Et hop, un grain de sel.
Le confinement actuellement imposé par la situation sanitaire du pays va laisser à chaque intervenant le temps et le loisir de corriger ses interventions écrites.
Ceux qui produiront un charabia illisible, requérant la sagacité des décrypteurs des services secrets, n'auront plus d'excuse.
La grande différence entre Marc et moi (un an) c'est que quand je fustige du charabie inepte on me rentre dans le lard alors que quand c'est Marc on s'excuse d'avoir été aussi nul.
je ne suis pas parano mais il y aurait là un beau sujet d'étude pour un(e) thésard(e) en psychologie.
J'ai mis des (e) parce que c'est la mode mais cela n'a pas de sens au niveau de la grammaire, très machiste comme chacun sait.
Les fac-similés d'écrits du 17ème siècle, avec la calligraphie de l'époque, sont très intéressants. La grammaire avait été fixée par Malherbe au début du 17ème siècle mais à cette époque les écoles ne concernaient pas toute la population et l'enseignement était surtout dispensé par les religieux, qui n'avaient pas tous étudié l'oeuvre de Malherbe.
Il fallut du temps pour mettre la langue écrite aux normes.
En 2de, à mon époque, on étudiait des textes et des auteurs antérieurs à Malherbe. Montaigne était un régal, Du Bellay un enchantement et Ronsard était chiant, mais quand on essayait Rabelais c'était illisible, et pourtant c'était du français mais un français provincial mâtiné du patois local.
Il fallait traduire.
Plus avant, François Villon Christine de Pisan étaient difficiles à lire pour nous (j'avais 14ans), Quant à Froissart ou Joinville, c'était impossible.
Allez à Bayeux voir la Tapisserie et tenter de la lire : c'est ainsi qu'on écrivait au 11e siècle et c'est illisible si on n'a pas de connaissances en latin, mais c'est quand même du français.
Quand j'avais 14ans, j'ai lu "Touchez pas au grisbi" d'Albert Simonin (Série Noire) et il me fallut du temps pour le lire de manière fluide, le temps d'apprendre l'argot de son époque. La mémoire a fait le reste.
Pour beaucoup de nos jeunes, qui quittent l'école primaire en ne sachant ni lire ni écrire, et pire en ignorant la table de multiplication, c'est un terrible handicap et leurs études sont déjà plombées.
Nos parents et grands-parents, quand ils quittaient l'école à 14ans, apprenaient des métiers qui nécessaitaient d'acquérir une bonne habileté manuelle mais n'exigeaient pas de formation scolaire de haut niveau. Les temps ont changé, tous les métiers demandent maintenant une solide formation de base et nos jeunes qui n'ont rien appris à l'école sont extrêmement démunis. S'ils savent lire tant bien que mal des textes simples, ils ont énormément de mal à ouvrir un livre.
J'ai eu très peu de parents d'élèves conscients de ce problème, et quand leurs enfants avaient des difficultés je ne pouvais leur donner qu'un seul conseil pertinent : "votre enfant doit lire, lire et encore lire, n'importe quoi mais il faut le pousser à lire, le stimuler, et bien entendu lui montrer l'exemple en lisant vous aussi. Un jeune qui ne lit pas ne saura jamais écrire et aura les pires difficultés tout au long de sa vie".
J'animais évidemment des ateliers lecture pour essayer d'améliorer le niveau préoccupant d'analphabétisme de nos élèves de 6ème.
Beaucoup de temps investi, beaucoup d'énergie dépensée, maigres résultats mais comme le dit si bien la Torah : "qui sauve un homme sauve l'humanité tout entière".
Il m'arrive parfois de faire une faute de frappe ou de laisser filer un "mastic" quand je reconstruis une phrase avec les outils du traitement de texte, personne n'est à l'abri de ce genre d'erreur. Cependant je considère qu'il faut respecter les lecteurs et leur offrir des écrits de bonne qualité quels qu'en soient les contenus. J'ai cette facilité, Marc aussi, et pas mal d'autres intervenants de ce forum, j'exhorte donc ceux qui s'expriment en sabir illisible à faire des efforts pour être lisibles, ce sera la meilleure façon pour eux de progresser dans la communication par l'écrit.
En 1985, Citroën a fermé l'usine de Levallois qui construisait la Deuche. Je suis intervenue sur un groupe de 18 ouvriers (17 du Maroc eu un d'Algérie) pour leur apprendre à compter, deux autres collègues leur apprenant à lire et à écrire... mais ces gaillards de 38 à 52ans qui ne savaient pas lire savaient fichtrement bien compter et ils recomptaient leurs fiches de paye pour vérifier qu'ils n'avaient pas été volés.
Je décidai donc de leur apprendre à lire et à écrire, et quand les collègues jetèrent l'éponge j'assumai les 3 vacations.
Ce fut une expérience humaine très enrichissante.
Deux de mes stagiaires, déjà alphabétisés en arabe et qui parlaient un français très convenable, apprirent très vite, ce fut beaucoup plus difficile pour les autres mais au bout de 6 mois, sans être immergés dans la langue, ils avaient appris assez de français pour être capables de lire des textes simples et de compléter un formulaire administratif simple... sauf deux qui ne voulurent jamais faire l'effort mais en auraient-ils été capables ?
35 ans après, je garde un excellent souvenir de cette expérience.