Voici mon petit article concernant mes tests et ressentis sur ces 2 guns de course.
Bon ben commençons par déballer l’U5!Avant de pouvoir déplier la bâche il faut la sortir du sac à dos, du sac de protection, enlever la sangle de maintien, le sachet d’élévateurs et enfin la sortir de la « chaussette ».
Tout d’abords le sac à dos ; il est robuste et très confortable. Son volume est correct et il est pratique avec sa longue poche avant et ses 2 latérales. Une poignée sur le côté ainsi qu’une autre sur le dessus permet aisément de le sortir du coffre de votre voiture. Les sangles sont rembourrées, ce qui offre un excellent confort. Seul bémol, tout ce confort engendre un volume relativement important à caser dans votre sellette.
Ensuite le sac de protection, sangle, chaussette et sachet sont de très bonne facture. Tous étant ornés du très joli logo « AIRCROSS ». J’avais une boom avant et tous ces accessoires me paraissent familiers…
Une fois la fermeture-éclair de la chaussette ouverte, il faut décrocher les 2 sangles qui maintiennent le bord d’attaque et ses cloisons bien plates, sans plis.
Voici le moment d’étaler cette nappe… !
1m…2m…humpf !4m…humpf !6m…humpf !13,30m plus loin, tout est là !
1ère impression, son poids est là et se ressent en la dépliant. Ce qui surprend un peu, c’est qu’une fois étalée de tout son long, le profil est comme…gonflé ! Normal vu la quantité de renforts de pars et d’autre.
Là aussi, du matériel de qualité. Le tissus est d’excellente qualité (40 et 45g/m2), les coutures sont propres et régulières et l’intrados est orné, lui aussi, du logo de la marque ainsi que du type de voile U52.
La poudre va bientôt parler… !
Prenons les élévateurs et démêlons ce qui peut l’être…
Heu, j’ai dû en laisser au fond du sac non ?!? Y’a pas de suspentes c’est quoi c’t’arnaque ?
Le moins que l’on puisse dire, c’est que c’est vite démêlé. Les suspentes n’ont aucune tendance à s’accrocher l’une à l’autre. Cependant il faut suivre les suspentes des élévateurs au bord de fuite si l’on veut être certain de ne pas louper un éventuel nœud. Elles sont vraiment très fines.
Les élévateurs, eux aussi, sont très bien finis. Du coup il n’y a que très peu de maillons. Le trim possède 4 positions, chacune indiquées par une couture colorée (un peu épaisse, ce qui peut parfois coincer lors d’un changement de position). Le neutre étant indiqué d’une autre couleur.
Voilà pour ce qui est du matériel proprement dit. La qualité est au rendez-vous !
Maintenant voici ce pourquoi cette toile est faite : VOLER !!!
Au moment de mon 1er gonflage (et celui de l’aile, elle est archi neuve) il n’y a aucun vent. C’est pourquoi je prends soin de bien étaler la bête en « banane », comme me l’a fortement conseillé mon revendeur.
1er essai, face à la voile pour un contrôle visuel (because matos neuf), hop ! L’aile monte directement, d’un bloc et sans gros point dur. Un peu avant qu’elle n’arrive au-dessus de moi, je me retourne et freine… un peu… mains aux fesses… et rien ! L’aile passe inévitablement devant moi.
J’ai juste le temps de faire 2-3trs de freins d’un côté pour qu’elle ne se vautre pas lamentablement sur son bord d’attaque tout neuf.
Bon ben 2ème essai, dos à la voile cette fois-ci. Le vent ayant passé « cul », de 4-5km/h. Pour cette raison, je prêterai encore plus d’attention à la préparation.
Cette fois-ci, je prends mes poignées de frein en « dragonne », afin de raccourcir le tout.
D’un pas énergique, je tire et cette fois, arrivée sur la tête, elle se ralenti. Mais ce n’est pas le moment de dormir vu le vent de dos… ! Je cours 4-5 pas et me voilà où tout le monde aimerait bien être ! Wouaou !
Ca va vite !
Petit virage à la crête et… je me rends vite compte que les freins sont longs. Je comprendrai un peu plus tard la raison à cela. En effet, une fois le trim complètement relâché et l’accélérateur à donf, les freins se raccourcissent grandement, du fait de cet énorme débattement. Mais rien n’empêche de faire un tour de frein. L’aile prévenant très tôt une amorce de décrochage, ou plutôt de parachutale. Je fais quelques allers-retours à la crête avant d’aller chercher la restitution sur la pleine. Là aussi, petit désagrément dû aux commandes… Elles sont fermes, précises mais fermes dès les premiers centimètres. Ca me change de ma boom qui est très légère. Au fil des vols d’essai, je finirai par m’y habituer.
