(@) Nico, oui nous ne sommes pas éloignés que ça avec nos visions de comment espérer voler... longtemps. Sans doute nos différences tiennent plus dans la sémantique et façons de s'exprimer que sur le fond de la problématique.
Après quand je dis que nous faisons en tant qu'humains forcément des erreurs, cela ne signifie pas pour moi que forcément pour rester dans le cadre du parapente, il nous faille forcément faire des erreurs qui conduisent à l'accident. L'accident est le plus souvent non pas le fait d'une seule et très grave erreur mais bien plutôt une chaine d'erreurs/causes plus ou moins importantes voire éventuellement insignifiantes considérées seules. L'idée est celle de la plaque trouée de gestion des risques potentiel de J. Reason cher à Jean-Marc Galland dans sa démarche de SIGR. Éliminer une seule de ces causes/erreurs et on brise la chaine d'événements qui conduit à l'accident.
Donc la différence entre un incident et un accident ne tient pas pour moi à la chance ou malchance mais avant tout à notre capacité d'éviter parmi toutes les erreurs que nous commetton, celle de trop, celle qui permet à la chaine décrite précédemment de nous amener à l'accident.
C'est une fois l'accident arrivé que la chance ou la malchance peut changer notre destin. Par exemple si le vent nous emmène sous secours sur la Ligne THT. Bien que l'on peut se poser la question si ce risque avait été ou non intégré dans le plan de vol au vu des conditions aérologiques du moment, de l'aile et du secours utilisé, etc. Maintenant si le secours ne sort pas ou ne s'ouvre pas est-on plutôt sur un cas de malchance ou de mauvais conditionnement/pliage ?
Évidemment qu'après coup et devant son clavier il est beaucoup plus facile de "juger" de nos erreurs de jugements mais il me semble pour autant que nous avons un ordinateur extraordinaire à notre disposition pour échafauder des hypothèses afin de tenter d'éviter les concours de circonstances malheureux (puisque l'on sait qu'ils peuvent exister) Cet ordinateur ultra-performant s'appelle cerveau.
Tu écrits :
J’espère bien que quelqu’un qui estimera avoir fait une erreur de jugement ou avoir eu un gros coup de pouce de la chance remettra en question ses choix.
Ce serait parfait et changerait certainement radicalement l'accidentalité mais honnêtement, avec l'information sur l'accidentalité dont on dispose grâce à la FFVL et aussi au Chant du Vario, personne ne devrait avoir besoin de griller d'abord un Joker pour se remettre en question, non ? Et plus loin, on connait tous des "Joel" dans nos entourages, qui ont déjà grillé des Joker par paniers pleins voire qui se sont déjà mis des cartouches et les ont payé avec douleurs, larmes et parfois séquelles et qui pourtant, s'il le peuvent encore, y retourne avec la même "philosophie".
Ta réflexion sur "chance/malchance vs erreurs" est très intéressante :
Parler de chance pourrait avoir comme effet pervers de laisser penser que "a quoi bon réfléchir vu que c'est la chance qui décidera" mais j'ai quand même de gros doute sur le fait que quelqu'un puisse penser cela.
Parler uniquement d'erreur pourrait avoir comme effet pervers de laisser penser que l’on peut s’en protéger à 100%
Pourquoi penser qu'il serait plus normal ; d'être orgueilleux au point de penser pouvoir se protéger à 100% de ses erreurs, que d'être fataliste au point de penser que puisque l'on ne peut pas se prémunir de faire des erreurs autant croire en chance/malchance et espérer fréquenter plus souvent la 1ère que la 2ème. Penser de façon extrême comme ceci ou comme cela, relèverait pour moi déjà d'une pathologie mentale.
Par contre entre les deux extrêmes il y de la place pour trouver son fonctionnement dans sa pratique et celui qui sera encore là à en digresser dans... 20 ans (histoire que je puisse encore espérer parler de ma pratique vol libre) On pourra supposer qu'il était assez juste avec son juste milieu.
Après je ne prétends pas que la chance ou malchance n'existe pas mais je pense en toute sincérité que c'est que très très rarement que l’on doit notre bonheur ou malheur à l'un ou l’autre. Si les gagnants au 1er rang de l'€-millions ou les tués par chute de météorite se comptait par milliers cela se saurait.
(@) M@tthieu,
Pour moi il y une grosse différence entre faire les choses consciemment et se retrouver malgré soi dans une situation ingérable. Je suis d'accord, le résultat est le même. Là il rogne sur toutes les marges. Ca passe mais qui d'entre vous sachant qu'il l'a fait, feriez exactement ce même vol avec ces marges aussi faibles ?
D'abord : NON ! Non même s'il volait disons 1 km devant avec une voile moins performante et que l'on serait dans le même plan de finesse, je ne le suivrais pas. Je ne me risques jamais à pousser aussi vers le bas mon curseur de "marges". C'est de la roulette russe, ni plus ni moins. Mon plan de vol en Xc va toujours de vache en vache que je repère suivant le sens du vent/brise devant ou derrière moi. Mais je veille à être toujours en finesse raisonnable d'une vache raisonnable. Cela m'a déjà permis de boucler quand le copain qui voulait absolument faire "le" vol, a fini accroché dans les arbres.
Maintenant je ne peux pas rejoindre ton avis, du moins pas comme tu le dis :
Pour moi il y une grosse différence entre faire les choses consciemment et se retrouver malgré soi dans une situation ingérable. Je suis d'accord, le résultat est le même. [...]
Réduire en toute conscience ses marges comme il le fait avec dans son vol "189,xx km" est tout simplement, pour moi tout perso, une absence de conscience de la valeur de notre vie et de sa fragilité.
Se retrouver dans une situation "ingérable" de ce type ne devrait jamais pouvoir se résumer par "malgré moi" car cela résulte forcément de choix préalables. Et là, soit on n'a pas les compétences nécessaires pour juger pertinemment des bons choix à faire, soit on est dans la situation plus haut de ne pas avoir conscience de la valeur de notre vie et de sa fragilité.