Allez, je me lance...comme je l'avais promis, retour sur la lecture (malheureusement en anglais, pas - encore - traduit en français, Mathilde si tu me lis, du boulot pour toi si le sujet t'intéresse, c'est moins drôle que du parapente j'en conviens
) du gros bouquin de Derrick Jensen, Lierre Keith et Max Wilbert, "Bright green Lies".
http://www.brightgreenlies.com/L'idée générale développée : les associations environnementales et les environnementalistes se fourvoient dans leur très grande majorité au sujet de la défense des énergies "renouvelables", dans le but, volontaire ou inconscient, de défendre notre mode de vie coûte que coûte (ça rappelle Bush tout ça : "le mode de vie américain n'est pas négociable"), plutôt que de défendre ce qui devrait l'être, à savoir tout simplement la vie sur terre, humaine et non-humaine, pour les générations futures.
Pour développer un peu, le constat fait par les trois auteurs, avec beaucoup (trop? peut-être...) de chiffres à l'appui, est que les besoins en ressources, d'origine minières pour la très grande majorité (cuivre / fer / aluminium / terres rares / béton / sable / eau...), pour assurer un tournant 100% "renouvelable" est totalement incompatible de l'état de la planète, et ne fera que nous emmener encore plus près du mur, ou plus exactement de finir de nous encastrer dedans.
Ils évoquent aussi le paradoxe de Jevons, développé et corroboré par les chiffres depuis plus d'un siècle et demi sur les thèmes énergétiques en général, et démontrent que l'arrivée des énergies "renouvelables" et de solutions "vertes" ne fait que s'accumuler aux autres "solutions" énergétiques, et ne fait donc qu'augmenter la consommation totale d'énergie au lieu de la faire diminuer, et engendrant de fait une pollution accrue.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Paradoxe_de_JevonsD'autre part, l'implantation de ces énergies nécessitent toujours plus de destruction des espaces naturels, participant de ce fait à accélérer la sixième extinction, le tout avec la bénédiction de Greenpeace, des partis écolos, et de tant d'autres "défenseurs" de l'environnement (étonnant quand on parle de destructions de forêts, de montagnes, de cours d'eau, de littoraux et de zones en mer profonde, et de tout ce qui vit là, et qui est normalement le "fond de commerce" des associations environnementales).
Ils abordent les thèmes du solaire, de l'éolien, de la "bio"masse, de l’hydroélectricité (barrages / marée motrice / hydroliennes), de l'hydrogène, des solutions de stockage, des réseaux de distribution.
De leur point de vue, que je ne suis pas loin de partager (oui, je continue aussi à me voiler un peu la face histoire de fermer les yeux la nuit), est que la seule issue possible pour entrevoir un avenir vivable est tout simplement d'admettre, chiffres à l'appui (je pense qu'en ce sens ils rejoignent les études de Jancovici), que le modèle actuel ne peut que nous emmener dans la tombe, au niveau de l'humanité et du peu d'espèces naturelles encore présentes (rappel : en masse, 96% des animaux sur terre sont des humains ou des animaux d'élevage!!).
Partant de ce constat, la seule solution viable, tant que nous ne disposons que d'une planète à détruire, serait de retourner à un monde pré-industriel en accord avec la nature, le tout accompagné d'une baisse drastique de la population (par des moyens humains, ils sont du coté de la vie).
En fait, ils considèrent même, et là encore ils avancent des chiffres incontestables, que la vie sur le long terme ne peut être envisagée que si l'homme arrête sa pression sur les sols, en clair si il rejette le modèle d'agriculture intensive, qui ne fait, depuis plusieurs milliers d'années, qu'engendrer la dégradation ds sols et la disparition de l'humus, qui est à la base de la vie.
On peut recouper ces affirmations avec le livre de Jared Diamond "Effondrement", dans lequel il étudie de façon scientifique la fin des grandes civilisations passée (Île de Pâques, Mayas...), et pour laquelle la pression sur l'environnement est systématiquement la cause prépondérante.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Effondrement_(essai)A noter que sur un million d'année de vie humaine sur cette planète, il n'y a que 8000 ans que l'agriculture est pratiquée, et que de nombreux peuples ont vécus jusqu’à il y a peu (en gros jusqu'à ce que les colons européens les exterminent) en parfaite harmonie avec le milieu dans lequel ils évoluaient sans recours à l'agriculture. Oui, et sans parapente, effectivement, ça devait être quasiment invivable...
Alors oui, on peut tout simplement rejeter ce constat, on peut, par facilité et par confort, traiter Jensen, Keith et Wilbert de démago anarcho-primitivistes (après tout, est-ce un gros mot?? - si oui, on doit donc considérer les amérindiens, les Mentawaï, les Jarawas, et les autres peuples chasseurs cueilleurs comme des terroristes?), mais force est de constater que leurs arguments sont dans l'ensemble frappés de bon sens, et que le déni n'est sans doute pas la meilleure chose à pratiquer dans la situation actuelle. Les habitants de l’île de Pâques ont aussi dû avoir recours à la tactique de l'autruche, mais ils ne sont plus là pour nous raconter si ça a été efficace.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Cat%C3%A9gorie:Peuple_chasseur-cueilleurOuvert pour la discussion, si elle est constructive bien entendu.
[edit]
Dans le livre est également évoqué la "supercherie" du recyclage, qui, bien qu'utile et nécessaire dans le contexte actuel, n'est en aucun cas en mesure de répondre aux besoins croissants de notre économie, et ne sera jamais efficace à 100%, ce qui engendre un recours irrémédiable à l'extraction de nouvelles ressources pour faire tourner notre belle machine à produire tout et surtout n'importe quoi.