J’enroule quelques bulles qui se déclenchent encore malgré l’heure tardive. Je n’ai aucune peine à les enrouler. Elles sont assez larges. Le virage est même assez agréable, pour qui a l’habitude des ailes dures aux commandes. Mais là où je suis surpris, voir un peu déçu, c’est lorsque je décide d’enrouler serré à plat. C’est comme si l’aile ne voulait pas. A ce moment les commandes sont « béton » et je pense qu’il n’est simplement pas possible de tourner « sur la plume ». Attention ! Je ne dis pas qu’elle est mauvaise en thermique ! Mais j’éprouve de la difficulté dans cette configuration de vol. Lors de mes vols suivants, je verrai que son thermique préféré est large avec du dégagement et non étroit près du relief.
Reprenons les virages très serrés. Si on insiste un peu trop elle finit par plonger. (Il faut plus que forcer pour amorcer une vrille, qui ne se déclenchera que sur une moitié d’aile)
Maintenant la nuit tombe et, avec un ami, nous sommes très étonnés (et heureux comme des gosses) de voir que cela monte presque partout en milieu de vallée. Nous sommes quand même le 20 Octobre et il est maintenant 18h45. Le soleil est sous l’horizon depuis un moment…
Un vent de vallée s’est installé. La bonne occasion d’essayer l’accélérateur !
Je détrime un cran. Là déjà, l’accélération est franche. Ensuite 1er barreau, puis 2ème. Je suis à 5-6cm de toucher les poulies et là… CA DECOIFFE !!!
L’aile garde une bonne finesse et paraît se durcir sur la tête. La masse d’air paraît carrément s’être calmée. Tout est plus stable. Enfin… jusqu’à ce que je passe dans une zone assez turbulente. (Une vallée latérale rejoint la nôtre)
PAF ! Une bonne moitié de l’aile a fait bravo au-dessus de ma tête…
Mais tout juste le temps de relâcher l’accélérateur que l’aile est déjà ouverte ! La réouverture est rapide, voir carrément violente. Les suspentes se tendent comme la corde d’un arc.
Dans cette manœuvre, mon cap n’a pas bougé et aucun semblant de cravate n’a été signalé.
Rassurant tout ça ! Je recommence de plus belle et pendant quelques minutes, je me sens pousser des ailes…tellement ça va vite, très vite. Malgré la vitesse impressionnante, le sentiment de sécurité est omniprésent.
19h15, la nuit est tombée il y a 30minutes déjà…
Il est temps de descendre. D’abords des wings et ensuite des 360 asym. Me montreront à quel point l’aile emmagasine de l’énergie. Il faut la dissiper sur presque 2 tours pour ne remonter le « ciel ».
L’approche et l’atterrissage se passent très. Mais il est, une fois de plus, impératif de faire un tour frein si l’on veut arrondir.
Voilà pour ce 1er vol. 1h15 de pur bonheur !
Par la suite, j’ai effectué 4 autres vols dans des conditions très variées ; marche d’1h15 suivi du plouf du matin, thermiques forts et hachés, larges et étroits, ainsi que deux vols avec des rafales à 40km/h environ.
Voici donc mon bilan.J’ai aimé : - Une finition remarquable (le matériel sort des chaînes de fabrication GIN)
- Une vitesse que très peu de parapentes sont capables d’atteindre
- Une solidité et une sécurité exceptionnelle pour cette catégorie
- Aucune tendance à cravater et réouverture immédiate
- Gonflage finalement très facile si les conditions sont rassemblées (bonne préparation, pas trop de vent ou alors réussir du 1er coup…)
- Finesse au top
- Amortissement des turbulences
- Plage de vitesse dantesque
- Décrochage et début de vrille très sain (il faut vraiment faire la brute pour y arriver)
- Et un look…d’enfer !
J’ai moins aimé : - Le poids de l’aile
- Le décollage est aisé si l’aile est soigneusement préparée, mais s’il y a du vent et qu’elle se replie un peu sur elle-même (bords de fuite sur bords d’attaque)… armez-vous de patience !
- Dureté des commandes (j’ai fini par m’y habituer mais c’est un peu pénible au début)
- Oubliez les « pétards » étroits très proche du relief. Les « S » sont conseillés.
Pour résumer, je regrette un peu la difficulté à gonfler si tout n’est pas mis en œuvre très précisément pour réussir du 1er coup. Faire une belle banane est indispensable. Le fait que cela soit une 2lignes complique la chose, mais à mon avis, le principal facteur provoquant cette difficulté est les renforts nylon 4mm qui traversent la corde tout entière. En effet, il y a une partie en 4mm et une autre en 2,8mm (je crois, Gibus, merci de rectifier si nécessaire). Le raccord de ces 2 renforts si situe à la moitié de la corde environ. Si bien qu’il y a une tendance à faire un pli à cet endroit si l’aile n’est pas bien tendue dans ce sens. Ce phénomène n’est ni plus ni moins celui qui est sur la vidéo de la Niviuk, qui peine à décoller, que certains pensaient (si si !) être en 1 ligne…
Je tiens à signaler que le poids ne pénalise en rien le gonflage.
