Le lobbyisme écologique a frappé et frappé très fort.
Avec l’arrêt de cette centrale de Fessenheim, ce sont 2 500 000 tonnes de CO² supplémentaires/an consommés par la France par compensation (chiffre Giec).
Une fois de plus en France on a préféré afficher une posture plutôt qu'un résultat.
Une fois de plus une minorité a su habilement jouer sur les peurs pour imposer un choix, un modèle économique.
Une fois de plus on a réussi à nous faire abandonner une technologie propriétaire pour adopter des technologies importées.
Les conséquences seront lourdes pour notre avenir et pour nos enfants.
Bonjour,
Les discussions sur le nucléaire et son éventuel avenir seraient trop longues et complexes à mener ici de façon détaillée.
Mais c’est clairement continuer comme avant et ne rien anticiper qui entraînerait des conséquences lourdes pour notre avenir et celui de nos enfants.
Mes remarques en quelques mots.
Certes le nucléaire nous a permis pendant des décennies de produire une grosse part décarbonée de notre électricité, mais on se retrouve aujourd’hui avec de multiples difficultés :
- Vieillissement du parc actuel de centrales. Celui-ci était conçu pour 40 ans ; on y arrive et les fermetures ne pourront que s’enchaîner à court ou moyen terme.
- Frais d’entretien et de sécurisation du parc actuel en très forte croissance (à cause justement de l’âge avancé des centrales).
- Problème bien connu du stockage et de la gestion des déchets radioactifs de longue durée produits (pour de nombreux millénaires !) ; d'ailleurs les piscines de stockage à La Hague sont presque saturées et il va falloir en construire d’autres.
- Risques réels de gros problèmes (voire d’accidents) éventuels ; les "incidents" sont fréquents, sans gravité jusqu'à présent.
- Fermeture temporaire de plus en plus fréquente de certaines centrales à cause du réchauffement des rivières ne permettant plus un refroidissement correct des réacteurs (et cela ne va évidemment pas s'arranger dans l'avenir...).
- Dépendance sur le plan international des fournisseurs d’uranium, sans parler des conditions catastrophiques sur le plan humain de l’exploitation de ces mines en Afrique.
- etc.
On nous a promis trois avenirs radieux pour le nucléaire :
- La filière des surgénérateurs ; ils devaient en particulier « brûler » les déchets produits par les réacteurs classiques et produire plus de plutonium qu’ils n’en consommaient. Celui de Creys-Malville (près de Lyon) appelé SuperPhénix a été un échec retentissant : il a été arrêté en 1998 (suite à de gros problèmes de fonctionnement) et n’a été réellement productif que lors de courts intervalles. Il est toujours en cours de démantèlement (400 ouvriers travaillent sur le site en permanence et ce pour de nombreuses années encore). J’ai participé en 1976-1977 aux manifestations sur le site pour demander l'abandon de la construction de ce réacteur qui risquait d’être un fiasco, ce qui a été malheureusement confirmé.
- Les réacteurs de type EPR (dits de "3
e génération") allaient remplacer les réacteurs existants. Celui de Framanville devait être raccordé au réseau en 2012 et des défauts de construction successifs (problème de soudures à refaire dans des zones très difficiles d’accès en particulier…) conduiront à une mise en route au plus tôt en 2023, avec un coût qui a déjà été multiplié par 4 depuis l’origine du projet. Et EDF a réussi à en vendre à l’étranger (Finlande, Royaume-Uni) alors qu’il ne fonctionne toujours pas en France, avec des risques de pénalités financières en cas de non respect des délais de mise en service très élevés !
- La grande promesse de la fusion nucléaire (à la place de la fission) a déjà été largement évoquée sur ce forum. Le prototype de recherche ITER en cours de construction à Cadarache ne sera jamais raccordé au réseau et ne produira donc pas 1 seul kwh « utile ».
C’est un gouffre à la fois financier et énergétique (le plasma sera monté à 150 millions de degrés) et ne pourra déboucher au mieux (en étant très optimiste) que dans 30 ans au minimum. Beaucoup de scientifiques, y compris des spécialistes de la fusion, pensent que la mise au point d’un réacteur de fusion industriel fonctionnant en continu est en fait illusoire et ne débouchera pas.
Ainsi vouloir s'obstiner à tout prix, de façon massive, dans le nucléaire existant actuellement pour fabriquer de l'électricité ne peut que conduire à une impasse et il est fondamental, et incontournable, de diversifier notre « mix énergétique » et cela passe inévitablement par la fermeture et le démantèlement (processus délicat et très cher) des centrales actuelles les plus anciennes et donc les plus dangereuses, dont justement celle de Fessenheim, et d'autres suivront bien sûr.
C’est juste un avis personnel.
Marc