Titre: La "CONSCIENCE STATISTIQUE" nous trompe ! Posté par: paul le 12 Janvier 2017 - 10:08:25 Il est question de delta mais cela reste intégralement applicable aux parapentistes
Nous sommes souvent dans le déni des risques que nous prenons par habitude et par la confiance immodérée que nous donne le spectacle rassurant des autres, fut-il celui de comportements dangereux (https://i37.servimg.com/u/f37/17/49/83/26/la_con10.jpg) (https://servimg.com/view/17498326/1094) (https://i37.servimg.com/u/f37/17/49/83/26/copie_13.jpg) (https://servimg.com/view/17498326/1100) (https://i37.servimg.com/u/f37/17/49/83/26/la_con11.jpg) (https://servimg.com/view/17498326/1095) Titre: Re : La "CONSCIENCE STATISTIQUE" nous trompe ! Posté par: fabrice le 12 Janvier 2017 - 10:47:32 (https://i37.servimg.com/u/f37/17/49/83/26/copie_13.jpg)
Cela me fait penser aux fédérations suite à la recommandation du CIVL et aux conseils "judicieux" de Maître de Boismilon (http://lavl.free.fr/VNH_avocat_FFVL.php) ! Titre: Re : La "CONSCIENCE STATISTIQUE" nous trompe ! Posté par: sheebe le 12 Janvier 2017 - 10:51:35 A vrai dire depuis mes débuts en parapente j'ai cette vision des choses.
Souvent j'entendais le copain dire "tiens... il n'y à personne en l'air il ne faut pas y aller" ou "tiens ca vol ca doit être bon" et je n'ai jamais adhéré à cette "politique". Du coup avec le temps et le début des cross j'ai reporté cette façon de penser en l'air, c'est pas parce qu'une aile file sur un sommet que je vais la suivre, tiens elle enroule sous le vent je fonce, ou bien encore "tiens.. les étalements sont entrains de se rejoindre et personne n'a l'air de s'inquiéter, je reste.."(pour la petite histoire trente minutes après avoir posé il pleuvait et les ailes volait encore alors que ça leur arrivait dessus..) Bref j'utilise les autres comme des balises et rien d'autre et je ne me laisse pas polluer l'esprit quand je suis entrain d'attendre au déco ou bien en vol quand j'entend certaines discussions à la radio (ceux qui volent sur des sites fréquentés du genre annecy me comprendront je pense). La raison de cette façon de penser est simple, je ne connais pas ces gens et je ne connais pas leur niveau et meme si c'était le cas je suis le seul juge de mes capacités, en plus de ça je prend énormément de marge de sécu, peut être trop mais en montagne ou en parapente je pense que ça ne sera jamais trop, la frontière invisible est toujours bien présente et il ne faut jamais oublier que les éléments dans lesquels nous évoluons auront toujours le dessus. Comme je dis souvent, nous utilisons les éléments, en aucun qu'à nous les domptons! Bonne journée :) Titre: Accidents et performance = Conscience statistique Vs Consc. raisonnée - L'X-Alps Posté par: paul le 09 Août 2017 - 13:19:17 Le MATCH =
Conscience statistique (la démonstration répétée et trompeuse d’une activité apparemment facile) Vs Conscience raisonnée (la vigilance et le stress face à la complexité de ce sport) A chacun de placer la barre du curseur, en fonction du vol, des conditions du jour, de son état personnel... de chaque minute du vol ! Car c'est bien de cela qu'il s'agit (et non de bonnes résolutions comme on en prend plusieurs fois par an) ------------------------------------------------------------------------------------ Les concurrents de l’X-Alps que nous admirons sont-ils si différents de nous ? Il n’y a aucune raison de le penser : pas plus que nous ils ne se réveillent le matin en pensant qu’ils vont vivre l’enfer ou seront peut-être morts dans quelques heures. Ils y vont parce qu’il se sentent bien préparés à ce qu’ils vont rencontrer, qu’ils aiment ce qu’ils font et que renoncer à avancer sur leurs objectifs n’est pas une option pour eux. Ils ne pensent pas pouvoir tout anticiper mais