ah la Trilair avec ses bande rouge et jaune, elle en a envoyé un paquet de pilote au tapis cette voile...
Salut Kris, ah oui, la Trilair! Bandes bleues et jaunes non? Eh oui, ses ouvertures en fentes verticales qui promettaient un gonflage (et un retour dans le domaine de vol) tellement efficaces et rapides! Le temps de "l'exploration"!
En attendant que sorte cette petite voile avec son boudin (comme toute ses concurrente),
Pas vraiment comme toutes les autres finalement. Si vous regardez bien la photo, le bord d'attaque n'est pas ouvert. Au contraire de toutes les autres. Mais ça n'a pas d'importance! Ce qui est plus triste pour nous c'est qu'en prenant autant de temps, on dise "comme toutes les autres", alors que depuis avant toutes les autres, on a retenu ce concept. Pas grave non plus.
je me pose la question de savoir si la sortie mainte fois repoussé n'est pas orchestré pour créer le buzz??
Si seulement! Puisqu'on est entre nous, asseyez-vous, prenez vos pop-corns, je m'en vais vous raconter comment tout ça se passe (celui ou celle qui dit "oh oui Père Castor" au fond de la salle aura 2h de colle, suivez mon regard).
L'UFO est le premier concept abouti "accessible" de mono surface, après la révolutionnaire XX-Lite d'Ozone. Premier, à quelques mois près, avec une concurrente à très grand succès avec un cahier des charges un peu différent. Par une société dont le nom commence par Niv et termine par iuk.
Le cahier des charges: concevoir l'aile ultra légère la plus adaptée possible aux décollages parfois difficile en montagne et haute montagne. Sans sacrifier à la solidité ni à la fiabilité ou à la durabilité (suspentage solide, galons sur tous les arrêts de tissu, coutures doublées, Skytex 27 Classic II double enduction...). L'idée: décoller facilement partout (envergure et cône courts, suspentage élagué mais costaud, recentrage évident...), sans secours (prendre 1kg de secours quand on emporte 1,5kg d'aile semble décalé), en sécurité. C'est l'UFO.
Gros succès. Les premiers pros en France qui volent avec son séduits. On la voit partout en haute et moyenne montagne. Fabien Blanco et Philippe Collet y voient rapidement une méthode intéressante d'enseignement avec une pédagogie adaptée, avec des stages pour les guides, grimpeurs, randonneurs, trailers... Finalement, une idée excellente pour faire revenir les montagnards qui s'étaient éloignés du parapente, trop lourd, trop compliqué. L'aile est tellement évidente techniquement, qu'on peut très vite se concentrer sur l'apprentissage de l'aérologie, du placement dans la masse d'air, de l'accession à l'autonomie par la connaissance de l'environnement dans lequel on évolue. Aujourd'hui, des écoles comme Flyeo, Alpwind ou Carpe Diem se sont spécialisées sur ces formations.
L'aile est parfaite pour ça. Facile et solide. Une vraie aile école de moins de 2kg (l'objet de ce récit n'est pas non plus de faire la promo de ce type d'enseignement, il y a eu beaucoup de débats ici sur le bien-fondé ou non d'enseigner avec une aile qui ne demande pas de gestion de tangage - Etonnamment, c'est décrié en même temps qu'est discuté chez les pros l'introduction d'ailes doubles surfaces simplifiées en construction, en exigence... ).
Mais revenons à nos moutons (finalement c'est marrant, ces petites ailes toute rondes et toutes blanches, dociles, c'est un peu des petits moutons du ciel - je devrais faire du marketing tiens!).
Revenons-y donc.
Après 3 belles saisons de beaux et loyaux services, la pression monte. Pourquoi? Parce que le concurrent principal, qui corrige les défauts de jeunesse de sa première génération, inonde le marché et les espaces de communication de sa génération 2. Pas aussi bien adaptée à l'enseignement que l'UFO, mais populaire chez les parapentistes. Et les stagiaires qui débarquent dans les écoles, sans aucune connaissance du matériel, arrivent en disant
- moi de toute façon, à la fin du stage, j'achète une Peau 2.
- Ah bon, pourquoi?
- Parce que mon pote qui fait du parapente, il m'a dit que c'était mieux.
