Gainage, respiration, regard. Quand on fait les premiers tours à 2.5G on se dit qu'on ne dépassera jamais les 4G. Mais avec les explications de gainage et de respiration qui permettent de conserver le sang dans le cerveau et le thorax plus longtemps, on est tous montés à 7G sur une dizaine de tours en fin de séance (j'ai la preuve vidéo !)
Autant je suis fan du G-force, autant je suis inquiet qu'il semble être perçu comme une sorte de "vaccination" (comme cela semble être le cas des SIV), de lire que l'on peut mesurer ainsi sa capacité à encaisser les G : c'est FAUX
Il est dangereux de le penser, autant que d'ignorer les risques liées aux accélérations
Lors des Journées CLEY qui s'étaient tenues à Toulouse en 2007, nous avions bénéficié de la présence d'un membre du CEV dont l'expérience des G était éloquente et nous avait permis de différencier au moins quatre composantes de cette "aptitude" :
1- la tolérance aux niveaux d'accélération
2- l'orientation et la vitesse de variation des accélérations subies
3- l'impression cérébrale
4- la vitesse de réaction des individus
1- Les militaires savent qu'une fréquence élevée de visites médicales et des passages réguliers réguliers en centrifugeuse ne permettent pas d'assurer à 100% qu'un individu sélectionné justement pour ses aptitudes physiques et psychomotrices sera toujours apte quelques jours voire quelques heures seulement après ses examens
Le corps humain n'est pas un système stable : c'est un paradigme que de le penser. Au sein de nos machineries internes, les accidents se succèdent et se réparent constamment, plus ou moins bien.
Quand se greffe là dessus un stress (fatigue, soucis, hypoglycémie...), un problème particulier de santé ou simplement le vieillissement naturel, c'est jouer à la roulette russe que d'envoyer des 360 au "taquet" (un sportif accompli comme Patrick BEROD ne peut plus encaisser à nos âges ce qu'il supportait sans problème il y a une quinzaine d'années .
2- Il y a moins de dix ans que les essais instrumentés effectués par AEROTEST ont mis en évidence en France le fait que la résistance variait fortement avec l'orientation des accélérations subies. Il n'est pas anodin de constater que nous sommes le fruit d'une évolution de bipèdes évoluant à la surface de la planète, avec les risques associés : chutes en avant, saut et réception verticale.
Comme cela peut être bien mis en évidence sur le G-Force, un simple mouvement de tête sous un facteur de charge moyen peut causer un déséquilibre irrattrapable par des cervicales pas préparées. A ce titre, les blessures à ce niveau qu'ont subi de nombreux pilotes chargés des tests d'homologation sont éloquentes (et encore douloureuses pour nombres d'entre eux et d’entres elles!)
Car le propre d'un incident de vol réel, c'est de surprendre le pilote qui en est victime - Une asymétrique sous une aile très allongée comme une mauvaise sortie de SAT peut dégénérer en une auto-rotation dans laquelle le pilote subira de violentes montées en charge sur les axes latéraux, jusqu'à lui donner l'impression d'avoir brutalement été jeté sur le dos
3- la conscience que l'on garde d'une exposition violente à de fortes accélérations est... totalement volatile
Toujours pour les mêmes raisons, les capteurs dont nos organismes se sont dotés en des millions d’années d'évolution ne sont pas tarés pour ces charges
Sans instrument trois axes (j'insiste) embarqué, il est quasiment impossible d'évaluer soi-même le niveau d'accélération subi.
Sur l'axe de roulis (axe très sollicité par la marche bipède), le système vestibulaire (contrôlant l'équilibre) d'un individu doté d'un bon équilibre est capable de distinguer assez précisément des variations de quelques centièmes de G, au delà de quelques G, il saturera très rapidement, le désorientant rapidement, passant d'un léger malaise à la nausée puis à la perte de connaissance.
Sur l'axe vertical, ce même système vestibulaire a appris à "gommer" les pics de charge pour ne transmettre à la conscience que des informations utiles au contrôle de saut ou de réception (plus ou moins contrôlées). On peut ainsi démontrer qu'un individu apparemment conscient n' "imprime plus" dans sa tête au delà d'un certain nombre de G, le cerveau se mettant en configuration de "veille/protection", causant des amnésies plus ou moins longues, avec effacement de la mémoire (de quelques centièmes à plusieurs dizaines de secondes); sans témoignage extérieur, il arrive ainsi que l'on ait aucun moyen de se rendre compte que l'on a été victime d'une telle perte de connaissance et que l'on soit ainsi convaincu (A TORT) que l'on "encaisse" bien les G !
4- la vitesse de réaction varie elle aussi considérablement d'un individu à l'autre et, par conséquent, son aptitude à de sortir d'une situation mal engagée en exécutant dans le temps et dans l'amplitude les manœuvres lui permettant de rétablir son aile... où lancer son parachute dans la configuration qui lui donnera le maximum de chance qu'il s'ouvre (ça ne marche pas dans 100% des cas, faut-il le rappeler?)
On se rappellera que les chimpanzés qui ont précédé dans l'espace les top-guns du programme Apollo leur mettaient la "pâté" en précision et en vitesse lors des évaluations en simulateurs !
A ceci près que ces braves animaux "motivés" aux fruits et aux décharges électriques ne savaient pas que l'on allait les placer au sommet d'un engin mû par de titanesques "explosions contrôlées"...
Car c'est dans la répétition des exercices qu'est un des gisements les plus importants d'abaissement des risques car l'entrainement seul permet d'améliorer sa vitesse et sa coordination en situation d'urgence, par apprentissage des attitudes et des gestes justes et réduction progressive du temps de réaction du pilote.
Et là le G-Force trainer donne à plein, car c'est le moyen le plus sécurisé (et le seul dont dispose le vol libre) de répéter autant de fois que nécessaire et dans des conditions variables les actions de pilotage (contres commande/sellette, extraction du pod, etc.)
Il y a a peine vingt ans, quand l'on débattait encore en France de l'utilité du parachute de secours, certains responsables sportifs de l'époque s'étonnaient que l'on pense à se former à la chute libre dans les centres de la FFP pour apprendre à gérer son stress et réaliser l'extraction la plus rapide possible d'un parachute en cas de nécessité (un ange passe...)
Aux sceptiques, envoyez leur des bananes... Et usez régulièrement du G-Force Trainer !