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« Répondre #643 le: 14 Février 2021 - 17:19:57 » |
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Article du journal "Le Monde" d'aujourd'hui : ------------------------ L’acquittement de Donald Trump confirme la profonde division du Parti républicain. Le vote du Sénat, hier, confirme l’ascendant de l’ancien président sur son camp, en dépit de la gravité des faits qui lui étaient reprochés. Sept sénateurs républicains ont pourtant rompu les rangs. L’événement n’a pas fini de produire des répliques.
Le Parti républicain est « à [Donald Trump ] et à personne d’autre », a assuré, le 5 février, une nouvelle égérie trumpiste, Marjorie Taylor Greene, élue en Géorgie en novembre 2020 en dépit d’un compagnonnage avec les complotistes de la mouvance QAnon. Le vote du Sénat au terme du procès en destitution de l’ancien président, le 13 février, le confirme.
Malgré des charges accablantes, l’écrasante majorité des élus républicains est restée au côté de l’ex-locataire de la Maison Blanche, comme en 2020 lors de son premier impeachment. Les acquittements se suivent pour Donald Trump. Pourtant, ils ne se ressemblent guère. En 2020, seul un sénateur républicain, Mitt Romney (Utah), avait voté en faveur de sa culpabilité dans le scandale ukrainien. Et encore, pour un seul des deux articles de la mise en accusation.
Un an plus tard, sept élus conservateurs ont jugé Donald Trump coupable « d’incitation à l’insurrection », le plus grand nombre jamais enregistré de membres du même parti que le président incriminé. Dix républicains avaient déjà fait défection lors de la mise en accusation préalable de la Chambre, le 13 janvier, alors qu’aucun n’avait osé franchir cette ligne rouge en décembre 2019.
Au lieu de consacrer un Grand Old Party (GOP) rassemblé autour de son chef, l’acquittement du 13 février a, au contraire, mis en évidence sa fracture. Et il fait peu de doute que la division aurait été bien plus profonde encore, si les sénateurs républicains avaient pu s’exprimer à bulletin secret.
Un tel vote au sein du groupe conservateur à la Chambre des représentants l’a montré le 3 février. Alors que l’aile la plus trumpiste demandait la tête de la numéro trois de ce groupe, Liz Cheney (Wyoming), une républicaine « classique », pour avoir voté la mise en accusation de Donald Trump, elle leur a été refusée sèchement par 145 voix contre seulement 61.
Cette fracture est ancienne puisqu’elle remonte à l’« OPA » hostile lancé par l’ancien président sur le GOP en 2015, lors de la primaire d’investiture présidentielle. Une fois aux commandes, Donald Trump a révisé en profondeur les dogmes républicains sur le commerce ou le déficit fédéral. Mais il a pris soin d’accompagner cette révolution de mesures de facture conservatrice comme une réduction de la fiscalité et la nomination de centaines de juges voués à défendre la liberté religieuse et les armes à feu, et à combattre l’avortement.
Cet alliage a presque fait merveille. Donald Trump, en agglomérant de nouveaux électeurs séduits par ses accents populistes, parfois venus des rangs démocrates, à son bloc conservateur de départ, a obtenu le 3 novembre 2020 le plus grand nombre de voix jamais glané par un républicain à une élection présidentielle (74,2 millions). Mais le bilan et les outrances du président sortant ont mobilisé plus encore ses adversaires, qui ont porté Joe Biden à un sommet historique de 81,2 millions de bulletins de vote.
Au lieu de prendre acte d’une défaite honorable qui lui permettait de trôner sans partage sur le Parti républicain au point d’entretenir la tentation d’une nouvelle candidature en 2024, en dépit de son âge (il aura alors 78 ans), Donald Trump s’est lancé dans une contestation des résultats qui a produit l’assaut contre le Capitole, le 6 janvier. Il a provoqué ainsi une fracture qui n’est pas près de se réduire.
Contrairement à ce que l’acquittement du 13 février peut laisser croire, ce séisme politique n’a tout d’abord pas fini de produire ses répliques. L’accusation a été pénalisée au Sénat par la précipitation qui était la conséquence d’un calendrier contraint. La Chambre avait mis, en effet, en accusation le président avant la fin de son mandat qui expirait le 20 janvier, une semaine seulement après les faits.
La création d’une commission d’enquête parlementaire sur le format de celle du 11-Septembre pourrait s’avérer dévastatrice pour l’ancien président, notamment si on se fie à la vague de départs de collaborateurs constatée aussitôt après l’assaut du 6 janvier. La justice ordinaire pourrait également se mêler de la partie, ajoutant une nouvelle procédure à celles qui pèsent déjà sur Donald Trump.
Ces ombres portées ne plaident pas en faveur d’un retour au tout premier plan de l’ancien président. Certes, il reste puissant aujourd’hui. Les contorsions des responsables républicains du Congrès en attestent. Après avoir toussoté au lendemain du 6 janvier, le chef des républicains de la Chambre, Kevin McCarthy, est rentré dans le rang, convaincu que, pour reprendre le maillet de speaker, en 2022, il doit garder intactes les deux ailes républicaines incarnées par Marjorie Taylor Greene et Liz Cheney, alors qu’elles rêvent d’en découdre dans une bataille qui déciderait de l’identité du Parti républicain pour la décennie à venir.
Au Sénat, Mitch McConnell a procédé à sa manière en votant tout d’abord contre la culpabilité de Donald Trump, officiellement pour des raisons de forme, avant d’agonir l’ancien président dans une philippique qui aurait pu être prononcée par le chef des procureurs démocrates. La peur de la base trumpiste, unique boussole d’un GOP essoré par les défaites depuis deux ans, est réelle, mais pour combien de temps ?
« Maintenant que le public américain a vu toute l’histoire, je ne vois pas comment Donald Trump pourrait être réélu à la présidence », a commenté la sénatrice Lisa Murkowski (Alaska), l’une des sept à avoir voté en faveur de la condamnation de l’ancien président, après le réquisitoire démocrate.
Une autre figure républicaine, Nikki Haley, ancienne ambassadrice aux Nations-Unies, fait elle aussi l’analyse d’un affaiblissement inéluctable de Donald Trump. « Il ne briguera pas de mandat fédéral », a-t-elle assuré dans un entretien au site Politico accordé à la veille de l’acquittement. « Je ne pense pas qu’il sera présent, je ne pense pas qu’il puisse, il est tombé trop bas », a-t-elle expliqué avant de plaider en faveur d’un endiguement de l’ancien président. « Il a pris un chemin qu’il n’aurait pas dû emprunter, et nous n’aurions pas dû le suivre et nous n’aurions pas dû l’écouter. Et nous devons faire en sorte que cela ne recommence jamais », a-t-elle ajouté. « Nous devons reconnaître qu’il nous a laissé tomber (…). Je ne le reconnais plus », a-t-elle ajouté, suggérant que l’ancien président avait trahi son camp.
La majorité des candidats républicains potentiels à l’élection présidentielle de 2024 pensent qu’il vaut mieux chevaucher le tigre, sans savoir où ce dernier va les conduire, et sans être en mesure de peser sur sa trajectoire. Nikki Haley prend date dans un pari risqué : pour tenter de conserver l’énergie du trumpisme en se débarrassant de son créateur.
Gilles Paris (Washington, correspondant) --------------------
Marc
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