J' ai pas Facebook
Un résumé ?
"Laurie Genovese
DAY 4
Levée à 5h30 après 7h de sommeil qui ont fait du bien à toute l'équipe. Mes sensations étaient vraiment bonnes au 3eme jour, les meilleurs depuis ce départ mais il faut gérer la longueur de l'épreuve et anticiper les coups de mou, choisir les jours opportuns pour ne pas pousser au max des horaires. Après 3h de marche en compagnie de Gino, nous attendons dans le brouillard que ça s'ouvre, je prends le temps d'une courte sieste. Difficile de ne pas ruminer alors que les autres avancent sur le trait. Je réussi mon vol, dans des conditions pas faciles, l'activité se passe sur les faces Est mais la brise est déjà très forte, les plafonds sont bas et la navigation technique. Vol inespéré jusqu'au pieds du Zugspite, je remonte pour un vol en direction de lermoo. Au menu, deco pierrier avec un bon travers où u je ne suis pas a l'aise, je tarde et finie par prendre quelques bonnes gouttes.À l’atterro Gino et Alexis, plieurs diplomes me font remarquer que la voile est mouillée. Nous attendons Yael pour signer, elle m'a fait une belle démo au déco mais n'a pas eu le même glide. Ravito en pâte et petit point météo avec Laurent Valbert, nous pensons qu’un dernier glide possible et montons au décollage.
Après deux essais ratés, je comprends que j'ai une clé. Je l'enlève et fini par décoller, pensant que la paresse de ma voild venait de là. Il m'en reste une sur le frein gauche mais la voile semble accepter le vole accéléré. La pluie s'intensifie, les gouttes sont fines, je pense pouvoir rejoindre la vallée sans chercher à optimiser le glide. Pour ça il faut traverser 2 lignes à très hautes tension, qui sont à flanc de forêt. Ma finesse se détériore et arrivée juste au dessus des lignes, ma voile part en parachutale, elle s'arrête donc de voler. L'instinct de survie se réveille, la mort est sous moi. Je relâche l'accélérateur pour le renfoncer franchement, rien ne se passe. J'attrape mon secours pour le jeter a l'opposé de la brise, il met du temps à s'ouvrir car je n'ai pas de vitesse. Il me prend en charge à la seconde ou je percute les arbres, ma chute s'arrête à 15m du sol. Je préviens mon team que tout est ok pour ma santé physique, soulagée d'avoir échappé aux lignes et la je comprends que je ne suis retenu par aucun vrai arbre, je suis entre 3 pins et ma voile est sur des branches. Mon équipe est rapidement sur place. Pendant la première demi heure, je prends l'orage et le vent, je glisse doucement par tranche de 5cm. Je craque au téléphone avec l'équipe puis j'essaie un exercice d'autohypnose pour contrôler l'angoisse qui m'envahit. Accepter sa condition, que la peur ne changera nullement. La suite ne dépend pas de moi. La météo empêche l'hélicoptère de me récupérer,les secouristes arrivent mais la mise en action est très longue car la situation complexe, réfléchir avant d'agir. Ils trouvent une solution pour équiper 2 arbres, me lancer une corde raccordée à une poulie de chaque côté. Une fois mise en tension, je dois couper mes suspentes et élévateurs de secours. J'ai mal au coeur, en coupant la voile mais ce n'est pas elle qui me retient en hauteur, puis j'ai vraiment la nausée lorsqu'il faut couper le secours. Je fais confiance aux secouristes, qui me ramènent sur la terre ferme, gelée mais vivante. Je craque. Si je veux continuer la course le lendemain, je dois marcher depuis ma position de l'accident avec mon matos, ça me paraît absurde, je rêve juste d'un lit chaud. J'active le mode robot, je marche 45 minutes pour trouver un coin de bivouac et me laisser la possibilité de choisir de la suite demain.
La sellette n'a rien, bravo et merci néo pour le choix du tissu résistant.
La déception est grande, l'analyse est simple, nous poussons les limites du vol libre pour pouvoir être meilleure qu'un autre, c'est le principe de la compétition en marche et vol. J'avais l'impression jusque là d'engager consciemment, la prise de risque est obligatoire vu le terrain engagée et la météo très compliquée, mais cette conscience est un gage de sécurité. Et pour ce dernier vol, je n'en avais pas, la fatigue et les longues journées font qu'on oublie facilement l'enchaînement des évènements et le vol d'avant était déjà loin. L'eau ne pardonne pas et je le savais.
Aujourd'hui je marche, et c'est un bonheur d'avoir les pieds au sol. Je n'abandonnerai pas. Pas à pas. Évacuer ma frayeur et retrouver de la confiance en vol.
Merci à mon équipe, aux secouristes, a la team FRA4 qui sont au top avec moi, a l'organisation RedBull et désolé pour mes partenaires, pour ozone, cette voile était un petit bijou."