Petite réaction à chaud suite à la lecture d'un bouquin de vulgarisation scientifique. J'ai posté ça sur une autre plateforme mais je trouve que ca colle vraiment bien à ce fil de discussion, en donnant un argument à la fois pro-developpement technologique et anti-decroissance mais aussi pro-catastrophiste (mais à un peu plus long terme que les arguments malthusiens habituels).
Pour résumer en deux phrases : notre civilisation moderne si elle n'évolue pas très très vite a très peu de chance de survivre plusieurs millénaires aux violents changements climatiques habituels de la planète, même s'il n'y avait pas l'effet de serre. Soit on arrive très vite à développer des sources d'énergies beaucoup plus abondantes que celles qu'on a déjà, et on trouve des moyens de vivre dans des conditions beaucoup plus hostiles que celles à laquelles nous sommes habitués, soit on va en chier sévèrement lors de la prochaine glaciation ou de la prochaine désertification de la planète.
Le livre c'est "Une histoire de tout ou presque", de Bill Bryson. Je vous le conseille même si vous n'êtes pas d'accord avec mes idées politiques habituelles ou les conclusions que je tire de sa lecture. Le livre en lui-même est apolitique et très passionnant.
Je suis en train de finir la lecture de ce livre remarquable qui présente une histoire de la science pour le grand public. Il insiste beaucoup sur la géologie et l'interaction d'événements géologiques majeurs avec le climat (éruptions de super-volcans, collisions avec astéroïdes, dessèchement de la Méditerranée suite à la fermeture du détroit de Gibraltar causant indirectement une ère glaciaire...)
Ce que je retiens vraiment de ce livre c'est à quel point les connaissances scientifiques évoluent vite, à quelle fréquence les certitudes des théories passées sont remplacées par de nouvelles certitudes, même encore aujourd'hui à l'époque moderne. Et aussi à quel point la période climatique stable et tempérée récente qui a accompagné toute l'évolution spectaculaire de l'humanité, depuis l'invention de l'agriculture et des civilisations, est une anomalie par rapport aux fluctuations passées. Et l'essentiel de notre civilisation moderne tient sur des avancées industrielles encore beaucoup plus récentes que ça, post 1850, et n'ont dans l'ensemble jamais été testée s dans des conditions climatiques significativement différentes du climat actuel.
Sur une période très courte à l'échelle géologique, une poignée d'années en cas d'événements cataclysmique type impact d'astéroïde ou éruption volcanique majeure, une poignée de décennies en cas de modification d'un courant océanique, tout peut changer et ça pourrait potentiellement détruire toute la civilisation humaine moderne. On ne peut même pas vraiment dire avec certitude quel seront les impacts indirects de l'effet de serre sur un horizon de quelques siècles. Pour peu que ça augmente les précipitations neigeuses significativement sur l'hémisphère nord il n'est pas exclu que ca cause un âge glaciaire plutôt qu'un monde tropical sans glaciers.
La conclusion que j'en tire c'est que la fuite en avant technologique n'est pas la pire idée qui soit. Ce n'est peut-être pas débile de se dire que la seule chose qui peut sauver l'humanité moderne à une échéance pas si lointaine serait de développer très rapidement des sources d'énergies abondantes (type fusion nucléaire) nous permettant de maintenir la civilisation même si les conditions devenaient extrêmement hostiles plutôt que de compter sur la décroissance pour hypothétiquement stabiliser notre climat (pour combien de temps)?