Bonjour. Je me suis livré à une comparaison des cocons légers du marché pour en acheter un. Voici mes réflexions à ce sujet.
Pratique et objectifsJe fais du cross, du vol-rando, travaille régulièrement les manœuvres de SIV et je tente de faire du vol-bivouac les rares fois où j'en ai le temps.
Après des années de pratique en sellette assise (avec cale-pieds), je finis par me décider à passer au cocon. J'ai donc établi une comparaison
subjective de plusieurs cocons légers adaptés au bivouac (< 3 kg avec la protection en grande taille) .
Présélection des sellettes candidatesIl y a beaucoup de modèles de cocons légers sur le marché et ça prend du temps de regarder chacun en détails. Il me fallait donc faire une présélection.
J'avais éliminé de ma préselection :
- la
Strike 1, car elle ne propose pas de taille adaptée à mon grand gabarit.
- L'
Advance Weightless, car trop chère pour mon budget.
- La
Range X-Alps 2 à cause de la réputation de fragilité du tissu, qui semble mal adapté à du vol rando et bivouac.
- La
Stay Up car assez chère et car je ne me sens pas à l'aise avec les implications d'avoir une protection Koroyd (le pilotage dépend de la présence du protecteur ; comment faire en bivouac quand on l'enlève pour avoir de la place de stockage en plus ? Gestion de quand il faut remplacer la protection ou pas). J'avoue ne pas avoir cherché à en savoir plus et peut-être que cela l'aurait mérité.
- La
Ozone BV1 car encore difficile à trouver en essai et car je suis peu attiré par les assises souples.
- La
Coconea X-Alps, que j'avais eu l'occasion d'essayer précédemment et que je n'avais pas retenue pour plusieurs raisons.
La
Nervures Fusion 2 m'intéressait car j'aime bien le principe de modularité pour éviter de multiplier les sellettes, mais comme la production a arrêté, j'ai laissé tomber. Par ailleurs, je rechigne à avoir un secours accroché aux maillons principaux de la sellette, car en cas de défaut d'accrochage à la prévol, cela risque de compromettre aussi l'utilisation du secours.
Les candidats présélectionnés que j'ai regardés en détails sont donc:
- La
Strike 2 en L
- La
Kolibri Evo en XL
- La
Runa en L
- La
BogdanFly (BF) en XXL (avec ou sans queue)
AnalyseLe tissuPour un usage vol-rando et bivouac, et s'agissant d'une sellette principale, je préfère éviter un tissu trop fragile.
La BF et la Runa dans leurs variantes ultralégères en Skytex léger semblent donc mal adaptées, ainsi que la Strike 2, pour laquelle, après inspection, j'ai du mal à croire en la résistance de son tissu.
Les sellettes dont le tissu semble suffisamment robuste sont la BF dans sa version semi-légère (tissu Oxford) et la Kolibri. La Runa a aussi une version semi-légère mais c'est du Skytex et la robustesse reste à confirmer.
L'encombrement Le poids est le paramètre que l'on regarde toujours de près quand on achète un de ces cocons légers, mais il est complexe à analyser. D'abord plus léger ne veut pas dire plus facile à transporter, car pour cela, il faut aussi tenir compte de la compacité de la sellette pliée. A ce niveau, l'avantage est aux sellettes qui proposent un protecteur gonflable plutôt qu'un mousse-bag, soit toutes les sellettes sauf la Kolibri (dont le protecteur en mousse reste de petite taille comparé aux autres modèles).
D'un autre côté, en vol-bivouac, le compartiment du protecteur est habituellement utilisé pour mettre du matériel et le protecteur reste à la maison.
La Runa propose un sac léger de rangement (~100 g) bien pratique pour avoir un paquet compact qui permet d'optimiser le paquetage du sac à dos. On peut sans doute s'en confectionner un similaire pour les autres sellettes et je pense que c'est un vrai avantage pour les sellettes à protecteur gonflable.
Ensuite, se contenter de regarder le poids total affiché par la marque est réducteur car elles n'incluent pas toutes la même chose :
- Avec des mousquetons ou connecteurs dyneema différents.
- Avec ou sans les élévateurs du secours.
- Avec ou sans le protecteur sous-cutal.
Pour remettre correctement les choses en perspective, il convient de calculer un poids total en faisant la somme de tous ces éléments et en les homogénéisant (i.e. : mêmes connecteurs dyneema ou mousquetons, etc ...) en fonction de sa pratique cible. Il vaut aussi mieux peser directement la sellette que de se fier aux indications fabricant.
A noter que les poids indiqués pour les différents protecteurs m'interrogent : celui de la Kolibri est aussi important que celui de sellettes dont la mousse est deux fois plus volumineuse.
