Après quelques ennuis de santé récurrents, et après avoir loupé déjà deux tentatives via ferrata/vol je me dis que ce mercredi 6 septembre serait propice à tenter la via curalla sous le refuge de Varan (
http://www.viaferrata-fr.net/via-ferrata-140-Curalla-Passy-Haute-Savoie.html) puis décoller de Varan.
Vu les conditions météo, Je décide de prendre ma Diamir que je plie soigneusement et range dans la sellette advance easyness (dédiée habituellement à ma spiruline EZ). Je vérifie le baudrier pour la via et je prends aussi le casque léger petzl. Tout est prêt: je pars un peu tard mais en un peu moins d'une heure et demie j'arrive à Passy.
Là je commence à pester car des travaux inattendus coupent la route d'accès à Plaine-Joux: la déviation est improbable (quasi retour Sallanches, et les bus sont retardés) c'était pas prévu ça !
Je décide alors de passer éventuellement par la vieille route, que prennent les navettes écoles, mais que je ne connais pas bien, en partant de l'atterro de Chedde.
A l'atterro, j'avise un grand échalas qui fait du stop, espérant qu'il connaisse mieux que moi comment arriver là haut
Je le prends et nous discutons un peu ... pour découvrir qu'il est pâtissier ... tiens tiens, mais oui c'est bien le pâtissier du fofo (Nonoland74190) qui ne garde pas un bon souvenir de son passage sur le fofo. J'en rigole un peu mais pas lui
Sympa, il me briefe sur la déviation, la route, et les horaires des bus... J'apprends au passage qu'il a été chef pâtissier à l'Albert 1er ces 3 dernières années.
C'est pas une quiche, et s'il ne se gaufre pas, ce sera j'espère un vieux bon pilote (nono si tu nous lis encore, bons vols
)
Je le laisse au déco de Plaine Joux, et je retourne vite au parking de la via.
Tous ces impondérables m'ont vraiment retardé. Il est midi quand je prends le départ, mais je suis quand-même content de m'engager sur le sentier d'approche, très agréable dans les sous-bois (sentier bien plus sympa que le chemin 4*4 qui mène au chalets de curalla). Me voici vite au pied de la via.
Elle est cotée AD+ plein sud, et le premier tronçon fait illico transpirer.
Toutefois le cadre est magnifique, la météo est au rendez-vous, et je me réjouis du vol à suivre. Je suis content d’être là. Arrivé au pont de singe, je déchante un peu car mon petit mètre soixante m’oblige à être quasi en extension sur toute la traversée; ça remue pas mal, et de plus la sortie du pont pour revenir au rocher n’est pas facile, surtout avec le sac.
Mais bon ça passe, puis les deux ou trois poutres qui suivront s’enchainent agréablement avec certains passages vraiment raides, presqu’en surplomb, qui m’assècheront le gosier. La via du pilier du Jallouvre pourtant cotée TD m’avait presque semblé moins fatigante. Heureusement j’ai de l’eau à portée de main, et je sais que je trouverai une fontaine à curalla. Le décollage de Varan est en vue, deux ou trois ailes passent et repassent, c’est enfin la sortie de la via. A l’ombre je rencontre deux jeunes qui se reposent après la grimpette.
On discute un peu de la via: je crois lire leur étonnement (
et un peu d’envie ?) quand je leur dis qu’il y a un parapente dans le sac, et que je redescendrai par la voie des airs
Puis je continue, en faisant une pause rafraichissante à la fontaine de curalla.
La petite montée finale jusqu’à Varan est vraiment sympa alternant vue sur le Mont-Blanc, ombrages et odeur de pins.
Le refuge niché sur le bord de l’alpage est une invitation au repos et à profiter tranquillement du site...
Malheureusement j'ai l’impression que la brise tourne, et sans m'arrêter en ce petit paradis, je me presse vers le décollage tout proche. Arrivé sur le magnifique déco de Varan, avec son immense et vraie belle pelouse, ce que je redoutais se confirme: la brise est bien loin d’être face et régulière. La composante travers ouest l’emporte fréquemment.
Je maudis mon départ tardif ainsi que les travaux inattendus et mal signalés ! Toutefois le thermique ré-oriente brièvement mais régulièrement la manche à air et me laisse espérer le vol. Je suis seul, avec pour compagnon un petit veau égaré là qui semble vouloir attendre le décollage.
Je me prépare alors rapidement, en face voile et dès que la première bouffée bien orientée s’annonce, je gonfle l’aile, le petit veau lance un meuh d'encouragement qui confirme ce que je vois: elle est belle ! Allez faut partir, je trouve que ma course est un peu longue, à cause de cette orientation malgré tout bien trop travers , mais ça décolle gentiment.
Après installation dans la sellette je constate que j’ai oublié d’allumer mon petit vario solaire que j’attache au dos du sac avec un velcro. Tant pis, je suis parti pour du contemplatif, mais contempaltif n’empêche pas de chercher le thermique
, et là, oh bonheur: je trouve sans difficulté l’ascenseur de l’aiguille de varan. C’est nickel: toute cette immense paroi entre l’aiguille et Barmerousse permet de se repérer facilement: je suis loin devant le relief, et je monte à vue d’oeil. A chaque tour, le Mont Blanc est là. C’est vraiment super. Je suis content d’avoir oublié d’allumer le vario. Tout se passe à la sensation, et en visuel.
J’atteins bientôt le niveau de la pointe de Barmerousse, mais je regrette aussitôt de m’être équipé léger: je suis en short et commence à sentir le froid. Je décide de ne pas monter plus haut. Je regarde quand-même avec un peu d’envie une aile qui se trouve juste au dessus de l’aguille de Varan et qui me semble partir en transition vers les aravis.
J’aurais bien aimé continuer à enrouler, mais je préfère ne pas avoir à gérer le froid, et conserver ce sentiment de vol agréable et libre.
Je suis déjà comblé de pouvoir faire un aller retour entre Varan et Platé.
Un dernier coup d’oeil au refuge de Varan...
et je repars sur Plaine-Joux. Je suis encore haut quand j’arrive au dessus du déco. Il est 16h. et quelques ailes décollent encore. Pour rejoindre l’atterrissage, Je brûle toute mon altitude en faisant quelques exercices: tangages, oreilles, pilotage en fermant les yeux, et gentils 360 (je ne m’amuserai pas à chercher une éventuelle neutralité spirale de ma Diamir, après les édifiantes lectures du fofo) et je me pose heureux à 10 m. de la cabane, juste à temps pour qu’un gentil moniteur d’aerofiz me remonte au plateau d’Assy.
Quelle magnifique journée !
En nous souhaitant toujours de beaux vols !