considèrent comme gérable la part d’inconnu qu’ils acceptent pour étalonner leurs compétences et leurs capacités face à la concurrence et à l’adversité. Ils ont fait des hypothèses et établi en conséquence une stratégie de course, avec une ligne nominale et des voies de repli -comme nous préparons toujours tous notre plan de vol, fut-il le plus modeste, et savons l’adapter en vol, n’est-ce pas ? Et c’est ainsi que chaque année nous lisons et écoutons avec effarement des récits de tranches de vol apocalyptiques par ceux que nous savons être l’élite du cross en montagne ! Paradoxe ? Absolument pas. Quelle différence avec les récits enflammé de vols et de « vracs » d’anthologie assénés par nos camarades une fois l’émotion retombée et le calme revenu au bar en bas du site ? Aucune. Car la seule différence par rapport à nous c’est bien leur niveau, ce niveau qui leur a permis de se mettre dans de telles situations, ce niveau de préparation et de lucidité dans l’improvisation qui peut les sauver de la catastrophe (ou pas…) au dernier moment. Mais un niveau si élevé qu’il peut aussi les amener avec la fatigue et l’aveuglement beaucoup plus loin que nous dans le déni. Car ça tape durant la X-Alps, et pas qu’un peu. Alors que l'on parle de la reconduction ou pas de cette fantastique épreuve après le décès brutal de son fondateur (il en est de même de cet accident d’hélico que des chutes des archanges du parapente ou du delta : la même incompréhension des proches et amis qui ne pourront jamais admettre que l’on puisse se tuer avec de telles compétences – et pourtant… c’est bien la même attrition de la conscience raisonnée qui les met au tas), nous devons être conscients que cet épreuve aurait pu à chaque édition faire non seulement des blessés mais aussi un ou plusieurs morts. Ce qui aurait remis en cause son existence. C’est une question d’argent (celui du sponsor de l’épreuve mais aussi des assureurs qui doivent alors payer) de communication. Mais aussi de philosophie de vie et de libre arbitre. Comme c’est le cas de l’épreuve moto mythique du TT qui perdure malgré tout, alors qu’elle est considérée par beaucoup comme un relent nostalgique et un peu morbide que l’époque révolue du Continental Circus où les pilotes sur la ligne de départ se regardaient du coin de l’œil en se demandant qui allait y rester –il ne valait mieux pas s’y faire des amis. Alors que l’on devrait nous enseigner le parapente comme une école de la connaissance de soi-même et de ses limites, et de l’art d’exercer son libre arbitre à… renoncer à temps quand c’est nécessaire, nous constatons que professionnels comme pratiquants passionnés continuent au contraire à prôner et médiatiser le parapente comme un exercice de dépassement de soi-même, de ses peurs et de ses renoncements (raisonnés ou pas). Il est pourtant loin le souvenir de ces temps de guerre où il fallait préparer les jeunes à monter héroïquement à l’assaut (comprendre : « allez mourir là où on vous le commande ! »). Mais il semble pourtant encore être bien question de cela dans un environnement d'économie de marché où les managers emploient des termes guerriers. Cet environnement est devenu tellement contraignant pour nos vies que tout nous y pousse à foncer, à repousser les barrières, à vouloir passer devant les autres, à devenir intolérants à la frustration, fut-elle inventée de toute pièce par un markéting habile. Et pour nous, en réaction, de ne cesser de revendiquer en retour -de la société, des autres comme de nous-même- le droit au maximum de consommation : de denrées, de biens, de plaisir, d’argent, de temps libre… d’heures de vol, d’altitude, de figures d’acro, de km parcourus en cross, etc. On est des grands malades de cette société qui nous pousse à la performance, il faut en