- Mieux pourquoi?
- Ben je sais pas. J'y connais rien (mon pote non plus d'ailleurs). Mais mieux.
La pression monte donc. Les écoles ont de plus en plus de mal à justifier que l'UFO, même si elle a 3 saisons derrière elle, est la meilleure pour commencer en monosurface et en enseignement. Ils en sont convaincus. Mais arrivent de moins en moins à convaincre (eh non, ce ne sont pas toujours les marques qui poussent au renouvellement du matériel, le plus souvent, ce sont les pilotes, qui continuent à voir une aile de 3 saisons comme dépassée- ce que disait très bien Luc Armant dans une interview).
Résultat: AirDesign DOIT sortir une UFO 2 rapidement. Cahier des charges? Le même. Sauf qu'on ne va pas juste sortir la même aile sous un nom différent. Ca ne nous intéresse pas. Alors tout en conservant le cahier des charges initial, on va travailler sur des paramètres contradictoires à celui-ci: la vitesse, la pénétration dans le vent, et la ressource à l'atterrissage (pour réduire les différences de technique à l'atterrissage entre une simple et une double surface... ce qui est surtout un problème pour les pilotes confirmés en parapente classique).
Alors on travaille. On trouve assez rapidement des solutions enthousiasmantes. On est tellement confiants qu'on montre notre prototype 2018 à la Coupe Icare.
Ah mais voilà, on s'est donné une contrainte de plus. On veut non seulement que l'aile ait le comportement de notre cahier des charges. Mais qu'en plus elle soit toujours bien homologuée (pour nos clients les écoles qui enseignent avec). Ce qui n'est étonnamment pas toujours compatible.
S'en suit un travail de fond. L'aile est parfaite. Mais pas homologable. Je vais passer les détails dont certains sont confidentiels. Mais pour faire simple, par exemple, on ne peut pas provoquer et maintenir une manoeuvre parce que l'aile ne veut que rester dans son domaine de vol. Pas conforme à la norme. Même si c'est encore plus safe. On ne critique pas la norme. Elle a le mérite d'exister. Avec ses défauts. C'est à nous de nous y conformer si on souhaite le label. Pas l'inverse. En l'état actuel des choses.
Pendant ce temps, les concurrents avancent. Lancent des générations 2 ou 3. Et pendant ce temps, on perd du terrain (commercialement). Mais on refuse de sortir un produit qui ne correspond pas à 100% à ce qu'on souhaite, juste sous la pression de la concurrence et du marché. On ne sort un produit que quand il nous satisfait, qu'il apporte quelque chose par rapport à la génération précédente. Qu'il a un intérêt pour les pilotes.
Alors...
je me pose la question de savoir si la sortie mainte fois repoussé n'est pas orchestré pour créer le buzz??
Je peux te répondre un grand NON! On voudrait bien. Surtout les commerciaux. On y perd beaucoup à court terme. Mais on est sûr d'y gagner à long terme. On est droit dans nos bottes. On est à l'écoute des vrais besoins du marché. Et de nos clients. Les pilotes, et les écoles. Tant pis si on perd des ventes, même pour des mauvaises raisons, dans l'immédiat. L'UFO 1 se vend toujours. Pas assez, mais c'est notre meilleure récompense pour le moment.
Finalement, même le Père Castor est plus bref et moins soporifique que moi non? Allez, annulées les heures de colle!
En tout cas le boss Français fait bien le boulot pour relancer cette marque en France.
Ah ben ça, je prends pour moi tiens, c'est gentil, ça fait du bien! Je prends pour moi mais je ne suis vraiment pas tout seul. Florian d'abord pour la France, et maintenant au moins 2 autres membres du fofo qui nous donnent un sacré coup de main. Et surtout, je suis arrivé au bon moment. La gamme est top, les ailes sont abouties, la philosophie de la boite et de ses fondateurs colle parfaitement avec la mienne, avec le marché... C'est énormément de boulot pas forcément compréhensible vu de l'extérieur, bien moins de temps qu'avant pour voler, mais quelle belle aventure...
Bon allez, je me suis endormi tout seul, je n'ai même pas la force de me relire, désolé pour les fautes Marc!
Et allez voler, ça se dégage!