Pour comprendre, Patrick, il faut remonter à 1874-75 quand "monsieur thiers" convainquit les députés, à une écrasante majorité royalistes, qu'il fallait proclamer la République, ce que ce-disant il ne pensait pas à celle du 4 septembre 1870, ni à celle de février 1848, ni encore moins à celle du 22 septembre 1792. Thiers avait compris qu'il est plus facile de manipuler un peuple majoritairement conservateur en lui donnant l'illusion d'avoir son mot à dire, et il recommandait donc le suffrage universel pour faire élire par ce peuple des "notables" conservateurs qui ne feraient jamais de misères aux possédants.
La démagogie, cela sert à ça.
Plus tard, il y eut un certain nombre de réveils populaires, l'aventure du général Boulanger montra bien jusqu'où pouvait conduire une démagogie mal pensée
En 1907, il y eut l'insurrection des vignerons du Midi, et l'épisode glorieux du 17e régiment d'infanterie qui se mutina pour passer aux côtés des viticulteurs et mit la crosse en l'air en refusant de leur tirer dessus.
Conséquence : les conscrits furent ensuite toujours incorporés loin de chez eux.
Les gars du 17e ne passèrent pas en cour martiale, le régiment fut envoyé en Tunisie avec un régime disciplinaire très dur. Bien peu revinrent dans leurs foyers.
La Révolution russe de 1917 éveilla d'immenses espoirs, tant les "socialistes" étaient devenus des bourgeois ramollis flirtant avec la droite, indignes de porter le drapeau rouge d'Auguste Blanqui ou de chanter l'Internationale. Avec eux, le principe républicain de "monsieur thiers" avait parfaitement réussi, ils ne menaçaient plus du tout l'ordre établi qui protégeait les fortunes.
On comprend d'autant mieux que la droite française pût loucher vers hitler quand l'agitation sociale conduisit au Front Populaire.
On compta beaucoup de vrais socialistes dans la Résistance, beaucoup d'Espagnols qui avaient fui la répression franquiste, pas mal d'immigrés aussi, qui de toute manière risquaient leurs peaux sous le régime nazi même en restant passifs. Il y eut aussi des gens de droite, des patriotes dont beaucoup venaient des Croix de Feu et qui fournirent les cadres de l'OCM, entre autres organisations de résistance.
A partir de juin 1941, les communistes entrèrent aussi en résistance et payèrent un lourd tribut du fait qu'ils étaient choisis par la police française comme otages à faire fusiller par l'occupant, de préférence aux "bons Français".
En 1945, les Américains étaient chez nous et réorganisaient le pays, complètement ruiné par la guerre et l'oppression. Le gouvernement provisoire de De Gaulle ne pouvait pas faire mieux que d'organiser des élections pour former une assemblée constituante, laquelle se fit un plaisir de virer ce grand escogriffe qui se prenait pour lui-même.
Cela fit à lae République un ennemi constant et puissant décidé à l'abattre, avec le PCF lui aussi dans une opposition permanente, aucun gouvernement ne pouvait durer dans de telles conditions. Sans dire qu'il était opposé à la représentation proportionnelle, De Gaulle stigmatisa toujours la "république des partis", sans dire évidemment que son RPF était le boulet accroché au pied droit, le PCF étant le boulet accroché au pied gauche.
Avec des gouvernements à peu près impuissants, les affaires allaient bon train mais l'instabilité politique ne satisfaisait pas les boursiers.
Le coup d'état de 1958 et la constitution infâme qui en découla furent du pain béni pour les gens d'argent.
On passa alors d'une représentation proportionnelle à une représentation par circonscriptions, un habile découpage permettant de toujours faire sortir une majorité de droite à la dévotion de l'exécutif.
C'en était fini de la République, la France était devenue une monarchie élective, comme le pays des Francs mille ans avant.
De Gaulle était un salopard mais il était intelligent, il avait très bien compris que dans cette France qui remontait la pente, les gens allaient s'enrichir peu à peu et avoir envie de protéger leurs petits biens, il fallait donc leur parler de liberté, sans doute, mais surtout de la plus importante pour eux : la liberté de faire fructifier leurs économies, mais pas n'importe comment, le mieux et le plus alléchant étant de les faire investir dans les entreprises où ils travaillaient, en leur offrant des actions gratuites quand ils en achetaient un certain nombre. Cela les mit immanquablement dans le camp des patrons.