être conscient. Nous avons tous le sentiment que parapente peut nous aider à nous en soigner – c’est surement vrai si nous ne nous l’administrons pas comme un analgésique pour reproduire en vol nos comportements aberrants de la vie quotidienne. Il en est comme de toutes les médecines puissantes : il faut connaître leurs effets secondaires, respecter les posologies et faire réaliser régulièrement des analyses par un tiers pour contrôler une situation qui peut évoluer à notre insu. D’où la conviction que la solution pour contenir l’inflation des terribles chiffres de l’accidentologie est d’abord communautaire = la formation, bien sûr, le recyclage des pilotes et des enseignants, la recherche en matière de sécurité passive et active (il y a à faire). Mais aussi et surtout enseigner et promouvoir la solidarité et la vigilance croisée, l’observation et la critique constructive sur les sites, l’analyse et des longs débriefings en commun des événements de vol. Cela commence par regarder si celui qui se prépare à côté de vous est bien accroché, même s’il affiche la panoplie complète du « cador ». Ou s’il a bien analysé la situation, si vous le voyez un instant hésitant. Et alors –oui et cela a été déjà exprimé ici- la meilleure décision de votre weekend de vol sera peut-être de replier ensemble vos voiles dans leur sac. Puis de redescendre avec lui en partageant sereinement vos expériences de vol. Le partage, toujours, pour l’exemple d’une décision raisonnée… et lutter ensemble contre la « conscience statistique » qui nous trompe! Titre: Re : La "CONSCIENCE STATISTIQUE" nous trompe ! Posté par: marcouf le 09 Août 2017 - 13:31:39 Tout est là,tout est dit! :pouce:
Titre: Re : La "CONSCIENCE STATISTIQUE" nous trompe ! Posté par: ottaflodna le 09 Août 2017 - 13:45:45 :+1:
Bravo. Et Merci. Titre: Re : La "CONSCIENCE STATISTIQUE" nous trompe ! Posté par: wowo le 09 Août 2017 - 18:18:01 karma+ Merci pour cette brillante et compréhensible explication et argumentation de la nocivité de ce que tu appelle "conscience statistique" et moi... inconscience, faute de mieux jusqu'alors et pour la simplicité du terme et de l'idée derrière.
Totalement d'accord avec toi, la solution à l'accidentalité (si elle existe) se trouvera dans une démarche communautaire visant un changement d'état d'esprit, de philosophie du vol libre. Le seul passage de ton texte qui me laisse dubitatif mais peut-être était ce de l'ironie puisque tu termines avec un point d'interrogation, est ; ... comme nous préparons toujours tous notre plan de vol, fut-il le plus modeste, et savons l’adapter en vol, n’est-ce pas ? Ce n'est vraiment pas le constat ou à minima l'impression que me laisse la majorité des pilotes rencontrés. Alors que oui, c'est ainsi que l'on devrait voler pour mettre le maximum de "chance" de notre côté de voler en sécurité. Un exemple qui souvent se répète lors de l'observation d'un terrain d'atterrissage ; approches et prises de terrain relèvent bien plus souvent de l'improvisation la plus totale que d'une construction réfléchie. Alors penser que les mêmes "pilotes" se seraient montré plus prévoyant avant ou même seulement pendant leur vol me semble un peu utopique. Bonne soirée, Titre: Re : Accidents et performance = Conscience statistique Vs Consc. raisonnée - L'X-Alps Posté par: jm galan le 09 Août 2017 - 23:53:44 Alors que l’on devrait nous enseigner le parapente comme une école de la connaissance de soi-même et de ses limites, et de l’art d’exercer son libre arbitre à… renoncer à temps quand c’est nécessaire, nous constatons que professionnels comme pratiquants passionnés continuent au contraire à prôner et médiatiser le parapente comme un exercice de dépassement de soi-même, de ses peurs et de ses renoncements (raisonnés ou pas). karma+ |