Il est aussi utile d'identifier certains choix faits par les concepteurs pour alléger la sellette et l'impact en matière d'usage. Quelques exemples :
- Sur BF ou la Strike 2, les cuissardes se ferment sur les maillons principaux. Sur la Strike 1 ou la Kolibri Evo, 1 des 2 cuissardes ne s'ouvre pas. Sur la Runa, les cuissardes se ferment avec des boucles carrées.
- Sur la Kolibri, le plateau de pieds est remplacé par un anneau carbone. Le remplacer avec un plateau carbone ajoute environ 150 g.
- Quand on regarde le catalogue de BF, on voit clairement que le choix de ne pas avoir de queue au cocon permet d'économiser 200-300 g. Cette queue peut-elle offrir une éventuelle protection dorsale ?
Le secoursJe préfère franchement avoir un secours "intégré", c'est à dire qu'il n'est pas nécessaire de connecter avant chaque vol : on doit se concentrer une ou deux fois par an pour réaliser la connexion correctement, et ensuite, on a l'esprit tranquille, sans risque d'erreurs. Aussi, je préfère un secours avec des points d'attache distincts de ceux du parapente ; plus que de la casse des mousquetons, je me méfie d'une mauvaise fermeture de ceux-ci à la prévol et si cela arrive et que le vol du parapente est compromis, je préfère pouvoir compter sur le secours.
La Kolibri a un secours accroché en ventral, mais il est accroché à la structure de la sellette sans passer par par les mousquetons ou connecteurs dyneema du parapente, ce qui est une sécurité supplémentaire. Pour la version EVO, il y a toutefois une opération d’accrochage à chaque décollage sur un des deux élévateurs. Le conteneur du secours est assez réduit et y faire entrer mon secours a été difficile, et ce bien que j'avais acheté le plus léger disponible sur le marché (un Nervures Plum 2 110kg).
J'avais aussi trouvé le conteneur de la Strike 2 franchement juste pour y mettre mon secours et limite sous-dimensionné pour mon poids ; la goulotte de passage des élévateurs tendait à s'ouvrir sous la tension du tissu du conteneur. Peut-être que le secours n'était pas suffisamment bien plié ? Par contre, le secours est connecté aux épaules et complètement intégré.
L'indépendance complète du conteneur secours avec le cocon proposée par la BF est séduisante si on risque de passer régulièrement le secours du cocon à une autre sellette avec le même positionnement en ventral. Mais cela se fait au prix d'avoir un secours accroché aux maillons principaux, comme la Fusion 2. Bogdan propose deux tailles différentes de conteneur et donc avoir un conteneur assez grand n'est a priori pas un problème.
La Runa a un secours intégré attaché aux épaules. Bien que sur le papier, le conteneur était censé être un peu petit pour mon secours, en pratique, il rentre facilement et sans effort.
Rangements et capacité d'emportLe vrai test est de préparer tout votre matériel de bivouac et de voir si ça rentre dans la sellette. La Kollibri garde sa réputation de reine en la matière.
Dans
ce fil de discussion, j'avais déjà expliqué pourquoi j'étais arrivé à la conclusion qu'en enlevant le protecteur pour gagner de l'espace de stockage, le volume d'emport sous les fesses et dans le dos ne devrait pas être si différent d'une sellette à une autre. Néanmoins, certains font plus créatifs que d'autres en la matière, la BF se démarquant bien avec sa 'banane' et la poche en tête de cocon.
La protectionJe ne suis pas sûr que le secours me servira un jour. Par contre, je suis certain que la protection de la sellette aura un jour l'occasion de me protéger les vertèbres sur un atterrissage ou un décollage raté.
La Strike 2 et la BF sans queue n'ont pas de protection dans le dos (la plaque dorsale amovible de la Strike 2 a plus l'air destinée au confort). Leurs protecteurs ont passé les tests d'Air Turquoise, mais avec des résultats plutôt médiocres (35 - 38 g). La Kolibri se démarque par son grand airbag et de très bons résultats au test (20 g). La Runa et la BF avec queue offrent un volume d'air dans le dos mais leur forme n'est pas dessinée pour amortir les chocs. Le protecteur gonflable de la Runa a passé le test avec un résultat correct mais sans plus (30 g).
La Kolibri est la seule qui ne propose pas de protecteur gonflable, mais son protecteur est déjà hybride avec une partie airbag dorsal et la protection sous-cutale en mousse est beaucoup plus petite que sur les autres sellettes.
PilotageJe ne donne pas d'avis sur le comportement en vol pour plusieurs raisons : celui-ci dépend aussi de la voile, il y a une grosse subjectivité dans le ressenti et je n'ai pas le niveau pour émettre un jugement pertinent pour d'autres pilotes. Aussi, je n'ai pas assez essayé toutes les sellettes dans assez de conditions pour me faire un avis valable.
