Hahaha ! Il y a quelques jours j'en ai fait une belle aussi, et pas banale, qui aurait pu mal se terminer ! Si tu veux je la raconte sur ce fil...
J'avais répondu OK ... raconte la avant d'oublier
je suis toujours en convalescence, les distractions sont rares et le temps des bonnes résolutions (BPS
) est venu
Désolé, pas trop eu le temps.
Voilà, c'est l'histoire d'un réflexe suicidaire. Qui se finit sans trop de bobos mais il y avait largement de quoi partir à l’hôpital.
Pour un accident de préparation...
Suicide au casque rouleur.En ces temps de canicule, j'ai proposé un déco matinal à Val Pelouse pour s'amuser dans la fraîcheur avant que l'air surchauffé se mette à bouillonner. Vers 11h, nous ne bénéficions pas encore de conditions installées et il est donc peu rentable de décoller de tout en bas dans la combe. Nous voici donc en train de monter pour un décollage à mi-pente. Ceux qui connaissent le site savent que cette pente est bien raide et glissante.
On commence à se préparer dans quelques souffles de brise naissante. Je suis en train de secouer mes suspentes lorsque je me retrouve dans la situation du gag du casque qui roule dans la pente. Pourtant j'ai appris que le meilleur endroit pour mettre un casque durant la préparation, c'est sur la tête. Pourtant je fais toujours super attention à trouver un endroit bien stable pour poser mon casque. Mais là, que s'est-il passé, je n'en sais rien et toujours est-il que je vois du coin de l'œil ce casque qui entre de manière autonome dans mon champ de vision et qui commence à me croiser, en se dirigeant vers l'endroit où la gravité l'appelle : le bas.
Cet évènement déclenche toute une série de processus quasi-instantanés mais à des vitesses différentes, comme dans un rêve. Tout va trop vite mais de voir passer ce casque me met dans une situation d'urgence où je me regarde agir tout en développant des considérations multiples.
En premier lieu c'est comme si un collimateur s'était allumé dans mon œil : immédiatement, tout mon corps
sait que si j'agis là maintenant je
peux choper ce casque.
Je vois que le casque va prendre de la vitesse et se pulvériser dans les pierres. "Merde, c'est un intégral quand même !"
Il va accélérer et ce sera trop tard. Il va dévaler toute la pente, le replat ne l'arrêtera pas. Il va plonger dans la combe en direction de la forêt.
Il est foutu. En plus je me connais, je vais descendre 300m à sa recherche. Je ne vais pas le retrouver et ça va faire un déchet dégueulasse de plus dans la montagne ! Et je vais remonter dégouté avec plus aucune envie de voler, faudra même que je remballe mon matériel qui aura cuit au soleil pendant ce temps...
Mes jambes se détendent.
Dans le même moment, mon cerveau rationnel voit bien qu'il ne faut pas le faire ! Il voudrait bloquer l'action.
Je bondis tel le gardien de but qui va arrêter le ballon.
Nooon ! C'est une connerie !
Mon cerveau hallucine : "Annulez-moi tout de suite cette décision intempestive !"
-"Ben oui, mais heu c'est un réflexe et vous savez bien qu'on n'a pas la main sur ces processus... Là c'est parti !"
Je vole.
Le casque croise ma diagonale de vol, pile à l'endroit calculé. ...Je me fais le plus long possible, bras tendu et étiré vers la cible.
Je ne vais pas tarder à constater que c'était bien une connerie.
Je m'écrase.
Mes dernières phalanges parviennent à crocher la mentonnière du casque.
Avec la canicule qui sévit depuis longtemps, le sol est comme une dalle de béton. Je sens la douleur du genou qui tape une pierre et se tord en même temps. "Dégâts probables. A voir par la suite."
Je rebondis.
Vous saviez que nous sommes assez élastiques pour rebondir ? Moi du moins je le suis. Je l'apprends.
Le rebond m'a à nouveau soulevé du sol et j'ai fini de basculer tête vers le bas de la pente, sur le dos. Je vois passer des pavés dans mon champ de vision... Mon cerveau alerte : "Faut pas taper la tête ! C'est moi qui suis dedans !". Je ramène le menton sur la poitrine, les muscles tellement contractés que la nuque me fera mal ensuite dans l'après-midi.
Dans le même temps j'ai ramené le casque sur mon ventre et c'est dans cette position fœtale que je retouche le sol. Une alerte à la colonne vertébrale s'allume ; putain, la caillasse, le dos, ce serait trop con... ! Choc.
-"Non, c'est bon" disent les vertèbres, "ce sont les côtes qui ont pris."
-"Comment ça, c'est bon c'est les côtes !! ?" s'indigne la cage thoracique. "Faut-il vous rappeler grâce à qui tout le monde respire ici ? Alors, un peu de respect, l'aristo vertébrée !"
L'échange est interrompu par tous les capteurs kinesthésiques du corps qui émettent un bulletin d'urgence : "Nous sommes au sol mais nous glissons à vive allure sur le dos dans une pente raide et parsemée de rochers. Percussions dangereuses possibles. Mesures requises."
J'étends mon bras libre pour me freiner. De l'autre côté, un talon équilibre en labourant la pente comme une ancre (vive les chaussures de montagne en montagne !).
Et je m'arrête... De la poussière s'élève autour de moi... Je vois la trace que j'ai laissée sur 4 ou 5 mètres dans la pente... J'ai la tête en bas, je regarde mes pieds et dans l'alignement je vois mes deux camarades de décollage un peu au-dessus. Ils sont tout affairés à la préparation de leur matériel, regard tourné vers le sol et ils n'ont rien vu !
Merde alors ! On est tous équipés de GoPro ou de smartphones qui font leur cinéma, on est surveillés par les satellites en permanence, je fais LA cascade de l'année et personne n'a rien vu !
Je me relève doucement et je respire. Quelques pas tranquilles, calmes, pour remonter.
Le genou confirme : "Forte probabilité de dégâts, à surveiller. Pour l'instant c'est fonctionnel mais il faudra voir à froid. Je préconise un décollage pas trop tardif tant qu'on est chaud."
Le vol sympa qui s'ensuivra fera presque oublier l'épisode. L'atterrissage rappellera qu'un genou est touché. Puis petit à petit le corps donnera son bilan.
Douleurs musculaires. Claudication (au final un ligament qui doit cicatriser... rien de méchant), divers hématomes (dont un spectaculaire sur le haut du fémur !), multiples écorchures et griffures (eh oui, plongeon en short et t-shirt dans la pente...) et en plus deux côtes plus ou moins cassées (fêlées ?) qui m'ont empêché d'éternuer ou de rire jusqu'à maintenant.
Bon, l'essentiel est sauf.
Le truc qui est dingue, c'est que je serais incapable de manière délibérée de plonger mains en avant dans cette pente tellement ça fait peur ! Ca m'a fait repenser à une discussion que j'avais initiée sur ce forum : en situation d'urgence, on fait selon son être intime. Et donc se connaître est aussi important que tenter de s'éduquer (l'un ne va pas sans l'autre).