C'est en grande partie comme ça que la droite droitisa des gens qui étaient naturellement à gauche, en suscitant chez eux un individualisme frileux de nature à étouffer les mouvements sociaux et syndicaux auxquels ils ne pouvaient plus concourir et surtout en suscitant leur hostilité.
L'Histoire est la politique d'hier et la politique est l'Histoire de demain. Essayer de comprendre un phénomène politique aboutit à une impasse intellectuelle et à des arguments de poids chez les démagogues, qui exploitent toujours l'ignorance des gens mais jamais leur intelligence.
J'en voudrai toujours à Mitterrand - un homme de droite, hélas - qui ne profita pas de l'immense vague d'espoir de 1981 pour changer la constitution, une infâme trahison des espoirs placés en lui. Pour faire passer la pilule, il tint ses promesses électorales - ce qui ne s'était jamais fait avant lui.
Je mets l'abolition de la peine de mort à l'actif de Robert Badinter, pas à celui de Mitterrand qui, en tant que ministre de la justice, refusait de signer les grâces pour les Algériens condamnés dans des conditions pour le moins révoltantes. Dans France-Observateur, Rocard l'avait qualifié d'assassin et Mitterrand lui en a toujours gardé un chien de sa chienne.
La lamentable guignolade de 2017 était prévisible et ce fut une "divine surprise" quand le Canard révéla les combines de fillon.
Juppé ne voulait pas le remplacer, il n'y avait plus de partis de gauche, il n'y avait plus de partis de droite, et dans un tel merdier il n'y avait plus que le banquier Macron, le pire de tous les candidats.
L'abstention massive était prévue, elle eut lieu.
Dans n'importe quelle démocratie, un candidat qui a fait 20% du corps électoral ne le représente pas, il n'a aucune légitimité. C'est là qu'on comprend les aspects pervers de la constitution qui autorise ce qu'on peut bien appeler une dictature, l'article 49-3 enfonçant le clou.
A l'échelon local, le gouvernement est représenté par un préfet, fonctionnaire non-élu et le plus souvent issu d'un "grand corps de l'Etat". Il arrive parfois qu'un préfet prenne une décision juste, qui va à l'encontre des intérêts de tel ou tel élu. Il sera vite muté ailleurs, avec promotion, et l'élu ripou continuera ses magouilles.
Les droits des gens, ILS S'EN FOUTENT, ils ont la bouche pleine de mots clinquants comme "liberté, état de droit" etc mais c'est pour noyer les poissons. En réalité, il n'y de libertés que celles qui ne gênent pas leurs petites affaires.
Tout ce qui leur coûte est à bannir, tout ce qui rapporte est bon à prendre.
Les accords Matignon les firent hurler en 36, le programme du CNR les fit se taire en 45 tant ils étaient mouillés par leur collusion avec l'occupant, les lois Auroux les firent à nouveau hurler.
Les gens d'argent n'ont pas besoin d'écoles gratuites (cela coûte cher) ni de Sécurité Sociale (c'est ruineux) ni d'indemnisation des chômeurs, qui ne sont d'ailleurs chômeurs que parce que leurs entreprises ont été délocalisées pour le bénéfice des actionnaires. Les gens d'argent sont aussi contre l'armée, qu'ils voudraient remplacer par des milices privées du genre Halliburton aux USA, dont ils sont évidemment actionnaires.
Les gens d'argent n'ont rien à foutre des services publics, dont ils ne se servent pas, ils veulent privatiser les hôpitaux, les universités, ils se foutent de la recherche qu'ils trouvent ruineuse.
Ils ont mille ans de retard mais ils sont à fond pour le système "libéral' qui est imposé pour eux et qui fait souffrir les populations.
Ils se conduisent comme l'état SS qui faisait trimer des millions d'esclaves.
Ils se foutent des considérations écologiques, qui gênent leur bizness, ils estiment qu'ils ont le droit de produire n'importe quel poison pour le peuple, eux ils ont de la vraie bouffe bio.
Il n'y a plus de potences ni de gibets pour les pendre et il n'y aura bientôt plus d'arbres.
Le monde est devenu vraiment triste.