J'ai néanmoins quelques considérations observables à partir des informations disponibles :
- La Strike et la BF disposent d'une petite planchette amovible. On peut voler sans, mais il est probable qu'en vol-bivouac, voler sans la planchette et sans le protecteur ait une influence sur le comportement de la sellette en pilotage. A défaut d'avoir essayé, je considère donc qu'en l'absence du protecteur, il vaut mieux garder la planchette.
- La Strike 2 a une mini-planchette (32x22 cm, 130 g) amovible.
- La BF a une micro-planchette optionnelle (26x15 cm, 50g).
- La Kolibri n'a pas de planchette. Je ne sais pas ce que donne le pilotage sans sa protection sous-cutale.
- La Runa utilise un cadre rigide, ce qui lui donne une bonne autorité à la sellette. L'absence du protecteur n'a pas vraiment d'influence sur cette autorité sellette.
L'accélérateur : la Strike et la Runa ont des poulies ; la Kolibri utilise des anneaux. Je n'ai pas l'information pour la BF.
Synthèse | Strike 2 | Kolibri Evo | Runa | Bogdan Fly |
Prix | 1250 € (+ 200 € protecteur gonflable) | 1300 € | 1100 € | 700 à 950 € suivant version |
Secours | Bon (aux épaules) | Acceptable (en ventral mais points d'accrochage spécifiques) | Bon (aux épaules) | Minimal (aux maillons principaux) |
Protection sous-cutale | Passable | Bon | Correct | Passable |
Durabilité tissu | Minimale | Bon | Correct ? | Bon pour l'Oxford, Faible pour le Skytex |
Poids (avec planchette, élévateurs secours, sans protecteur et sans mousquetons / connecteurs) | ~1830 g en L | ~ 1700 g en XL (NB: pas de planchette) | ~2150 g en L (tissu semi-léger) | en XXL : de 1500 g en Skytex et sans queue à 2000 g en Oxford avec queue |
Capacité d'emport | Passable | Très bon | Correct | Très bon |
ConclusionsMes conclusions sur les usages auxquels sont le mieux destinées ces sellettes confortent globalement la communication marketing des fabricants :
La
Strike 2 est plus adaptée à de la compétition de marche et cross qu'au bivouac : sa modularité permet d'avoir un sac à dos léger et compact à la montée et le secours aux épaules est adéquat à du vol engagé ; par contre, avec un tissu plutôt fragile et un protecteur aux performances réduites, c'est mieux de décoller et de poser sur des terrains officiels qu'au milieu de la pampa.
La
Kolibri est avant tout conçue pour le vol-bivouac grâce à sa grande capacité d'emport, sa très bon protection mousse+air et un tissu robuste qui permettent d'envisager plus facilement des décollages/atterrissages sur des sommets montagneux, mais aussi grâce à sa réputation de confort, de stabilité, de vol assis, qui facilitent le vol à un pilote fatigué par plusieurs jours de bivouac. En retour, certains choix sont un peu moins optimisés pour le cross ou un usage de tous les jours (secours en ventral, profil un peu moins aérodynamique).
La
Runa est essentiellement une sellette "de tous les jours" légère qui semble parfaitement adaptée pour faire vos vols cross grâce à des petits détails qui augmentent le confort d'utilisation : nombreuses poches accessibles en vol, harnachement facile et indépendant des maillons principaux, tissu assez épais, bon aérodynamisme, petits clips de maintien à la poitrine du container de secours pendant le gonflage, réglages en vol faciles. Avec un secours aux épaules et une véritable planchette d'assise, elle semble aussi plus adaptée pour travailler wing-overs, spirales et autres manoeuvres de SIV. Elle est assez légère pour une utilisation vol-rando ou bivouac, mais avec 300 g de plus que les autres sellettes, n'est pas optimisée pour cet usage.
J'ai plus de mal à classifier la
BF, qui existe en diverses variantes. Si elle bat toutes les autres en matière de poids dans sa version ultralégère (tissu léger, pas de queue), c'est en faisant des concessions au niveau de la sécurité (moins bon protecteur que la Kolibri, secours aux maillons principaux) et de la durabilité - bien que pour certains, le Skytex se réparant avec du ripstop, cela n'est pas gênant.
Mon choixJ'ai finalement acheté la
Runa, sur 3 critères :
- Le
pilotage, confortable et précis grâce à la combinaison cadre + assise gonflable.
- Le
niveau d'équipement : secours aux épaules, poulies accélérateurs, 6 poches accessibles en vol, fermeture des cuissardes indépendante des maillons, queue aérodynamique, accrochage du cockpit réglable en hauteur au gonflage, ... elle a à peu près tout ce qu'on peut vouloir.
- L'
encombrement : avec son protecteur gonflable et le sac de rangement, elle est très compacte. Elle pèse un peu plus que les autres, conséquence du niveau d'équipement, mais ça reste un cocon vraiment léger.
J'en ferai un retour d'expérience quand j'aurai assez volé avec.