Dans ma région, il faut souvent, au début du vol, gratter et trouver des thermiques étroits au relief. Avec l’U5, il me faut revoir ma façon de voler dans ces conditions. Je me suis retrouvé une ou deux fois face au relief, m’étant fait éjecté du thermique. Les commandes dures demandent une certaine habitude.
Et pour les marcheurs, ben musclez-vous et arrêter de vous plaindre !
Maintenant question performances pures ; vitesse, finesse, sécurité ; c’est tout simplement une des meilleures (voir plus !) ailes du moment.
Elle est faite pour enrouler et mettre des gaz !
Pour ceux qui ne font pas de compètes, volent en cross tranquille et ont toujours le cul dans les sapins, L’U4 2010 est une excellente aile... L’U52 aussi bien sûr, mais son potentiel ne sera pas exploité comme il se doit.
Alors la voile « Ultime » Aircross, U52 ou U4 2010 ?
Lisez la suite !
Maintenant passons à l’U4 version 2010.A l’ouverture du sac, toujours la même finition exemplaire pour chaque composant. C’est pourquoi j’irai directement à l’essentiel, le vol !
Mon premier vol s’est effectué au treuil, sur une montagne de 600m de dénivelé, par temps de foehn. (Chez nous, vent fort d’altitude sur l’axe Nord-Sud dans un sens comme dans l’autre.)
Au dépliage, l’aile est très légère et incroyablement longue. Normal avec un couteau de 8,36 d’allongement ! Elle attire l’attention en tout cas. Il y a un peu plus de suspentes que sur l’U5. Je rappelle que l’U4 est une 3 lignes, avec un suspentage amélioré en 2010. Les suspentes sont elles aussi très fines et se démêlent également très facilement.
Pour le gonflage, je me mets dos à la voile, treuil oblige… Je prends les poignées en dragonne et tout se passe parfaitement bien, du 1er coup. Je me largue et commence un virage à gauche pour me dégager… Wouhaou ! Ca tourne tout seul !
Les freins sont un peu plus courts que sur l’U5 et les commandes beaucoup plus légères. L’effort aux commandes est progressif.
Tout d’abords, je gratte des « miettes » au relief (un peu sous le vent…) et zérotte un moment. Je tombe également sur quelques « pétards » hachés, assez proches du relief. Et là, malgré l’allongement plus prononcé que l’U5, j’arrive sans aucun problème à enrouler chaque bulles qui me passent sous la plume. Et ce, même très près du relief, sans me sortir du thermique et me retrouver face au relief…un vrai vélo !
L’aile tourne bien à plat, même dans les virages les plus serrés.
Mon vol se passe bien, mais le vent se renforce un peu et je suis maintenant très nettement sous le vent. De plus le ciel est gris avec seulement quelques timides éclaircies. Je décide alors de prendre la direction de l’attérro, en plaine. J’ai un peu de distance jusque-là et en profite pour tester l’accélérateur, dans des conditions un peu turbulentes…1 cran détrimé, 1er barreau, ça accélère, comme l’U5, très franchement. Puis 2ème barreau et, fidèle à mes essais d’accélo… Paf !
Une petite moitié d’aile (40% env.) se rabat sur elle-même. M’y étant un peu préparé, je garde l’accélérateur et pompe juste un coup énergiquement. L’aile se ré ouvre en un clin d’œil, sans la moindre cravatte, malgré un allongement plus important que sa grande sœur. Toujours gaz à 80-90% je continue de plus belle. L’aile bouge un peu mais donne un sentiment de confiance et de solidité. Le sol défile, vent de dos comme de face.
Arrivé à 150-200m env. au-dessus de l’attérro, prêt à envoyer quelques wings, je sens un tout petit quelque chose. J’enroule timidement du 0,3-0,5m/s sur 150m.
Puis quelques baffes plus tard (env.5m/s au gps, fin octobre…), je me retrouve 250m plus haut que la crête du déco, dans un décor hydillique. D’un côté, les Alpes sous les lenticulaires de foehn, de l’autre les Vosges dans une lumière ténébreuse… Sous mes pieds, la forêt rousse et juste en dessus, un magnifique couteau orange et noir. Que du bonheur !
