Je dirais que c'est l'extérieur qui a décroché : c'est le côté fermé qui shoote (grosse attaque oblique côté droit), c'est bien que cette demi-aile fermée passe par une phase très courte où elle est en décrochage lors de la rouverture. J'imagine que le pilote la bloque en tirant l'élévateur D (ce qui d'ailleurs fait que la fermeture rouvre vite) et qu'au moment où la voile cherche à revoler ça lui remonte la main pile dans le bon timing pour générer un gros shoot.
Edit : en acro, on utilise ce shoot aérodynamique pour rythmer la sat et passer en infinit, c'est le même principe.
....(en réponse à Mathieu, pas à Benoit)
Non - pas de décrochage
1-Frontale - ou grosse fermeture asymétrique semble-t-il
2- Bascule arrière - à ce stade, je ne crois pas que le pilote ait eu le temps de faire quoi que ce soit
3- La voile chute quasi verticalement (surchage de ce qu'il reste du profil de la voile, entrainée par le pilote dont la trajectoire s'infléchit vers le sol)
3- La voile réouvre seule sous un facteur de charge élevé (choc) et accélère
4- La voile abat - à ce stade, le pilote semble tirer sur ses commandes ce qui serait plutôt aggravant pour l'abattée ( Cf. le schéma précédent - quand l'abattée a dépassé nettement la verticale, il est trop tard pour une tempo - il n'y a plus... qu'à prier!)
5- Le pilote repasse dessous
6- Il est trop bas et percute les arbres
...
Paul, estimes-tu vraiment qu'après la bascule arrière, il n'y a pas de décrochage dynamique d'une demi aile?
Ayant également vécu ce type d'attaque oblique à Tenerife, mais loin du relief et haut, et en voyant la voile shooter devant moi, avec un moment d'apesanteur avant de chuter... j'essaie également de mieux comprendre le comportement de la voile.
A+
Tout d'abord, respect aux analyses des pilotes d'acro de savoir distinguer avec autant de finesse des figures aussi dynamique - Le temps ne se déroule décidément pas à la même vitesse pour tout le monde... et ce n'est pas une question de relativité!
Pour disposer encore de quelques enregistrements synchro (accélération, vidéo) réalisés avec l'aimable collaboration de Raul en 2006 des figures qui sont devenues à peine 10 ans plus tard les "basiques" de la discipline, je ne peux qu'être admiratif... et aussi m'étonner que les accéléromètres 3-axes ne soient pas plus répandus -tant pour débriefer que pour gérer les matériels (on ne "détend" pas impunément!)
Pour avoir fait comme pas mal d'entre nous -de ce que je comprends- l'expérience de la chute libre vers la voile passée sous soi, je ne peux personnellement que témoigner d'un ressenti plus "smooth" qu'un décrochage dynamique
Aussi mon analyse est-elle beaucoup plus simple
Elle tient en quelques convictions :
1- la bascule arrière n'est pas un "arrêt" dans le ciel de l'équipage constitué par la voile et son pilote mais au contraire une forte accélération (quasiment la pesanteur) associé à un départ en chute
La trajectoire du pilote dans son harnais trainant la voile fermée derrière lui va s'infléchir vers le sol
Jusque là, nous sommes dans des comportements "standards", tels que l'on pourrait les reproduire en SIV
Mais la réalité d'une forte descendance est tout autre : l'aile "avalée" par le flux descendant ne "traine" pour ainsi dire pas dans les premiers instants de chute
D'où le sentiment immédiat de chute libre
2- La voile ne s'est pas vidé de l'air quelle contenait avant la fermeture
En effet, la fermeture du bord d'attaque est extrêmement rapide et enferme l'air dans les caissons (une dizaine de kg qui se rajoutent à la masse de la voile) - soit un projectile d'environ une quinzaine de kg au total qui accélère quelques instants en chute parallèlement à la trajectoire pilote (cela fait une beau boulet)
Notez que jusque là, le fait d'avoir une voile légère ou pas importe peu (il en est différemment lorsque l'on parle de fermetures asymétriques maintenues, l'air contenu ayant le temps de se drainer)
3- Si le pilote n'intervient pas, le bord d'attaque se déplie quand la vitesse de chute a dépassé nettement la vitesse de la descendance
Le bord d'attaque structuré réalimente alors le profil de la même façon qu'il opére quand vous gonflez votre voile dans du vent fort, en pleine fenêtre... et ici sans pouvoir avancer vers la voile pour calmer son ascension !
Pour savoir comment une tempo peut être efficace pour arrêter une abattée, il n'y a qu'à observer les dépassements et les magnifiques frontales consécutives à des gonflages non maîtrisés et/ou des tempo tardives pour comprendre ce que peut être une abattée... "soft" : bien "franche", rapidement conclue (pour produire transitoirement plus de trainée que de portance-c'est toujours la même histoire) et surtout déclenchée assez tôt (au passage à la verticale du pilote).
Parce que dans le cas d'une forte descendance, c'est l'expérience d'un gonflage dos à la voile dans plus de 10 m/s de vent avec un gradient fort au sol qu'il faut vivre pour commencer à ressentir ce qu'est une abattée... "profonde" !
Là, c'est "nerfs d'acier", vitesse d'un félin et amplitude maximale des bras avec les mains derrière les fesses... enfin... je crois...
Pas eu le temps les deux fois que cela m'est arrivé, je n'ai pu me concentrer que sur ma stabilité dans ma sellette... et attendre de repasser dessous pour gérer la suite (tempo ou sortie de parachutale)
4- La dynamique de l'abattée qui suit est conditionnée par la vivacité de la remise en forme de la voile
Cette vivacité est accusée par les bords d'attaque très structurés ayant un (trop?) bon rendement à des incidences élevées- entrainant une remise en charge brutale de la voile et son départ en "shoot"
Ensuite, il n'y pas de raison que l'abattée s'arrête tant que les suspentes sont en tension
Rque : vous n'avez jamais fait le cauchemar d'un "piqué infini" en parapente ? Vous manquez d'imagination... Le temps peut alors paraître bien long, croyez-nous !
C'est encore plus vraisemblable avec des bords d'attaque qui sont particulièrement efficaces à des incidences faibles (optimisés pour la finesse à haute vitesse) et des profils ayant un fort moment à cabrer; c'est ce qui est le plus répandu en ce moment car cela donne une grande stabilité au profil en turbulence (on peut imaginer qu'un shark-nose oscille légèrement dans le plan vertical, compensant seul les petites variations d'incidence)
Il vaut mieux alors que le bord d'attaque se soit refermé avant de passer passer la verticale... ou bien après... ça dépend... si vous êtes déjà au dessus
Ainsi, pour moi, l'analyse conforte l'expérience pour dire que le scenario le plus simple est le plus véridique : il n'y a pas de réel décrochage dans ces incidents - seulement une rupture brutale de la stabilité qui peut être suivi par une remise en charge tout aussi brutale de la voile
Et de penser que la sensibilité d'une voile au "shoot" peut être pressentie en pratiquant le gonflage dans un vent soutenu avec un bon gradient au sol (traction, accélération, fermeture du BA, etc.)
On ne joue jamais assez au sol
C'est aussi une bonne façon de commencer à appréhender si la voile que l'on veut acheter convient à son niveau de pilotage