste, ensuite un bon parapentiste avec l'expérience des décollages en montagne.
Cela ne s'apprend pas dans les livres.
Bref j'ai 50ans de trop