Là où elle m'interroge, c'est "que ferais-je dans ce cas-là ?".
(Je laisse de côté les éternelles diatribes sur "un bon pilote ne devrait pas se retrouver dans cette situation-là" - ça tombe, le pilote de cette vidéo est meilleur que moi pour ce que j'en sais)
Ce qui est fascinant dans cette vidéo c'est l'impuissance et le flegme du pilote ... Vu le temps passé sous l'averse ; le pilote a beaucoup de chance de retrouver le sol sain et sauf.
Faut avoir vécu une situation où ça monte de partout pour comprendre : tu te satellises le cerveau, au bout d'un moment tu fais une pose pour récupérer ton esprit et aussi la distance perdue vers ton unique atterro...et tu regagnes tout ton chemin de croix en moins de temps qu'il te faut pour retrouver un horizon stable.
Poisson, c'est une bonne question. Il faut tourner le bouton et descendre il n'y a que ça qui compte.
Plumocum, apprendre dans le dur c'est la seule façon de réellement savoir "ce que ça fait", autant voler sous un cunimb qui décharge que de devoir descendre réellement, ce qui m'amène à un récit.
ça fait un petit moment que je vole, je marche et vole beaucoup, parfois des grosses journées, pas mal de déniv au mois et généralement seul... ça m'a conduit cette année à commettre l'erreur.
j'arrête de bosser pour aller me taper 800m et un petit vol alors que c'est humide et orageux. Je monte bien, arrivé vers le déco, gouttes d'été, bien noir au-dessus. j'observe le radar et je vois que la masse n'est pas encore complètement dessus et que j'ai environ 30m. pour être en bas avant que ça soit au max et que ça décharge réellement. Les gouttes cessent, c'était mon je vole/je vole pas. Le jeu c'était je descends uniquement, vol utilitaire. j'ai fait confiance au radar, et l'observation ne m'a pas mis en panique plus que ça...
Préparation très rapide et décollage dans une petite rafale. Les 30 premières secondes j'ai compris que le but allait être réellement de descendre et uniquement me concentrer là-dessus.
Passé la petite protection des arbres se trouvant sur ma route, le cirque commence. La masse d'air descendait déjà de la montagne derrière-moi, et en face la brise de vallée était très forte, ce qui créait de gros gros cisaillements. festival des fermetures, rarement eu autant la voile fermée au dessus de la tête je pense... mais le moment n'était pas aux constatations et à l'introspection, la concentration était sur le mode pilotage et descendre, le bouton était tourné, le mode "confort" sur off et on pilote.
Outre de nombreuses fermetures variées, une violente assym suivie d'une frontale à provoqué une belle cravate, ce qui a demandé un décro. peu habitué à utiliser cette technique, je dois dire que c'est venu assez naturellement et c'était assez propre, tout en gérant la turbulence. c'est dingue comme l'habitude d'être en l'air et bien connaître sa voile permet des prises de décision sorties de nulle part...
Je décide de m'éloigner d'abord du relief, tout en traversant de gros cisaillements. Pour ça, oreilles accélérées à fond. Mission accomplie, ça m'a conduit non sans mal à peu près au-dessus de mon atterro.
C'était très dur de garder réellement un cap et ça demandait de vraiment laisser tomber le confort et se concentrer sur descendre et tenir les oreilles et être le plus stable possible, bon à savoir, on peut encore se prendre des frontales dans cette configuration. sale moment. Ensuite, puisque les oreilles n'étaient pas vraiment efficaces à part pour avancer un peu, (ça montait encore souvent par phases avec les grandes oreilles jusqu'à 3ms) j'ai encore mis de côté un peu le confort et j'ai envoyé les 360. De vrais 360, pas face planète, mais ceux qui descendent à -12 en air calme. C'était très efficace et la voile bien tendue par cette action rendait la descente plutôt agréable malgré la brise à 30 rafaleuse et la turbulence générale.
Cette manoeuvre est très bien mais le vent m'emportait vite au-delà du terrain et c'était impossible de poser sous le vent. Du coup, je faisais des sessions de 10 tours, sortais face à la brise en dissipant, puis entamais la remontée fullbar. Là on apprend vraiment à utiliser le barreau et pas se poser de question, tout en pilotant aux arrières et au pied au mieux.
voilà et tout ça à duré environ 15 minutes sur un vol qui en prend normalement 6 en air calme... atterro très sportif, dans un champ en culture pour l'amorti éventuel, avec des fermetures jusqu'à la fin...
Au final j'ai pris une très mauvaise décision en décollant, mais j'étais content d'avoir pu gérer plutôt bien cet événement. ça m'a apporté pas mal de confiance dans la matériel et dans mon pilotage.
A la fin je préfère garder ça, le positif.
J'avais partagé cette vidéo parce qu'elle me rappelait mon événement. Les conditions sont assez différentes, je ne retrouve pas les cisaillements que j'ai subi, et de mon côté j'ai très peu reçu d'eau. Ce qui me questionne le plus ici, c'est la décision de décoller alors que c'est un groupe apparemment un peu encadré. Vacances en groupe? il faut absolument chaque jour faire un vol sinon c'est pas vraiment des vacances de parapente? Je comprends pas