Mais fini le temps de rêvasser… Je me retrouve dans une couche de cisaillement, et ça bouge vraiment beaucoup. Normal, en dessous un vent de vallée de 15km/h Nord, et au dessus du Sud d’env. 70-80km/h . Durant de longues minutes, je me fais secouer comme prunier sans la moindre fermeture. Pas même un bout d’aile. Vraiment sain tout ça !
Je teste encore un peu l’accélérateur, fais des oreilles, des wings et 360° jusqu’à l’attérro. J’arrondi sans faire de tour de frein. La réponse aux commandes est assez différente de l’U5.
Je replie sous les yeux ébahis des pilotes qui ont déjà posé. C’est quoi ? Quelle marque ? Allongement ? Vitesse ? Les questions fusent… ! Et moi : c’est peut-être ma prochaine aile !
J’ai aimé : - Finition toujours excellente
- Légèreté des commandes
- Freins un peu plus courts que l’U5
- Look encore plus radical ! (allongement)
- Aptitude à tourner très serrer sans plonger
- Poids
- Perfs excellente
- Facilité de gonflage
- Parachutale très saine et prévient avant de décrocher
- Aucune tendance aux cravattes (Aircross maîtrise très bien ce phénomène !)
- Polyvalence
- Accessibilité pour une aile de cette catégorie
J’ai moins aimé : - Un peu moins stable et rapide, et un poil moins solide que l’U5
Voilà pour ces deux guns de course.
J’ai pu les comparer de façon simultanée, effectuant presque à chaque fois un vol suivi avec l’une puis l’autre, dans les mêmes conditions. De plus, j’ai pu voler plusieurs fois côte à côte avec un ami qui volait l’autre. De cette façon, je pense avoir pu me faire une idée assez précise des capacités de chacune.
L’U5 étant une 2 lignes alors que l’U4 est une 3 lignes, je m’attendais à une très nette différence. Finalement, il y en a une, c’est certain, mais chacune a ses spécificités. Elles sont toutes les deux impressionnantes par leur performance accélérée, avec un plus pour l’U5. Je les trouve aussi très accessibles pour des voiles de compétition. Elles donnent également les deux un très net sentiment de sécurité, active et passive.
Question maniabilité, malgré son allongement supérieur, l’U4 est géniale. Elle est un peu moins vive que l’U5. Cependant, j’ai nettement préféré tourner du thermique étroit, au relief, avec l’U4. Celle-ci tourne vraiment sur la plume et à plat, alors que l’U5 demande plus d’effort pour tourner un peu moins serré sans plonger. De plus, l’U4 est beaucoup plus légère aux commandes. Evidemment, c’est aussi une question d’habitude et de préférence.
Au niveau du gonflage, l’U4 gonfle facilement, qu’elle soit bien étalée ou en « chiffon ». L’U5, quant à elle, demande une attention toute particulière dans sa préparation. Si l’on prend soin de bien l’étaler en banane, de prendre les poignées en dragonne, le gonflage est simple comme bonjour. Les deux ailes montent d’un bloc, sans aucun point dur.
Attention, quand je parle de maniabilité, il s’agit de voiles à grand allongement, pas de voiles freestyle. Quand je parle d’accessibilité et de sécurité, ce sont des ailes de compète, demandant de l’attention, des réflexes et une concentration constante.
Cet article n’engage que moi. Mon avis sur ces ailes est personnel et peut certainement varier du vôtre… ! Le meilleur moyen de vous faire le vôtre, c’est de les essayer !
Prenez la taille qui vous convient c’est important.
N’oubliez pas, l’aile la plus perfo, c’est celle où vous vous sentez le mieux dessous. Inutile de prendre le gun à la mode, le plus rapide, le plus allongé, le plus… si un fois en l’air, vous avez le trou d’bal qui vous ronge le slip a chaque turbulence !
Il n’y a pas que le matos qui doit être au top en compèt. Il est très difficile, voir impossible, d’exploiter pleinement une aile si, nous-même, ne sommes pas à 100%. Après, à vous de voir vos objectifs. Cross de temps à autre, cross réguliers, compèt ?
Pour ce qui est de mon choix, je ne suis pas encore certain de laquelle je vais prendre. Je fais uniquement du cross, et j’aimerais reprendre (je n’en ai pas fait beaucoup…) les compètes et surtout, progresser. Beaucoup me conseillent quand même l’U5, qui est un peu plus rapide avec un meilleur taux de chute. De plus, elle est encore plus « béton » que l’U4.
Ce qui est sûr, c’est que ce sont toutes deux des voiles faisant partie des meilleures sur le marché, et ce, à tout point de vue ! Bons vols à tous !
Et n’hésitez pas à me faire part de vos expériences sous ces ailes. Merci
Et un grand MERCI à l’importateur Suisse, qui m’a gracieusement mis à disposition ses ailes.