Le proto ARBIZON du mondial 91 de SAINT-ANDRE
<Le modèle de série marchait... moins bien...>
Notez la disposition du suspentage en "quinconce" et non pas en lignes.
Ce qui devait certainement poser des problèmes pour accélérer puisque l'essai indique une vitesse maxi de... 39 km/h !
Quelque part dans l'espace/temps ; coordonnées temporelles... imprécises mais printanières selon la référence hémisphère Nord d'une certaine planète Terre, coordonnées géographiques mieux définies puisqu'il s'agit du Col de la Core.
On vole depuis déjà... un moment... seuls... et nous finissons par ressentir certaines lacunes qui nous ont poussé à nous inscrire à ce stage de perfectionnement. En ce même lieu, le Col de la Core, ma compagne avait fait l'année précédente, en totale autonomie son premier grand vol. Sans radio, sans assistance, sans analyse météo, sans connaitre le site et en décollant dans le rouleau créé par la brise dominante de la vallée de derrière... Nickel !
Ce milieu de stage, le printemps est donc... Pyrénéen et le décollage n'est pas loin du nuage lorsque nous arrivons sous le crachin. Une aile est en l'air. Youpi ! Ca vole ! Alors que les moniteurs n'y croient pas je saute de la navette et empoigne mon sac pendant que plus de 30 km/h de vent glacé me fouettent le visage. "Pas la peine de prendre les sacs !" me dit-on. Mais pourquoi puisque ça vole, on va voler ?!!
On monte d'abord s'asseoir au décollage pour observer.
C'est Laurent Combes qui fait des réglages sur un proto Arbizon tout blanc. Il décolle, avance, revient, se repose, bidouille et repart. Ca vole, je vous dis ! Et c'est fastoche !
Il est accompagné d'un gars de Saint-Girons, deux fois plus lourd que lui. A l'occasion d'une repose, celui-ci lui demande : "Je peux voir ce que ça donne ?" et Laurent lui prête le proto. Le gars s'harnache sous l'aile blanche qui flappe dans la pente, se retourne face à la voile, sollicite gentiment les avants... et l'aile violemment gonflée en effet spi le catapulte vers l'arrière, le traine au sol à Mach 12 dans le sens de la montée ! Il passe lancé comme une balle à quelques centimètres de notre petit groupe et l'espace d'un instant, tous les spectateurs impuissants l'imaginent avec horreur propulsé en perdition sous le vent du col, sur son versant nettement plus raide et rocailleux !
En fait, une seconde plus tard l'extrados de l'Arbizon se prend sur toute son envergure sur le fil de fer de la clôture qui marque la limite très exacte de la crête. L'aile se plie en deux longitudinalement, se dégonfle et la course folle s'interrompt, sans bobo ; ça ne tenait qu'à un fil disposé par des éleveurs...
Le matériel est redescendu en vrac dans la pente. Laurent Combes remet de l'ordre, démêle et redécolle avec toujours autant d'aisance. Il s'amuse à aller poser les pieds sur les cimes des sapins sur le flanc de la vallée.
Finalement non, ça ne vole pas me dis-je. Ce fut une sorte de choc pour moi, me rendre compte comment on peut être totalement aveugle à ce qu'on n'a même pas les moyens d'imaginer. A l'époque, si j'avais été seul, j'aurais en toute naïveté tenté de me mettre en l'air...
La pluie arrive, on se rapatrie à la navette et on prend la route qui descend vers la plaine. Sous les gouttes de plus en plus denses, Laurent guide dans les rafales sa belle Arbizon blanche vers l'atterrissage.