Contrairement à ce que dit Auteur 4 en première page et à ce que pensent certains, je ne suis pas une tête de mule.
j'avais des idées préconçues sur la sécurité en parapente.
Brièvement :
- j'ai pensé au début que si je pouvais décoller, ou si la cîme des arbres du déco ne vrombissaient pas, en l'air ça allait le faire, ne sachant pas que l'aérologie 100 m plus haut pouvait être complètement différente d'en bas.
- j'ai pensé au début que l'aérologie était toujours valable pour "quelques heures" ne sachant pas qu'elle pouvait soudainement se transformer en quelque chose d'involable
- j'ai pensé que mes yeux ne me trahiraient pas alors que l'air est invisible et je croyais à tort que les cisaillements étaient juste des mots, les rotors des illustrations de bouquins pour peureux, les effets bagnards des vues de l'esprit scientifique
Je pourrais multiplier les exemples, car je les ai vécus. J'ai pu être traumatisé physiquement et mentalement.
Je suis le genre de personne (têtue mdr) qui ne peut - en parapente - que vivre les choses pour les comprendre. Oui je sais je suis mal foutu. On aura eu beau me dire que je grillais des jokers au début de ma carrière de parapentiste, je n'ai pas cru grand monde, pensant que ma bonne étoile et mon courage et ma témérité, ma volonté feraient le reste. C'est souvent - toujours passé. Jusqu'au jour où.
Dans mes 2 ans et demie de parapente, j'ai vécu plein de choses, des très bonnes et des moins bonnes. Et par la force des choses, je suis devenu plus sage.
C'est la phrase qui me revient "
Voler est beau mais ce n'est pas anodin" car nous ne sommes pas des oiseaux.
Alors de pilote inconscient, je suis devenu pilote plus sage. par la force des choses, par ce que j'ai vécu; par ceux qui m'entourent (trois pilotes avec plus d'expérience qui ont fermé près du sol avec fractures). Plus mes propres séquelles.
Il a fallu que j'en passe par-là pour que mon discours change, pour que j'arrive à renoncer à un vol. Parce qu'autrefois, je me gavais de vols jusqu'à...la boulimie, maintenant avec plus de 700 vols, je suis passé à l'âge de raison, où effectivement, si je ne vole pas aujourd'hui, c'est parce que le plus beau vol reste à venir.
La semaine dernière , vent complètement de travers avec rafales à 30 et décollage légèrement sous le vent puisqu'il y avait un petit éperon rocheux sur la gauche d'où venait le vent; j'ai l'aura de quelqu'un qui a 450 h de vol et les piou-pious me regardent.J'ai déplié la voile, attendu que ça se calme, attendu et ai renoncé. Tant pis pour mon aura. En plus ça caillait trop...
Je sais que ce vol ne m'aurait rien apporté et tant pis pour l'image du "vieux" pilote qui se dégonfle. C'est là que mon ex-moniteur m'a dit que j'avais progressé. Je croyais qu'il se moquait de moi
peut-être ou pas. Dans la descente en 4*4, j'ai réfléchi à ce que e n'avais pas fait. C'est là que j'ai compris que j'avais passé un cap. Se poser la question, c'est déjà douter, et on ne peut pas voler dans le doute.
Mais je n'aurais jamais eu ce raisonnement,c e recul il y a 6 mois ou un an car je n'avais pas été confronté à la peur, à la douleur physique. On a eu beau me raconter des histoires de pilote d'expérience se fracasser, j'ai toujours pensé que c'était de la malchance. Maintenant je sais ce que signifie avoir mal, être immobilisé, l'échapper belle. Et la peur et le souvenir me préservent. Je ferai certes des conneries mais de moins en moins et j'espère de moins en moins graves.
Tout ça pour dire que les plus beaux discours sécuritaires de la Fédé n'y feront rien s'il n'y a pas au-delà des statistiques des hommes, auxquels on s'identifie, auxquels on voudrait ressembler, qui ne prennent pas le discours en charge.
Par exemple, un voltigeur ou crosseur de renom qui explique ce qui lui est arrivé, ce à quoi il a échappé. Car avec la "magie" d'internet et de Youtube on a l'impression que tous les exploits sont à portée de n'importe quel quidam. Traverser n'importe quelle aérologie, avec n'importe quelle voile. Et oui grâce à ces exploits d'inconnus, on a l'impression qu'on peut faire le tour du Mont Blanc en juillet-août.
Par contre - et je terminerai par ça - quand un certain Martin Morlet ou Régis Fouret ou quelqu'un qu'on admire pour ses vols vient vous voir en vous demandant d'analyser votre ânerie, là cela a plus de portée. Pour moi en tout cas, plutôt que me faire la morale...qui n'a jamais marché avec moi...
Quand je parle de parapente à des novices, maintenant je dis que j'ai fait des bêtises et que je le regrette; je dis mes erreurs, et explique mon enthousiasme douché. Mais jamais je ne dirai "
ne fais pas ça, c'est n'importe quoi ! tu es un c.. tu vas finir dans une boîte en sapin"
Bons vols safe plaisir à tous !